РусскийFrançaisEnglish
  
     
         
Blog

Défense chinoise et détroit de Taïwan – Point de situation au 31/03/2024

Les dossiers que nous suivons : La Chine en Indopacifique ; Défense chinoise et détroit de Taïwan ; Engagement de la Chine au Moyen-Orient ; Stratégie et tendances économiques chinoises…

Pensez à vous abonner pour avoir accès gratuitement au contenu complet !

NB : l’auteur en charge du thème de veille «Défense chinoise et détroit de Taïwan» changera bientôt d’identité – il ne s’agira plus d’Anna Balawender, mais d’Antoine Vernes, qui vient de rejoindre notre équipe et à qui nous souhaitons la bienvenue ! L’autrice précédente ouvrira la veille «Engagement de la Chine au Moyen-Orient», que les lecteurs sont invités découvrir sur notre site dans les prochaines semaines.

 

– Reprise de la coopération policière Chine – Îles Fidji

Le ministre de l’Intérieur des Îles Fidji, Pio Tikoduadua, a annoncé le 16 mars la reprise d’un accord de sécurité intérieure entre la Chine et son gouvernement. L’accord avait été mis en suspens en décembre 2022, peu après le dernier remaniement du gouvernement fidjien, qui avait alors justifié sa décision par des «différences entre les systèmes policiers, l’investigation et les systèmes légaux» des deux Etats.

Le ministre de l’Intérieur fidjien a précisé lors de son annonce que l’accord a été ramené à son régime «original», et que s’il prévoit la formation de policiers fidjiens en Chine, les policiers chinois ne seront pas enrôlés sur le territoire de l’archipel.

D’abord centrés sur le domaine économique et culturel, les efforts d’expansion d’influence chinois se déploient désormais dans le domaine sécuritaire (1). Cette perspective est particulièrement identifiable dans l’approche chinoise des Etats insulaires du Pacifique : conclusion d’un accord sécuritaire avec les Îles Salomon en avril 2022, présence de forces de police chinoises à Kiribati, discussion autour d’un accord de sécurité intérieure entre la Chine et la Papouasie-Nouvelle-Guinée… (pour plus de détails, voir notre brève du 29 février 2024).

Cette approche sécuritaire est assumée par les officiels chinois à l’image de  l’ambassadeur de Chine en Australie, Xiao Qian, s’exprimant après la rupture des relations diplomatiques de Nauru avec Taïwan. Réfutant la portée militariste de l’expansion chinoise, Xiao Qian a affirmé en janvier 2024 que les efforts diplomatiques chinois auprès des Etats insulaires du Pacifique ne relèvent «pas d’une stratégie de sécurité militaire, mais d’une stratégie d’aide au maintien de l’ordre dans leur pays pour assurer la stabilité sociale et l’ordre fondamental».

Les progrès de l’influence chinoise dans les Etats insulaires du Pacifique – parfois nourris par une forme de coercition politique ou économique – ont été, depuis le début d’année 2024, rendus visibles dans les discours comme dans les actes. Le président des Îles Salomon, tout d’abord, qui le 20 mars a réaffirmé son soutien à l’Etat chinois en vantant son mode de gouvernance et son modèle de développement. Il s’agit ensuite de la visite du président de Nauru à Pékin du 25 au 29 mars, affirmant son soutien au principe de la «Chine unique», au projet des Nouvelles routes de la soie et aux trois initiatives globales de 2022 (GSI, GDI et GCI) – trois éléments caractérisant une adhésion à la perspective chinoise de la géopolitique.

– Dénonciation d’actes de cyberespionnage par la Chine

Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande et l’Australie ont dénoncé, fin mars, des campagnes d’agression cyber par la Chine. Londres et Washington, tout d’abord, ont rapporté une campagne de cyberespionnage qui aurait touché des «millions» d’officiels, parlementaires, académiques et journalistes américains et britanniques.

Les efforts successifs de récupération de données auraient aussi ciblé les entreprises des deux Etats, notamment celles opérant dans les secteurs critiques tels que l’énergie et la défense. Selon Londres et Washington, ces fuites ont été orchestrées par un groupe de hackers opérant sous la direction du ministère chinois de la Sécurité d’Etat, baptisé «APT31».

Faisant écho aux accusations britanniques, la Nouvelle-Zélande a également déclaré attribuer des fuites organisées de données ciblant son Parlement en 2021 à la Chine. L’Australie, qui avait déjà dénoncé une infiltration de hackers chinois dans ses réseaux parlementaires en 2019, a soutenu les déclarations britanniques et néo-zélandaises.

La Chine, de son côté, a qualifié ces annonces de «pure manœuvre politique» et a exhorté les Etats-Unis à «cesser de politiser les questions de cybersécurité». Mais elle ne se contente pas de réfuter les accusations qui lui sont faites. Elle produit un discours dénonçant les opérations d’ingérence et de cyberespionnage étrangères, dont la visée est double : contrebalancer les accusations qui la ciblent, tout d’abord ; sensibiliser son propre public, ensuite.

L’objectif de cette sensibilisation est à la fois de perpétuer le climat de défiance vis-à-vis de l’étranger (avec les publications régulières du ministère de la Sécurité d’Etat sur les tentatives de retournement dont les ressortissants chinois peuvent être victimes) et notamment des Etats-Unis, mais aussi une manière d’imposer une perception du cyberespace. Sous couvert d’œuvrer à la sécurisation ce dernier, c’est bien une conception politisée de la gestion des données qui s’exprime – une conception qui, comme sur d’autres plans, s’oppose à celle portée par l’Occident, qui a une vision à la fois plus libérale et plus restrictive de la collecte et de l’exploitation des données.

(1) Une orientation consacrée avec l’introduction de l’Initiative globale de sécurité (GSI) dans la politique extérieure chinoise en avril 2022, en complément de l’Initiative globale pour le développement (GDI) et l’Initiative globale pour la civilisation (GCI). A l’occasion d’une rencontre avec son homologue australien, le ministre chinois de la Sécurité publique, Wang Xiaohong, a réitéré l’importance de la GDI dans les relations entre Pékin et Canberra. Cette rencontre s’est tenue le 19 mars, à Pékin, en marge du 7ème dialogue stratégique sino-australien.

Previous Article

Les ingérences étrangères dans les élections européennes – Point de situation au 29/03/2024

Next Article

Trafic de drogues international – point de situation au 01/04/2024