Equipe de veille Union européenne : Florent Guichard, Audrey Moisan, Yanis Kourrad, Antoine Bézier, Etienne Mathieu
02/11/2022 : Varsovie signe avec Washington pour la construction de sa première centrale nucléaire au détriment de Paris. -Yanis Kourrad-
Après avoir été officiellement annoncé par un tweet du ministre polonais, le 28 octobre dernier, la Pologne vient, après son conseil des ministres de ce 2 novembre, d’officialiser un accord avec la société américaine Westinghouse pour la construction de sa première centrale nucléaire.
Effectivement, le contexte de guerre en Ukraine a relancé l’urgence pour la Pologne d’assurer sa sécurité et son approvisionnement énergétique en misant sur le développement de la filière nucléaire. Ainsi, les réunions du gouvernement polonais, cette semaine, ont été animé par le choix à faire sur la compagnie qui chapeautera la construction de cette centrale au large de Choczewo. Trois sociétés étaient alors en licence : le fleuron français EDF, la société sud-coréenne KHNP et la société américaine Westinghouse. En privilégiant le partenaire américain, la Pologne réaffirme ses relations privilégiées avec Washington qui se sont trouvées renforcées depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie comme en témoigne l’augmentation de la présence militaire américaine en Pologne.
Critiquée, cette décision s’est avérée d’autant plus douloureuse pour l’Union européenne lorsque celle-ci a appris que des pourparlers avec le partenaire sud-coréen étaient en cours, laissant de côté la France et, plus largement, un partenaire européen.
02/11/2022 : La Gauche de Mette Frederiksen ressort majoritaire au Parlement danois. -Audrey Moisan-
En ce premier novembre, les Danois ont été appelés aux urnes, suite à une demande effectuée par la première ministre la semaine passée. En effet, suite à un rapport très critique sur la gestion de la production de fourrure durant la pandémie sous le gouvernement de Mette Frederiksen, le parti au pouvoir s’est vu forcé de mettre en place des élections anticipées (BBC, Courrier International, Euronews)
Celles-ci, suite à un scrutin serré, sont ressorties avec une majorité à un siège pour le parti Social-Démocrate de la première ministre. Elle s’assure ainsi de justesse les 90 sièges qui lui permettent de former un gouvernement, d’après les informations relayées par la BBC. Le parti remporte notamment les 3 sièges du Groenland et des îles Féroé, territoire votant traditionnellement à gauche, qui lui ont permis de faire pencher la balance en sa faveur.
Notons par ailleurs que les Danois comptent parmi les citoyens les plus actifs démocratiquement, avec une participation aux élections allant de 80 à 90% (service presse de l’ambassade du Danemark en France), ce qui permet une représentation plus générale de l’opinion publique lors des scrutins.
Par ailleurs, selon Euronews citant Mette Frederiksen, cette victoire du parti social-démocrate marque un retour en force de celui-ci, auquel un tel soutien n’avait pas été accordé depuis une vingtaine d’années. Cependant, la coalition de gauche mise en place soulève une question sur la façon dont le gouvernement Frederiksen va composer prochainement.
03/11/2022 : Première visite de Giorgia Meloni à Bruxelles. -Antoine Bézier-
La nouvelle Première ministre italienne Giorgia Meloni effectuait sa première visite à Bruxelles ce 3 novembre. Elle a rencontré successivement la présidente du Parlement européen Roberta Metsola, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, et le président du Conseil européen Charles Michel. Dans un tweet, Ursula von der Leyen s’est félicitée du «signal fort» que constituait cette visite: «Ce fut une bonne occasion d’échanger sur des sujets cruciaux ». Giorgia Meloni a tenu à rassurer les dirigeants de l’UE quant au soutien de l’Italie à ses principales politiques et veut, comme rapporté par l’agence de presse Reuters, «donner le signal d’une Italie qui veut, de manière manifeste, participer, collaborer et défendre ses intérêts nationaux, en le faisant dans le cadre de la dimension européenne, en recherchant les meilleures solutions avec les autres pays. » Comme souligné par Euractiv, elle a salué les mesures prises en matière de politique énergétique lors du Conseil européen d’octobre, et a indiqué discuter des modalités de mise en œuvre du plan de relance italien, qu’elle avait pourtant promis de renégocier pendant la campagne électorale. La femme politique italienne a affiché son soutien à l’action de l’UE quant à la guerre russo-ukrainienne, ce que n’a pas manqué de relever Roberta Metsola : « Nous sommes totalement alignés sur la question de l’Ukraine. Nous continuerons à rester fermes sur les sanctions. » (Reuters). La Première ministre Italienne a également tenu à aborder le sujet de l’immigration, un de ses thèmes de prédilection, et les propos suivants ont été rapportés par RFI : «Nous avons bien sûr parlé des flux migratoires et de la demande italienne d’un changement (…) en vertu duquel la priorité, déjà prévue dans les normes européennes, est la défense des frontières extérieures».
04/11/2022 : Le déplacement du chancelier Olaf Scholz en Chine divise l’Union. -Florent Guichard-
Le chancelier allemand a été le premier dirigeant de l’Union Européenne reçu en Chine depuis le début de la pandémie en ce vendredi 04 Novembre. Comme l’a souligné l’agence de presse Reuters, en amont de son déplacement, Olaf Scholz a indiqué que celui-ci aurait pour objectif d’aborder les sujets des relations sino-européennes, de la lutte contre le changement climatique et du développement des liens économiques entre l’Allemagne et la Chine. Selon Mediapart, en milieu de matinée ce vendredi, Olaf Scholz aurait en effet demandé à son homologue chinois des relations commerciales plus équitables ainsi que de faire jouer de son influence sur la Russie pour apaiser la situation en Ukraine.
Notons cependant, que comme l’ont rappelé de nombreux médias européens (Euronews, le Monde, Courrier international), ce déplacement a lieu alors même que le 26 octobre dernier une vive polémique a déjà secoué la chancellerie et l’Union Européenne à la suite de l’autorisation par le cabinet allemand de la vente d’une part de 24,9% d’un terminal du port de Hambourg à la Chine. Instantanément, la divulgation de cette information a entraîné une levée de bouclier contre le projet ainsi qu’un vaste questionnement au sein de l’Union concernant la dépendance allemande vis-à-vis de la Chine.
Il semblerait que l’Union Européenne qui cherchait à adopter une position commune sur l’énergie ; tentait d’être de plus en plus indépendante de la Chine et était déjà contrariée vis-à-vis de la position chinoise concernant Taïwan, soit de plus en plus crispée face à l’attitude allemande.