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La Via Carpatia : une route au cœur de l’Europe centrale

La Via Carpatia est une route traversant sept pays d’Europe centrale et orientale. Elle va du port baltique de Klaipeda, en Lituanie, à Thessalonique en Grèce. Longeant la frontière de l’OTAN et de l’Union européenne, la route favorise les connexions terrestres avec la Russie, la Biélorussie et l’Ukraine. Mais elle participe aussi à souder les pays de la zone en un bloc géostratégique. Si les sept Etats membres du projet sont d’accord pour construire une route, ils n’ont pas la même vision de ses objectifs.

Une route à fortes opportunités économiques

De prime abord, le projet de route transeuropéenne se justifie sous l’angle économique. Il s’agit avant tout pour les pays concernés d’améliorer la connectivité routière ; en particulier, pour certains, dans des régions relativement défavorisées.

Dynamiser la partie orientale de l’Union européenne

Le projet Via Carpatia naît en octobre 2006, lors de la Conférence internationale de Łańcut. La Lituanie, la Slovaquie et la Hongrie sont représentés aux côtés de la Pologne. Le 22 octobre 2010, une seconde conférence est organisée, de nouveau à Łańcut. Les quatre premiers pays sont alors rejoints par la Roumanie, la Bulgarie et la Grèce.

Le nom « Via Carpatia », à l’imitation des voies romaines, fait référence aux Carpates, obstacle naturel structurant la région, du Sud-Est de la Pologne jusqu’en Roumanie. Le tracé de la route recouvre en partie des voies déjà existantes. Mais le projet vise à les prolonger et à les relier, en leur donnant des caractéristiques communes, permettant aux véhicules de traverser des milliers de kilomètres sans changement de route.

Le projet s’inscrit dans une logique de meilleure intégration des pays concernés à l’Union européenne, dont ils sont tous membres. De fait, ces Etats demandent depuis plusieurs années l’inscription du tracé de la Via Carpatia au sein du Réseau transeuropéen RTE-T (TEN-T en anglais).

Au sein même de ces pays, la Via Carpatia est vue comme l’opportunité de développer l’économie de régions relativement défavorisées. C’est le cas en Pologne et en Slovaquie. Pour autant, cela ne vaut pas pour tous les pays : en Lituanie, en Roumanie et en Bulgarie, les régions traversées ne sont pas les moins développées.

La Via Carpatia doit officiellement être terminée en 2025, même si des retards sont déjà envisagés. Une étude publiée en 2019 par quatre chercheurs de l’Institut de Géographie de l’Académie polonaise des sciences a évalué l’impact positif de la route sur l’accessibilité routière en Europe. Les auteurs considèrent que le projet peut comble un « vide » du réseau RTE-T en Europe orientale.

L’étude dirigée par Piotr Rosik fonde ses conclusions sur une équation, servant à mesurer l’accessibilité routière d’une région, en tenant compte du temps de trajet entre deux régions de même importance, à l’intérieur de la région, vers l’étranger, etc.

Carte de l’accessibilité routière par région en Europe, PIOTR Rosik (dir.), 2019

La première carte ci-dessus, extraite de l’étude dirigée par Piotr Rosik, montre le niveau d’accessibilité des différentes régions – de niveau statistique NUTS 3 – de l’Union européenne et des pays voisins. On voit, sans surprise, que la connectivité est maximale autour du cœur économique et politique de l’Europe : Ouest de l’Allemagne – la vallée de la Ruhr – et l’Est du Benelux. Le réseau prend une forme concentrique, l’accessibilité étant de plus en plus réduite à mesure qu’on s’éloigne du centre.

La carte met en évidence la route Via Carpatia, en lui associant la route entre Thessalonique et Istanbul. Les régions traversées sont relativement peu connectées comparées au cœur ouest-européen.

Carte de l’amélioration de l’accessibilité routière due à la route Via Carpatia, PIOTR Rosik (dir.), 2019

La seconde carte, ci-dessus, montre cette fois l’évolution de l’accessibilité due à la Via Carpatia. Cette évolution est bien sûr quasi nulle en Europe occidentale ou en Russie. En revanche, les retombées directes de la route sont très étendues autour de celle-ci, jusqu’en Turquie centrale et au Nord de la Finlande.

La Via Carpatia est donc un système d’infrastructures routières majeures pour l’Europe centrale et orientale. Son impact attendu pour la connectivité routière est majeur, et concerne de très nombreux pays.

Des Carpates aux Nouvelles Routes de la soie

La route Via Carpatia doit favoriser la circulation rapide et fluide d’un bout à l’autre de l’Europe centrale. Mais au-delà, via Istanbul et la Turquie, la route relie la mer Baltique aux pays d’Asie centrale et méridionale. Plusieurs de ces Etats sont membres du programme TRACECA, qui les associe à l’Union européenne dans sa politique de transport : c’est le cas de la Turquie, de l’Iran, du Kazakhstan – mais aussi de l’Ukraine.

Si les flux commerciaux terrestres passent par la Via Carpatia, cela place l’Europe centrale en intermédiaire entre l’Asie et les marchés d’Europe occidentale. Au-delà, la Via Carpatia intègre les réseaux de transport routier d’Europe centrale aux corridors d’échelle transcontinentale entre la Chine et l’Europe.

L’Europe centrale est directement mise en contact avec l’un des corridors terrestres des Nouvelles Routes de la soie.

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