Equipe de veille géopolitique sud-Caucase : Séverine Ly et Morgan Caillet
21-27/01/2023 : Point humanitaire et sécuritaire au Karabakh et dans le corridor de Latchin – Morgan Caillet
Au 27 janvier, les manifestations écologistes pro-gouvernementales azerbaïdjanaises ont atteint leur 47ème jour de mobilisation consécutif, permettant toujours et néanmoins, selon plusieurs médias locaux (Report.az, APA.az, Trendnews.az), le passage des véhicules des casques bleus russes (55 le 23 janvier; 57 le 24 janvier, 61 le 25 janvier, 43 le 26 janvier, et 46 le 27 janvier) et du CICR (10 le 23 janvier et 6 le 27 janvier).
Selon le «ministère de la Santé du Haut-Karabakh», 6 patients ont été évacués vers l’Arménie le 21 janvier et 4 le 23 janvier. Le «ministre de la Santé» a établit le bilan suivant à l’ «Assemblée nationale» le 23 janvier : décès d’un patient faute de possibilité de transfert vers l’Arménie, pénuries de couches et de produits d’hygiène féminine. Le bulletin du «Centre d’Information de l’Artsakh» a dénoncé dès le 21 janvier la rupture de l’approvisionnement en gaz par la partie azerbaïdjanaise «dans des conditions d’un froid glacial (-5°C)» informant : «l’approvisionnement de l’Artsakh en électricité s’effectue depuis des sources internes limitées, avec 6 heures de coupure journalière de courant électrique». Au 27 janvier, il informait du rétablissement partiel de la fourniture en gaz, de la livraison de bois à 135 habitants, de l’impossibilité pour 515 personnes de recevoir une intervention chirurgicale, de la perte d’emploi pour 4700 personnes et du manque à gagner de 18400 tonnes de produits de première nécessité depuis le début des manifestations le 12 décembre dernier.
Le «ministère des Affaires étrangères du Haut-Karabakh» a dénoncé dans une déclaration du 24 janvier le fait que «les autorités azerbaïdjanaises [auraient] récemment eu de plus en plus recours à une interprétation arbitraire du paragraphe 6 de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020, concernant le fonctionnement du corridor de Latchin» expliquant: «pendant toute la période des 43 jours de blocus, moins de véhicules ont traversé le corridor de Latchin que le flux de trafic quotidien pendant la période pré-blocus. Tous ces véhicules appartenaient soit au CICR, soit aux casques bleus russes. Pas un seul véhicule appartenant aux habitants de l’Artsakh n’a traversé le couloir. […] l’importation de biens de consommation, s’élevant à plus de 400 tonnes par jour, a été complètement stoppée. […] Dans le même temps, en plus du blocus terrestre de l’Artsakh, l’Azerbaïdjan a imposé un blocus énergétique pour aggraver encore la situation humanitaire. L’Azerbaïdjan continue d’entraver délibérément l’approvisionnement en gaz naturel de l’Artsakh, ainsi que la réparation de la seule ligne électrique à haute tension Goris-Stepanakert en provenance d’Arménie, qui a été endommagée le 9 janvier, dans une zone sous contrôle azerbaïdjanais. […] La déclaration trilatérale ne prévoit aucune restriction au transport de marchandises en ce qui concerne leur nature, leur destination ou leur utilisation».
Le ministère des Affaires étrangères azerbaïdjanais a annoncé par voie de communiqué de presse avoir déposé un mémoire auprès de la Cour Européenne de Justice le 23 janvier en déclarant : «Sur la base des nombreux éléments de preuve présentés, l’Azerbaïdjan a demandé à la Cour de déclarer l’Arménie responsable de violations massives du droits de l’homme des Azerbaïdjanais. En particulier, l’Azerbaïdjan a demandé à la Cour de déclarer le gouvernement arménien responsable de nettoyage ethnique, notamment par le biais d’homicides illégaux, de tortures, de destructions et de dépossessions ; effacement culturel; la promotion de la haine contre les Azerbaïdjanais ; l’incapacité à promouvoir la tolérance envers les Azerbaïdjanais au sein de la population arménienne ; et le parrainage par l’État de groupes haineux armés en Arménie. L’Azerbaïdjan a également demandé à la Cour d’exhorter l’Arménie à respecter ses obligations de divulguer toutes les informations sur les Azerbaïdjanais portés disparus, de restituer aux Azerbaïdjanais tous les biens et terres illégalement confisqués, de cesser d’encourager la haine et le soutien de l’État aux groupes armés haineux, et enfin de s’excuser et d’assumer la responsabilité de trente ans de violations des droits de l’homme».
Ce ministère a également réagi dans une déclaration du 25 janvier à la déclaration du Fond des Nations Unies pour la Population (FNUP) du 24 janvier selon lesquelles : «la liberté et la sécurité de mouvement le long du corridor sont essentielles pour garantir un accès continu aux fournitures et services essentiels de santé sexuelle et reproductive, et pour garantir que les femmes puissent accoucher en toute sécurité» en la qualifiant de «partiale, trompeuse, hors mandat […] surprenante et regrettable» et en rappelant : «Depuis le début des manifestations, plus de 1 000 véhicules empruntant la route ont fourni aux habitants des biens essentiels, des fournitures médicales et les services médicaux nécessaires. Le Gouvernement azerbaïdjanais a également déclaré à plusieurs reprises qu’il était prêt à répondre rapidement à tous les besoins humanitaires dont pourraient avoir besoin les résidents arméniens».
23/01/2023 : Le Conseil de l’Union Européenne s’accorde sur le déploiement d’une mission civile d’observation en Arménie : Réponse de la Russie – Morgan Caillet
Le 23 janvier, le Conseil de l’Union européenne a décidé, selon son communiqué de presse, de l’établissement d’une mission civile de l’Union européenne en Arménie (EUMA) dans le cadre de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC) afin de «contribuer à la stabilité dans les zones frontalières de l’Arménie, de renforcer la confiance sur le terrain et d’assurer un environnement propice aux efforts de normalisation entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan soutenus par l’UE». Celle-ci devrait effectuer «des patrouilles de routine» et rendre compte de la situation mais également contribuer «aux, efforts de médiation dans le cadre du processus mené par le président du Conseil européen Charles Michel».
Cette mission aurait un mandat de deux ans et un siège opérationnel en Arménie, dirigé par Stefano Tomat, directeur général du de la capacité civile de planification et de conduite (CPCC) du Service Européen de l’Action Extérieure, et
Vous devez souscrire à un abonnement EurasiaPeace pour avoir accès au contenu - Prendre votre abonnement