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VEILLE EUROPE DE L’EST – du 12 février au 18 février 2022

Equipe de Veille Europe de l’Est : Olga Chekhurska, Khava Doudoucheva, Victor Martin,  supervisée par Clélia Frouté

14/02/2022 : Le département d’Etat américain demande à ses ressortissants de quitter plusieurs territoires d’Europe de l’Est – Victor Martin –

Le 14 février, le département d’Etat américain a demandé à ses ressortissants de quitter de toute urgence la Biélorussie et la Transnistrie, région sécessionniste de l’est de la Moldavie, et leur a demandé de ne pas se rendre en Moldavie. Ces décisions sont d’abord justifiées par la crise sanitaire qui touche violemment ces territoires, mais également et surtout par “l’activité inhabituelle et préoccupante de l’armée russe autour de l’Ukraine”. Dans le cas de la Moldavie, le conflit gelé en Transnistrie a  également été évoqué.

Les alertes du département d’Etat soulignent l’incapacité des Etats-Unis à venir en aide à leurs ressortissants dans ces territoires, à cause de l’interdiction faite aux représentants américains de se rendre en Transnistrie et du manque du personnel américain  sur place mais aussi  de “l’application arbitraire de la loi” d’après le département d’Etat américain en Biélorussie.

Par ailleurs, 17 pays ont appelé leurs concitoyens à quitter l’Ukraine : Etats-Unis, Grande-Bretagne, Australie, Belgique, Grèce, Israël, Canada, Lettonie, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Norvège, Macédoine du nord, Finlande, Monténégro, Estonie, Japon et  Corée du Sud. 

14-15/02/2022 : Le chancelier allemand Olaf Scholz en visite à Kiev et à Moscou. – Olga Chekhurska –

Le 14 février, le chancelier allemand Olaf Scholz s’est rendu à Kiev pour rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky afin de poursuivre les négociations diplomatiques et montrer la solidarité de Berlin avec Kiev. Avant sa visite, Olaf Scholz a déclaré qu’il attendait “de toute urgence des signes de désescalade de Moscou”. “Une nouvelle agression militaire entraînera des conséquences très graves pour la Russie “ a-t-il ajouté. Lors d’une conférence de presse commune avec Volodymyr Zelensky, Olaf Scholz a appelé à “des négociations directes entre Kiev et Moscou” et a déclaré que “l’objectif commun est d’éviter l’escalade”. Avant sa rencontre avec le président russe Vladimir Poutine à Moscou le 15 février, le chancelier allemand a assuré qu’il était prêt à imposer de sérieuses sanctions contre la Russie si elle violait à nouveau l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Tant à Kiev qu’à Moscou, le chancelier allemand s’est dit “vivement préoccupé” par le “déploiement de troupes russes” à la frontière avec l’Ukraine et a exhorté la Russie à prendre “des mesures claires pour désamorcer les tensions actuelles”. Il a assuré également que la France et l’Allemagne tentaient de trouver une solution diplomatique à la “situation difficile” et avaient donc intensifié leurs efforts pour une nouvelle série de pourparlers entre les conseillers des dirigeants des quatre pays au format Normandie.

Selon certains médias ukrainiens et russes, lors de sa visite à Kiev, le chancelier allemand aurait tenté de proposer aux dirigeants ukrainiens l’idée d’abandonner pour l’instant l’idée d’adhésion à l’OTAN, ce qui contribuerait à apaiser les inquiétudes de la Russie et favoriserait la désescalade. Dans cette optique, Olaf Scholz a déclaré à Moscou que la poursuite de l’expansion de l’OTAN vers l’est, notamment par l’admission de l’Ukraine, n’était “pas à l’ordre du jour”.

Lors d’une conférence de presse à Kiev, le président ukrainien a activement soulevé la question de l’introduction de nouvelles sanctions, y compris préventives, contre la Russie. Volodymyr Zelensky a notamment insisté sur l’inadmissibilité de la mise en service du gazoduc Nord Stream 2, que Kiev qualifie d’arme géopolitique. “S’il s’agit d’une agression militaire contre l’Ukraine, nous commencerons à agir, et ce seront des mesures à très grande échelle, qui affecteront sérieusement l’économie russe”, a promis Olaf Scholz en réponse, ajoutant que l’Allemagne est du côté de l’Ukraine et lui a déjà fourni une aide financière d’un montant de 2 milliards d’euros. Le chancelier a promis également d’accorder encore 150 millions d’euros de prêts à l’Ukraine prochainement. A propos de Nord Stream 2, l’opinion de Berlin ne coïncide pas tout à fait avec l’opinion de Washington et de Bruxelles. Finalement, Olaf Scholz a déclaré que “le président ukrainien l’a assuré que des projets de loi sur le statut spécial du Donbass et les élections locales seraient soumis à discussion” alors que ce point suscite l’opposition des autorités ukrainiennes.

15/02/2022 : Vote d’une résolution à la  Douma en faveur de la reconnaissance des deux États autoproclamés du Donbass. – Olga Chekhurska –

Le projet de résolution sur la reconnaissance des républiques de facto du Donbass en tant qu’États indépendants soumis à la Douma par le parti communiste russe et son responsable Gennady Zyuganov le 19 janvier a été voté le 15 février. Cette résolution invoque comme justification le référendum qui a eu lieu en 1994 dans le Donbass au cours duquel la majorité absolue des habitants des régions de Donetsk et de Louhansk s’étaient prononcés en faveur du fédéralisme et du bilinguisme. Pour rappel, les habitants du Donbass avaient organisé à nouveau un référendum en 2014 qui avait abouti à la formation de deux États de facto : la “République populaire de Donetsk” et la “République populaire de Louhansk”. Les auteurs de la résolution dénoncent dans ce texte un blocus économique des deux républiques de facto par l’Ukraine qui, selon eux,  aurait commis “un génocide”.  Selon le parti communiste, l’Ukraine ne respecte pas les accords de Minsk et refuse de les exécuter. Par conséquent, “les députés de la Douma considèrent la reconnaissance de la République populaire de Donetsk et de la République populaire de Louhansk comme moralement justifiée”, indique le document.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmitry Kuleba a déclaré qu’en cas d’approbation de cette résolution par le président russe, ce geste signifierait un retrait des accords de Minsk par Moscou, avec “toutes les conséquences qui en découlent”. Aussi, à la veille de la décision du Parlement russe, le  Parlement ukrainien, la Verkhovna Rada, a adopté un appel à l’OTAN, à l’ONU et à l’UE à continuer à soutenir la non-reconnaissance des deux républiques de facto. Olaf Scholz a également réagi à cette résolution lors de sa visite à Moscou. Selon le chancelier, une telle reconnaissance serait une “violation des accords de Minsk” et une “catastrophe politique”. En réponse, Vladimir Poutine a déclaré que les accords de Minsk avaient encore du potentiel: “nous espérons vivement que nos partenaires à la fois à l’étranger et en Europe, principalement l’Allemagne et la France exerceront une influence appropriée sur les autorités actuelles de Kiev, et cette solution sera trouvée”, a déclaré le dirigeant russe, rappelant que Kiev n’a encore pris aucune mesure pour mettre en œuvre ses propres obligations.

15-16/02/2022 : Visite du vice-ministre des Affaires étrangères russe en Moldavie – Victor Martin –

Le 15 février, le secrétaire d’Etat moldave aux Affaires Etrangères et à l’Intégration européenne, Ruslan Bolbocean et le vice-ministre des Affaires étrangères russe,  Andreï Rudenko, se sont rencontrés à Chisinau pour discuter de la relation russo-moldave. Les deux représentants ont insisté sur le besoin de coopération économique entre la Russie et la Moldavie et la protection des citoyens moldaves en Russie. Le représentant moldave a également insisté sur la nécessité de départ des troupes russes déployées en Transnistrie.

Andreï Rudenko a également été reçu par Nicu Popescu, le ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration européenne (MFAEI) moldave. Les deux hommes ont souligné l’importance de reprendre les négociations dites «5+2» entre la Moldavie et la Transnistrie ainsi que la Russie, l’Ukraine, l’Union Européenne, les Etats-Unis et l’OSCE à propos du conflit gelé en Transnistrie, cette région orientale de la Moldavie.

Après sa visite en Moldavie, Andreï Rudenko s’est rendu le 16 février à Tiraspol, la ville principale du territoire sécessionniste de Transnistrie. Au cours d’une conférence de presse, le vice-ministre des Affaires étrangères russe a déclaré que Moscou a l’intention de développer les capacités du consulat russe présent à Tiraspol. Cette déclaration a fait fortement réagir le MFAEI, qui a déclaré que “le ton et les accents des messages publics du diplomate russe suscitent une profonde déception”.

 17/02/2022: La ministre des Affaires étrangères britanniques se rend en Ukraine dans le cadre des efforts entrepris pour tenter de prévenir une invasion russe. – Khava Doudoucheva –

Après s’être rendue à Moscou, où elle s’est entretenue avec son homologue russe Sergueï Lavrov, la ministre des Affaires étrangères, Liz Truss, s’est rendue le 18 février à Kiev dans le contexte de la crise actuelle du pays. Elle y a prononcé un discours, dans lequel elle a demandé à la Russie de se montrer à la hauteur de sa rhétorique de désescalade et a insisté sur le fait que la souveraineté de l’Ukraine doit être respectée. Le Bureau des Affaires étrangères du Commonwealth (FCDO) a notamment mentionné qu’au cours de sa visite Liz Truss a rencontré les ministres des Affaires étrangères ukrainiens et polonais, pour démontrer un soutien unifié à la souveraineté ukrainienne et avertir que si la Russie décidait de poursuivre sur la voie de l’agression, elle devrait payer le prix de conséquences massives qui entraineraient pour la Russie des coûts économiques importants et un statut de “paria”. Selon des extraits de son discours diffusés par son cabinet, Liz Truss à notamment exhorté la Russie à “s’engager sur la voie de la diplomatie” et annoncé que son pays était “prêt à parler”. 

 

Le gouvernement britannique estime que Vladimir Poutine continuera à menacer l’Ukraine dans les mois à venir tout en faisant preuve de désinformation. Pendant ce temps, des chars et des troupes britanniques se dirigent vers l’Estonie, tandis que des hélicoptères et des avions militaires sont également déployés en Europe de l’Est pour tenter de persuader le Kremlin de renoncer à la menace d’invasion. Les diplomates britanniques sont très sceptiques quant aux affirmations du Kremlin selon lesquelles il retirerait ses troupes de la région frontalière avec l’Ukraine, car les renseignements occidentaux indiquent que le nombre augmente plutôt qu’il ne diminue. Le lieutenant général Sir Jim Hockenhull, chef des services de renseignements de la Défense, a ainsi affirmé que des véhicules blindés, des hélicoptères et un hôpital de campagnes supplémentaires avaient été aperçus malgré  les affirmations de retraits. Il a déclaré que “contrairement à ce qu’elle affirme, la Russie continue de renforcer ses capacités militaires près de l’Ukraine”

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