La situation internationale actuelle rend plus que jamais indispensable la nécessité d’analyser et de comprendre les comportements des différents acteurs politiques, économiques et culturels au sein de la société ouzbèke contemporaine en pleine effervescence et mutation. Ce contexte nous offre la possibilité d’envisager l’évolution de son rôle et de son influence sur la scène internationale. Par ailleurs, il s’avère que ce pays constitue bien plus qu’un simple carrefour géographique au croisement de plusieurs pôles géopolitiques : la Chine, la Russie ou encore l’Iran et l’Inde. En effet, il s’agit d’un territoire au sein duquel sont confrontés des rivalités et des enjeux pluriels, que les tensions et le nouveau laboratoire politique ayant émergé à l’issue de l’élection du président réformateur, Shavkat Miromonovitch Mirziyoyev, ont mis en exergue.
Les circonstances de développement de l’Ouzbékistan liées aux bouleversements géopolitiques de l’espace eurasiatique.
L’Ouzbékistan est aujourd’hui un vaste espace charnière en plein bouleversement politique, économique, social et spatial qui revendique un rôle d’axe géographique au cœur de la mondialisation et qui établit de nouvelles normes de relations bilatérales. La question qui se pose actuellement, dans ce contexte de fortes tensions et de rivalités de pouvoir au sein de l’espace eurasiatique, est celle de la réévaluation des paradigmes de la politique multilatérale menée par le président Mirziyoyev depuis 2017.
Peuplé d’au moins 36 millions d’habitants, l’Ouzbékistan rassemble presque la moitié de la population totale de l’Asie centrale et constitue la seconde économie de la région, derrière le Kazakhstan. Le pays a connu une période de transition politique à la suite du décès le 2 septembre 2016 de son ancien président, Islom Karimov, à la tête de l’État depuis l’indépendance du pays lors de la dislocation de l’Union soviétique en 1991. En effet, le gouvernement Karimov avait instauré un régime autoritaire[1] où les formes d’opposition et de dissidence étaient contrôlées et sévèrement réprimées. L’élection de l’ancien Premier ministre, Shavkat Mirziyoyev, a ouvert la voie à la mise en œuvre de nombreuses réformes politiques et économiques. Parmi les principales mesures phares annoncées, la libre convertibilité de la monnaie locale (le soum), en vigueur depuis septembre 2017, l’expansion du potentiel d’exportation, l’intensification du commerce extérieur, le renforcement de la stabilité macroéconomique, la réforme fiscale, la simplification des visas et la réorganisation des ministères.
L’économie ouzbèke repose essentiellement sur l’exploitation des matières premières. La grande majorité des exportations concernent principalement l’extraction de gaz naturel et des métaux tels que l’or, l’uranium et le cuivre, ainsi que la culture du coton et des engrais. Ces exploitations représentent au moins les 3⁄4 des exportations du pays. Les réformes économiques toujours en cours permettent aussi de favoriser les investissements privés[2], avec l’appui de bailleurs internationaux. Par ailleurs, malgré la chute des échanges commerciaux et l’effet des mesures de lutte contre l’épidémie de Covid-19 ayant provoqué la baisse des cours des hydrocarbures, ainsi que la diminution des flux touristiques, l’Ouzbékistan a ainsi été l’un des rares pays au monde à éviter la récession en 2020 avec une croissance du PIB de 1,7%, selon le Fonds Monétaires International (FMI).
De la CEI à l’OCS : les contours d’une stratégie polymorphe d’intégration régionale.
Membre fondateur de la Communauté des États indépendants (CEI) en 1991, le pays a reçu le statut d’observateur auprès de l’Union économique eurasiatique (UEE) le 11 décembre 2020. Toutefois, il s’est retiré de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) à deux reprises, en 1999 et en 2012, après l’avoir réintégrée en 2006. À cet égard, la coopération multilatérale
Vous devez souscrire à un abonnement EurasiaPeace pour avoir accès au contenu - Prendre votre abonnement