Les dossiers que nous suivons : Politique intérieure iranienne, Politique étrangère iranienne, Sécurité intérieure iranienne
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A la suite de l’accident d’hélicoptère mortel subi par le président Ebrahim Raïssi en mai 2024 lors d’un déplacement dans la région de l’Est-Azerbaïdjan iranien, de nouvelles élections présidentielles ont eu lieu entre le 28 juin et le 5 juillet.
Parmi les candidats sérieux pour succéder à Ebrahim Raïssi, la majorité d’entre eux faisaient partie du camps des conservateurs ou principalistes, favorables à une application plus stricte des principes idéologiques adoptées par la république islamique depuis 1979, et proches de la vision politico-religieuse de l’Ayatollah. C’est le cas du candidat Saïd Jalili, ancien représentant du Guide Suprême au sein du Conseil suprême de sécurité nationale, qui a atteint le second tour avec 40,35% des voix. Cette famille politique est largement représentée au sein des institutions iraniennes.
Cependant, c’est l’unique candidat réformateur Masoud Pezeshkian qui a finalement remporté l’élection lors du second tour, avec un total de 53,7% des voix. Ancien chirurgien cardiaque de 69 ans, Pezeshkian avait occupé le poste de ministre de la Santé sous le deuxième mandat du président Mohammad Khatami entre 2001 et 2005. Il avait ensuite été membre de l’Assemblée consultative islamique, institution parlementaire, en tant que député de la ville de Tabriz.
Issu d’une famille multiculturelle avec un père azéri et une mère kurde, l’ancien député soutient la défense des minorités au sein du pays face aux discriminations. Encore plus notable dans le contexte politique sulfureux actuel, le nouveau président a condamné publiquement les répressions lors des révoltes iraniennes à partir de l’année 2022 et la mort de Mahsa Amini. Enfin, concernant la politique extérieure prônée par le nouvel élu, Pezeshkian promeut la reprise d’un dialogue avec Washington afin d’alléger les sanctions économiques mise en place contre l’Iran. Ce sujet s’avère être d’une grande importance, à l’heure où la crise économique touche fortement le pays. A ce titre, le ministre des Affaires Etrangères Ali Bagheri-Kani a déclaré lors d’une déclaration au Conseil de Sécurité des Nations Unies : « Son Excellence, le Dr. Pezeshkian, le président élu, a récemment exposé sa principale stratégie de politique étrangère, qui vise à ouvrir de nouveaux horizons et à favoriser des relations amicales avec d’autres nations sur la base du dialogue, de la coopération, de l’égalité et du respect mutuel. » Ces positions sont traduites par une partie des médias occidentaux comme un signe d’espoir, à la fois pour assainir les relations de la République Islamique avec les autres Etats membres, mais aussi pour assouplir le système répressif de Téhéran en interne à l’encontre des opposants politiques et des voix réformatrices.
Cependant, dans le système actuel où le Guide Suprême conserve la majorité du pouvoir en terme de politique extérieure, et où le Conseil des Gardiens de la révolution contrôle d’une main de fer l’application de celui-ci, les progrès espérés par optimisme doivent être nuancés. Les candidats aux élections présidentielles sont notamment filtrés et approuvés par le Conseil des Gardiens de la Révolution avant les élections, ce qui implique qu’un candidat présenté comme réformateur l’est dans une certaine limite, c’est-à-dire celle tolérée par la République Islamique. D’ailleurs, les positions jugées plus souples de Masoud Pezeshkian sont à contrebalancer avec son historique politique. A titre d’exemple, le journal Iran International affirme que le nouveau président est un défenseur farouche du port du Hijab obligatoire pour les femmes, position défendue par de nombreux votes en tant que député au sein de l’Assemblée. Les concepts classiques de “réformateurs” et “conservateurs” utilisés dans les pays occidentaux présentent des limites évidentes dans un système théocratique islamique, et ne suffisent pas à illustrer les positions de chaque candidat ou leur place sur l’échiquier politique national.
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