01/11/2022 : Hong-Kong peine à convaincre les PDG du monde entier d’investir dans la région. -Thomas Taochy-
«Hong-Kong est de retour». Tels étaient les mots du chef de l’exécutif de Hong-Kong John Lee Ka-chou à l’occasion d’un sommet économique s’étant déroulé entre le 1 et 3 novembre. Ce dernier voulait marquer le retour de la région dans le domaine commercial après l’abaissement des restrictions liées au COVID-19 devant ainsi pousser les PDG à investir dans le marché hongkongais.
La réaction générale fut cependant décevante pour Hong-Kong et John Lee Ka-chou a déploré l’absence de 3 grands banquiers malgré la présence de 200 personnes : la PDG de Citigroup Jane Fraser, le président de Blackstone John Gray et le PDG de Barclays C. S. Venkatakrishnan. Beaucoup d’investisseurs sont, en effet, hésitants dû à la situation économique difficile que traverse Hong-Kong. Selon le média SCMP, la région a subi une récession avec une réduction de son économie de 4,5 % au troisième trimestre comparé à l’année précédente. Cela pousse des grands acteurs comme la banque HSBC à relever leur taux préférentiel de 25 points.
Néanmoins, John Lee Ka-chou a insisté sur le fait que Hong-Kong est un espace «plein de vigueur et d’énergie». Ainsi, le gouverneur de la Banque Populaire de Chine Yi Gang et d’autres PDG de banques chinoises ont participé au sommet confirmant de ce fait la promesse du président Xi Jinping d’un «soutien total à Hong-Kong pour développer son économie». Par ailleurs, Hong-Kong s’est dit prête pour une coopération économique régionale dans le cadre de l’ANASE, considéré par John Lee Ka-chou comme «le plus grand pacte de libre-échange au monde».
01/11/2022 : Malgré de fortes turbulences politiques, le Pakistan pourrait-il faire appel à l’amitié sino-pakistanaise pour sortir de sa crise économique ? -Ines Eugène-
«La Chine et le Pakistan sont bons amis, bons partenaires et bons frères» affirmait Xi Jingping lors de la venue du premier ministre pakistanais à Pékin, selon le site du Ministère des Affaires étrangères de la République populaire de Chine. En effet, le premier novembre, Shehbaz Sharif, a entrepris un voyage de deux jours à Pékin. Il souhaitait obtenir plus d’argent pour aider son pays qui fait face à une inflation de plus de 20% et à une dépréciation de sa monnaie à la suite des inondations qui ont ravagé le pays et ont impacté plus de 33 millions de pakistanais.
Depuis son entrée en fonction, Sharif a donné la priorité à la relance du corridor économique sino-pakistanais estimé à 62 milliards de dollars américains. Cette fois-ci, le Pakistan espère une aide financière chinoise importante notamment pour des projets de transports en commun et de production d’électricité.
Cependant, cette aide est remise en cause par l’instabilité politique frappant le Pakistan. Premièrement, la Chine récuse de nombreux attentats sur ses employés au Pakistan dont ce dernier n’a pu assurer la sécurité. De l’autre, depuis les élections pakistanaises d’avril qui ont porté au pouvoir S. Sharif, l’ancien premier ministre Imran Khan a lancé une marche de protestation vers Islamabad pour provoquer des élections anticipées. La Chine craint qu’elle ne dégénère en violence déstabilisatrice – ce qui est arrivé avec la tentative d’homicide du 3 novembre sur Imran Khan. Ainsi, malgré l’amitié témoignée par le pouvoir chinois à Shehbaz Sharif, la remise en cause de sa légitimité et les turbulences politiques du Pakistan depuis 2017 ont rendu la Chine moins encline à investir à long terme dans le pays.
02/11/2022 : Pékin rassuré par Hanoï face à la «menace» occidentale – Vadim Leduc Argenta –
Alors que les relations entre la Chine et l’Occident se font de plus en plus tendues, Pékin a confirmé le 2 novembre dernier ses relations bilatérales et pacifiques avec Hanoï. Au terme d’une visite de 4 jours en Chine, Nguyen Phu Trong, le chef du parti communiste Vietnamien, a assuré à Pékin sa volonté de conforter les relations sino-vietnamiennes, rassurant notamment le président chinois Xi Jinping au sujet de la présence de bases militaires étrangères au Vietnam. M. Nguyen a déclaré que son gouvernement cherchait à travailler avec Pékin pour maintenir la paix et la stabilité, tout en évitant les conflits maritimes «affectant le développement global des relations entre les deux pays». En effet, les deux parties se disputent certains territoires maritimes comme les îles Spratleys situées en Mer de Chine méridionale.
Selon le compte rendu de la rencontre fourni par la Chine, Nguyen Phu Trong aurait déclaré que le Vietnam n’accueillerait aucune base militaire étrangère. Cependant, le Vietnam a aussi exprimé son intention de ne pas s’«allier à un pays contre un autre». Cette prise de position maintient donc Hanoï dans une logique de neutralité face à l’influence de Pékin et de Washington. Ainsi, selon l’ancien instructeur et analyste de l’Armée populaire de libération (de Chine) Song Zhongping, «Hanoi évite le genre de sélection latérale qui s’est produite pendant la guerre froide». Plus précisément, le Global Times souligne que cette rencontre donne le ton pour les relations sino-vietnamiennes, alors que le monde est confronté à une concurrence sans précédent entre grandes puissances.
02/11/2022 : Les États-Unis et la Chine poursuivent leurs efforts en vue de l’organisation d’une rencontre entre les deux dirigeants. -Thomas Taochy-
Les gouvernements américains et chinois travaillent activement depuis le 2 novembre pour mettre en place un sommet en personne entre les deux présidents. Comme l’a expliqué le porte-parole du Conseil de sécurité nationale John Kirby : «Nos deux équipes travaillent encore sur les modalités d’une éventuelle rencontre entre [Joe Biden et Xi Jinping]».
Ces efforts entrent dans le cadre des prochaines élections de mi-mandat alors que de plus en plus d’Américains ont une opinion négative de la Chine, et que les sénateurs et les membres du Congrès ont demandé au gouvernement une politique plus dure vis-à-vis de Beijing.
La relation sino-américaine ne cesse d’ailleurs de se détériorer. Le 3 novembre encore, le ministre des affaires étrangères chinois Wang Yi appelait les nations à «résister conjointement à l’abus dans l’arbitrage» dont fait preuve Washington sur les questions de conflits maritimes. Aussi, l’ambassadeur chinois aux États-Unis Qin Gang, qui avait rédigé une note le mois dernier qualifiant le sénateur d’extrême droite Josh Hawley «d’arrogant et méprisable, faisant partie d’un programme politique pernicieux conduisant les États-Unis sur une mauvaise et dangereuse voie», fait partie des candidats au poste du prochain ministre des Affaires étrangères chinoises selon le média SCMP.
03/11/2022 : Les tensions sino-américaines poussent Taiwan à revoir sa stratégie de production -Anna Balawender-
Les tensions entre Pékin et Washington ont atteint de nouveaux sommets ces derniers mois, et Taiwan craint d’en faire les frais. Depuis octobre, le gouvernement Biden enchaîne les sanctions contre les entreprises chinoises dans le secteur de la technologie, impactant également les usines taiwanaises implantées sur le territoire chinois.
Taipei a autorisé ses entreprises à investir près de 933 millions de dollars américains (USD) aux Etats-Unis en 2022, et TSMC, la fonderie possédant le plus haut niveau de précision pour la fabrication de puces au monde, possède déjà usines d’assemblage sur son sol. A titre de comparaison, le montant d’investissement consenti par le gouvernement en Chine s’élève à 70 millions USD pour 2022, mais l’investissement réel n’a atteint que 29,5 millions USD en octobre.
Néanmoins, les coûts de production aux Etats-Unis sont bien plus élevés qu’en Chine ; les autorités et entrepreneurs taiwanais réfléchissent donc à un «plan B», selon les mots de John Eastwood cité par le South China Morning Post. Et l’alternative la plus plausible pour le moment se trouve être un rival historique de la Chine : l’Inde.
Le 9 octobre, le représentant de Taiwan à New Dehli Baushuan Ger avait annoncé que l’accord de libre échange indo-taiwanais était en passe d’être finalisé, tout en affirmant que Taiwan était prêt à partager son expertise technologique avec son partenaire indien. Outre des coûts de production attrayants et un marché domestique vaste, Estela Chen, officielle taiwanaise également en poste à New Dehli, explique l’engouement taiwanais par l’amélioration qualitative des chaînes de production indiennes.
Le rapprochement économique a été consacré par la signature d’un protocole d’accord le 4 novembre entre la Chambre du commerce indienne et une délégation taiwanaise. The Hindu indique que l’accord se concentre sur la haute technologie visant à améliorer la productivité énergétique, l’économie d’énergie, et la gestion des déchets des industries basées en Inde.
04/11/2022 : La Chine et la Tanzanie signent un accord en 15 points durant une visite présidentielle. -Thomas Taochy-
La présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan s’est rendue en Chine le 4 novembre dans le but de ratifier un nouvel accord avec son homologue Xi Jinping. Il s’agit de la première visite d’un dirigeant africain depuis le dernier congrès du Parti (qui a vu Xi Jinping reconduit pour un troisième mandat en tant que président chinois).
L’accord passé entre Dar-es Salam et Pékin s’élève à plusieurs millions de dollars. Décliné en 15 points, il inclut entre autres un projet de modernisation de la ligne ferroviaire Tazara reliant la Tanzanie à la Zambie. Déjà financée par la Chine il y a 50 ans, cette voie ferrée est encore aujourd’hui son plus grand projet d’aide étrangère selon le média SCMP.
L’accord permet également une annulation de la dette contractée par la Tanzanie s’élevant à un peu plus de 13 millions de dollars et donne un accès privilégié au marché chinois pour les produits tanzaniens avec un abaissement des taxes douanières à la hauteur de 98 % selon le site officiel du ministère des Affaires étrangères chinois.
La Tanzanie a par ailleurs exprimé son soutien envers la Chine au regard de la question de Taiwan. Enfin, dans la perspective de faire perdurer davantage la relation entre les deux pays Xi Jinping aurait déclaré : «La Chine soutient fermement la Tanzanie dans la sauvegarde de sa souveraineté, de sa sécurité et de ses intérêts de développement, et soutient fermement la Tanzanie dans l’exploration d’une voie de développement adaptée à ses conditions nationales».
04/11/2022 : Le chancelier allemand Olaf Scholz en déplacement à Pékin -Anna Balawender-
Le 4 novembre, le chancelier allemand Olaf Scholz a rencontré Xi Jinping à Pékin. Le journal Le Monde rappelle que M. Scholz est le premier dirigeant de l’Union européenne à rendre visite au dirigeant chinois depuis le début de la pandémie, mais aussi depuis la reconduction de son troisième mandat en tant que chef du Parti communiste chinois et président de la RPC. Cette visite du chancelier à Pékin a suscité la controverse parmi les partenaires européens de Berlin, qui lui reproche de vouloir faire cavalier seul, dans un contexte où la solidarité européenne est mise à l’épreuve par la guerre en Ukraine.
«Il est dans l’intérêt [de la Chine] de nous diviser, il devrait être dans notre intérêt de rester unis», a affirmé Première ministre estonienne Kaja Kallas. Durant la réunion de travail portant sur la relation de l’Union européenne avec la Chine, les représentants européens avaient d’ailleurs réaffirmé leur qualification de la puissance chinoise en tant que «partenaire, concurrente, et rivale systémique», rappelle le South China Morning Post.
Le chancelier Scholz, rappelle le journaliste Pierre Haski sur France Inter, fait face à un dilemme : d’une part, il est l’héritier de la politique conciliatrice de sa prédécesseuse, Angela Merkel, qui a rencontré Xi Jinping à plusieurs reprises. D’autre part, il doit composer avec ses partenaires de l’Union européenne qui semblent ne plus vouloir faire de concessions avec les puissances autoritaires. Tentant de trouver un juste milieu, M. Scholz a indiqué qu’il ne manquerait pas d’abord «tous les sujets sensibles», du dossier ouïghours aux problématiques liées au climat, aux dettes nationales et à la compétition équitable entre entreprises chinoises et européennes.
Pékin, de son côté, a semblé se réjouir du choix du chancelier, célébrant son arrivée par l’annonce d’un contrat de 17 milliards $ passé avec Airbus. L’entreprise aéronautique a précisé dans la foulée que l’annonce d’achat de 132 A320 et 8 A350 par la firme chinoise CASC datait en réalité de plusieurs semaines (juillet 2022) voire plusieurs années (2019), rapporte Reuters. Un contrat dont on ne pourra nier la nouveauté, toutefois, est celui passé par l’Allemagne avec l’entreprise Cosco, détenue par le gouvernement chinois. Ce contrat permet à Cosco de détenir 24,9% de part dans l’un des terminaux du port d’Hambourg, explique le China Digital Times. C’est une part plus modeste que les 35% initialement envisagés par Berlin, qui a réduit ses prévisions suite aux pressions de ses partenaires européens et étatsunien.