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Situation au Karabakh – Point de situation au 06/10/2023

Les dossiers que nous suivons : Processus de résolution du Conflit du Karabakh ; Point humanitaire et sécuritaire au Karabakh et dans le corridor de Latchin ; Conflit Abkhazie et Ossétie du sud / Géorgie ; Relation Géorgie – UE / US/Russie/Ukraine et politique intérieure géorgienne ; Problématiques énergétiques, commerciales et de transport sud-caucasiennes ; Droits de l’homme au sud-Caucase ; Diverses politiques extérieures Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie.

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Au 6 octobre, le nombre de personnes ayant fui l’ancienne enclave du Haut-Karabakh vers l’Arménie était, selon le gouvernement arménien, de 100 632, dont 11 456 enregistrées dans divers centres de soins.

Les heurts sécuritaires semblent continuer malgré les saisies d’armement annoncées par les autorités azerbaïdjanaises. Le 5 octobre, le ministère de la Défense azerbaïdjanais a dénoncé des tirs «en direction de de la colonie de Yellija de la région de Kelbajar» et cela avait été le cas le 2 octobre également «en direction de la colonie de Yukhari Ayrim» dans la même région où des «engins explosifs improvisés» auraient été largués depuis des quadricoptères de combat. Le 30 septembre, le même ministère déplorait 1 mort suite à des tirs «en direction de la colonie d’Ashaghi Ayrim, dans la région de Kelbajar». Tandis que le ministère de la Défense arménien a dénoncé le 2 octobre des tirs sur un «véhicule transportant de la nourriture pour le personnel des positions arméniennes», «dans la région de Kut», précisant ultérieurement le chiffre de «1 mort et 2 blessés».

L’Azerbaïdjan détient plusieurs anciens responsables de l’entité séparatiste du Haut-Karabakh : les anciens «présidents» Arkady Ghukasian (1997-2007), Bako Sahakian (2007-2020), Arayik Haroutiounian (2020-2023) avec David Ishkanian, ancien «président du Parlement» depuis le 3 octobre, ainsi que l’ancien président Ruben Vardanian (2023) et David Babayan, ancien «conseiller présidentiel» et «ministre des Affaires étrangères» depuis le 28 septembre.

Une mission de l’ONU dirigée par Vladanka Andreeva, coordinatrice résidente des Nations Unies en Azerbaïdjan a eu lieu le 1er octobre au Karabakh. Celle-ci n’a constaté «aucun dommage aux infrastructures publiques civiles, notamment les hôpitaux, les écoles et les logements, ni aux structures culturelles et religieuses». Par ailleurs, la mission n’a eu connaissance «d’aucun rapport – ni de la part de la population locale interrogée ni de la part des interlocuteurs – faisant état d’incidents de violence contre des civils à la suite du dernier cessez-le-feu». Il a été déclaré : «A partir des conversations que l’équipe a pu avoir, il est difficile de déterminer à ce stade si la population locale a l’intention de rentrer. Ce qui est clair, c’est qu’il est nécessaire d’instaurer la confiance, et cela demandera du temps et des efforts de la part de toutes les parties».

L’Administration présidentielle azerbaïdjanaise a partagé les différentes mesures prises en matière de «réintégration des résidents arméniens vivant dans la région du Karabakh» le 2 octobre. Celles-ci garantissent concrètement la participation des résidents aux travaux des bureaux des représentants spéciaux en matière de gouvernance, leur recrutement dans les organes des affaires intérieures, des avantages fiscaux et douaniers aux résidents des régions économiques du Karabakh et de l’est du Zanguezour, des subventions et exonération diverses pour les agriculteurs, le bénéfice de prestations sociales existant dans le pays, le droit de préserver et développer leur culture et leurs particularités ethnoculturelles, la liberté de religion et la protection des monuments culturels etc.…

Par ailleurs, Hikmet Hadjiyev, conseiller présidentiel en politique étrangère, a déclaré le 30 septembre via X: «Une réponse et une assistance humanitaires non discriminatoires et non sélectives devraient être le principe fondamental de l’humanité. C’est un signe positif que la communauté internationale des donateurs aide les civils arméniens de la région du Karabakh en Azerbaïdjan, qui ont d’ailleurs volontairement décidé de se rendre en Arménie et sont titulaires du passeport de la République d’Arménie. Mais un million de déplacés et de réfugiés azerbaïdjanais supplémentaires, qui ont fait l’objet d’un nettoyage ethnique sanglant à la suite de 30 ans d’occupation de l’Arménie, sont confrontés à une ignorance totale, à une attitude discriminatoire et sélective de la part de la communauté des donateurs» puis à l’AFP il a tenu ces propos relayés par France 24: «Nous ne pouvons pas accepter les accusations de nettoyage ethnique ou de génocide. […] Le nettoyage ethnique est une action par la force, lorsque quelqu’un utilise la force contre des civils – (c’est exactement ce que l’Arménie a utilisé contre nous, il y a 30 ans). Mais cela ne veut pas dire que nous répéterons la même chose. Il n’y a eu aucun cas de violence ou d’atrocité contre des civils. Ils l’attestent eux-mêmes. […] Et il n’y avait pas de citoyens «arméniens» au Karabakh. […] Nous les avons toujours considérés comme des citoyens azerbaïdjanais mais malheureusement une entité séparatiste illégale ne nous a pas permis d’avoir une communication directe avec eux».

Pourtant le Parlement européen a dénoncé une «épuration ethnique» le 5 octobre tout en demandant à l’UE d’adopter des sanctions ciblées contre les fonctionnaires du gouvernement azerbaïdjanais ainsi que de suspendre le protocole d’accord dans le domaine énergétique, ce qui a été qualifié d’ «exemple le plus évident d’hypocrisie politique» par Sahiba Gafarova, présidente du Milli Madjlis (Parlement azerbaïdjanais) et de «résolution populiste, raciste et islamophobe» par le MAE turc. Et la France a décidé de «donner son accord à la conclusion de contrats futurs forgés avec l’Arménie qui permettront la livraison de matériel militaire à l’Arménie pour qu’elle puisse assurer sa défense». La ministre des Affaires étrangères française, Catherine Colonna, qui a validé également en direct au journal de 20h sur France 2 le 5 octobre le terme d’ «épuration ethnique» a complètement éludé la dernière question posée par la journaliste demandant si un risque réel existait que l’Azerbaïdjan s’attaque au territoire souverain de l’Arménie.

Au 3ème Sommet de la Communauté Économique Européenne de Grenade, boycotté par l’Azerbaïdjan en raison de la livraison annoncée d’armes de la France à l’Arménie, une déclaration commune a été adoptée suite à la réunion quadripartite entre Nikol Pachinian, Emmanuel Macron, Olaf Scholz et Charles Michel soulignant le «soutien indéfectible à l’indépendance, à la souveraineté, à l’intégrité territoriale et à l’inviolabilité des frontières de l’Arménie», le «soutien au renforcement des relations UE-Arménie dans toutes les dimension. Il a été décidé de fournir une «aide humanitaire supplémentaire». A été réaffirmé que les «réfugiés doivent pouvoir exercer librement leur droit de retourner dans leurs foyers et lieux de résidence sans aucune condition, sous contrôle international et dans le respect de leur histoire, de leur culture et des droits de l’homme» et que les relations entre les deux pays doivent être normalisées sur la base de «la reconnaissance mutuelle de la souveraineté, de l‘inviolabilité des frontières et de l’intégrité territoriale de l’Arménie (29 800 km2) et de l’Azerbaïdjan (86 600 km2), comme mentionné dans les déclarations du président Michel les 14 mai et 15 juillet 2023» . Et ils ont souligné la «nécessité urgente de travailler à la délimitation des frontières sur la base des dernières cartes de l’état-major de l’URSS fournies aux parties, qui devraient également servir de base pour éloigner les forces, compléter le traité de paix et résoudre toutes les questions humanitaires» tout en appelant à la «coopération régionale accrue et à l’ouverture de toutes les frontières, y compris celle entre l’Arménie et la Turquie».

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