Equipe de veille Union européenne : Léo Caget, Yanis Kourrad, Audrey Moisan, Antoine Bézier, Etienne Mathieu
11/09/2022 : Le bloc de droite et de centre droit remporte les élections législatives en Suède. -Léo Caget-
Les électeurs suédois se rendaient aux urnes dimanche 11 septembre, afin d’élire leurs députés pour les quatre prochaines années. Le décompte des voix, particulièrement serré, a finalement donné vainqueur le bloc de droite et de centre-droit, mercredi 14 septembre, lui permettant d’obtenir 176 des 349 sièges au Riksdag, le parlement suédois. Le bloc de gauche mené par Magdalena Andersson, la Première ministre sortante, a de son côté enregistré un score de 173 sièges. Elle a d’ailleurs reconnu sa défaite le jour-même, remettant sa demande de démission au Riksdag dès le lendemain. Elle a aussi laissé paraître sa volonté de travailler avec la droite pour écarter l’extrême-droite du pouvoir : «Si les Modérés changent d’avis et veulent travailler avec moi plutôt qu’avec les Démocrates suédois, ma porte est ouverte».
Cette nouvelle configuration politique est notamment caractérisée par la percée historique du parti d’extrême-droite Démocrates de Suède (SD) qui devient la seconde force politique du pays avec 20,6 % des voix. Cependant, même si le SD devient le premier parti de droite, les trois autres partis de la droite traditionnelle (Modérés, Libéraux, Chrétiens-démocrates) ne sont pas favorables à sa participation dans la constitution d’un nouveau gouvernement. C’est Ulf Kristersson, du parti des Modérés, qui est pressenti pour accéder au poste de Premier ministre.
Du côté du Parlement européen, qui se réunissait en session plénière cette semaine, les réactions ne se sont pas fait attendre. Certains élus de l’institution ont émis de lourdes critiques à l’encontre de membres du Parti Populaire Européen (PPE), certains d’entre eux étant issus du parti des Modérés, accusé d’avoir collaboré avec le SD pour faire passer la droite aux élections. La députée européenne Ska Keller du groupe Les Verts s’est indignée par ces mots : «Je veux dire à nos collègues du PPE, et en particulier à M. Weber, de faire attention avec qui vous formez des partenariats ! Si on regarde l’Italie, vous compromettez la démocratie et nos valeurs communes, pour du pouvoir .
14/09/2022 : Ursula von der Leyen a prononcé son traditionnel discours sur l’État de l’Union. -Yanis Kourrad-
Comme chaque année, au mois de Septembre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, prononce son discours sur l’État de l’Union devant l’ensemble des eurodéputés réunis au Parlement européen de Strasbourg. A cette occasion, le 14 septembre dernier, Ursula, vêtue de bleu et de jaune, aux couleurs du drapeau ukrainien, n’a pas manqué de renouveler sa solidarité à l’égard de l’Ukraine en débutant son discours par cette phrase «Jamais par le passé le Parlement n’avait délibéré de l’État de l’Union alors qu’une guerre fait rage sur le sol européen».
Plus encore, ce fut l’occasion pour Von der Leyen de revenir sur la crise énergétique en rappelant les grands projets à venir comme la réforme énergétique sur l’électricité ou encore la création d’une Banque européenne de l’hydrogène. Enfin, ce discours fut l’occasion de présenter la gouvernance économique envisagée par l’UE pour l’année à venir et qui s’annonce plus souple en ce qui concerne la trajectoire de désendettement des Etats membres, victimes de crises simultanées depuis mars 2020.
Néanmoins, ce discours de plus d’une heure n’aura pas suffit à convaincre tout le monde puisque certains regrettent l’absence d’attention portée à quelques sujets comme celui de l’agriculture, absent du discours sur l’État de l’Union depuis plus de trois ans alors même que le budget de la PAC constitue la principale politique de l’UE.
15/09/2022 : Le Parlement Européen a statué: la Hongrie n’est plus une démocratie complète. -Audrey Moisan-
Ce 15 septembre 2022, lors de la dernière session plénière du parlement Européen, les députés européens ont débattu autour de la situation des droits de l’Homme dans la Hongrie de Viktor Orban. Suite à ses violations des droits des femmes, des migrants, des minorités et des libertés en général, la Hongrie n’est plus considérée comme un État démocratique à part entière pour l’UE. Elle est désormais pour le parlement un «régime hybride d’autocratie électorale».
Suite à un vote avec 433 pour, 123 contre et 28 abstentions, un rapport a été adopté qui s’inscrit dans le sens du déclenchement de l’article 7 du Traité sur l’Union contre la Hongrie en 2018, et dresse un «bilan d’une situation inquiétante dans 12 domaines» (Parlement Européen). Il dénonce également des «efforts délibérés et systématiques du gouvernement hongrois» contre l’Union, sans pour autant nier que l’inaction de l’Union Européenne depuis 2018 semble également jouer un rôle dans ces excès.
Par ailleurs, les députés Européens en appellent à la Commission pour agir sur trois aspects autour de la situation hongroise:
- repousser l’approbation du plan de relance de la Hongrie ;
- exclure les programmes de cohésions violant l’Etat de droit ou faisant mauvais usage des fonds européens, des financements ;
- appliquer les règlements de façon plus stricte afin d’éviter une utilisation politique des fonds européens.
15/09/2022 : En visite à Kiev, Ursula von der Leyen réitère le soutien de l’UE à l’Ukraine. -Antoine Bézier-
Ce jeudi 15 septembre 2022, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen était en visite à Kiev et a assuré que l’UE soutiendra l’Ukraine «aussi longtemps qu’il le faudra» face à la Russie, alors que l’armée ukrainienne engrange les succès dans sa contre-offensive lancée au début du mois de septembre. Cette visite serait une réponse à la rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant chinois Xi Jinping à l’occasion d’un sommet régional de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), vantée comme une alternative à une vision occidentale unipolaire. La femme politique allemande, qui s’est entretenue avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le Premier ministre Denys Chmyhal, a salué la «bravoure» des forces ukrainiennes sur le front, et a confirmé une aide financière de 5 milliards d’euros pour l’Ukraine proposée par la Commission début septembre. Il s’agissait de la première visite d’Ursula von der Leyen depuis que le pays est devenu un État candidat à l’entrée dans l’UE en juin. Avant son voyage, la présidente de la Commission européenne avait annoncé que les discussions porteraient sur la manière de «rapprocher nos économies et nos populations au moment où l’Ukraine avance vers l’accession (à l’UE)».
16/09/2022 : Olaf Scholz veut faire de l’Allemagne «la force armée la mieux équipée d’Europe». -Etienne Mathieu-
Vendredi 16 septembre, Olaf Scholz prononçait un discours devant les principaux cadres de la Bundeswehr, les forces armées fédérales de l’Allemagne. Ce discours a été médiatisé à cause de la formule du chancelier fédéral, appelant à faire de l’Allemagne «la force armée la mieux équipée d’Europe». Le chef du gouvernement a récusé frontalement des années de politique plutôt pacifiste de la République fédérale, ce qui s’est notamment traduit par des réductions successives des budgets, des effectifs et des missions de la Bundeswehr.
Olaf Scholz a déploré que, contrairement à ce que croyait «un ancien ministre de la Défense» qui n’est pas explicitement nommé, l’Allemagne n’est pas «entourée [uniquement] d’amis». La République fédérale, première puissance économique et démographique d’Europe, tient désormais à assumer un rôle de premier plan dans la défense du continent. Ce tournant fait suite à l’invasion russe de l’Ukraine, commencée il y a bientôt sept mois ; le gouvernement Scholz a été critiqué pour son soutien militaire envers Kiev, parfois jugé insuffisant.
Olaf Scholz a également appelé à la formation d’un «quartier général européen», supervisant les missions militaires communes des Européens, «comme en Irak, au Mali ou au Niger». En citant ces deux derniers pays, le chancelier allemand a fait allusion à des conflits où l’armée française fournit les plus gros contingents européens. Le chef du gouvernement fédéral a donc annoncé une plus grande implication de l’Allemagne dans la sphère défensive de la politique européenne, mais dans un cadre plus intégré.
Concrètement, un fonds de 100 milliards d’euros a été créé pour remettre à niveau l’équipement de l’armée allemande et mettre à jour sa stratégie.