28/05/2022 : Fête nationale de l’indépendance en Azerbaïdjan et en Arménie et convocation de l’ambassadeur français en Azerbaïdjan.
Deux jours après la fête de l’indépendance géorgienne, l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont fêté le 28 mai les 104 ans de l’indépendance de leurs pays, l’Azerbaïdjan étant devenu la première république du monde musulman à cette occasion, après la désintégration de la république démocratique fédérative de Transcaucasie. Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, a déclaré à cette occasion : « Notre indépendance est éternelle, irréversible, inébranlable ! Vive l’Azerbaïdjan fort, indépendant ! » tandis que sa femme, vice-présidente de la République a spécifié « Qu’Allah le Tout-Puissant protège notre Azerbaïdjan natal ! ».
A cette occasion, le secrétaire d’État états-unien Antony Blinken a réaffirmé son engagement à soutenir l’indépendance et la souveraineté de l’Azerbaïdjan tout en déclarant « Cette année, nous célébrons le 30ème anniversaire des relations diplomatiques entre les États-Unis et l’Azerbaïdjan. Au cours des trois décennies qui ont suivi l’indépendance de l’Azerbaïdjan de l’Union soviétique, nous sommes devenus des partenaires solides dans la promotion de la sécurité énergétique européenne, la lutte contre les menaces transnationales et la promotion du commerce et des investissements bilatéraux ».
Le 28 mai, l’ambassadeur français en Azerbaïdjan, Zacharie Gross, s’est vu convoquer par le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères, suite à la visite de la maire de Paris, Anne Hidalgo, à Erevan et dans la province de Siounik, et sa rencontre avec le « président du Haut-Karabakh » Arayik Haroutiounian, considéré comme « représentant d’une organisation illégale en Azerbaïdjan ». Il a ainsi été informé que « cette mesure prise par le responsable français contre l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan [était] en contradiction flagrante avec la législation française et les obligations internationales du pays, et [nuisait] également aux relations franco-azerbaïdjanaises ». A cette occasion, Anne Hidalgo avait déclaré : « En 2020, Paris demandait au gouvernement français de reconnaître l’indépendance de la République d’ Artsakh. Je m’entretiens aujourd’hui avec le Président de l’Artsakh. Il nous revient d’aider le peuple d’Artsakh à vivre en paix sur ses terres et protéger son patrimoine culturel menacé ».
28-30/05/2022 : Visite du Premier ministre géorgien en Jordanie et en Israël.
Le Premier ministre géorgien, Irakli Garibashvili, s’est rendu en visite officielle en Jordanie les 28 et 29 mai, en compagnie du ministre des Affaires étrangères, Ilia Darchiashvili, pour rencontrer le roi Abdallah II et se rendre sur les 4000 m² de terrain des bords du Jourdain qui ont été attribués à la Géorgie. L’environnement sécuritaire du sud-Caucase et du Moyen-Orient ont été discutés ainsi que le développement des relations bilatérales entre les deux pays. Le transfert des terres a été officialisé à l’occasion d’une cérémonie à laquelle ont participé l’archiprêtre Andrai Jagmaidze et le prince Ghazi bin Muhammad de Jordanie. Irakli Garibashvili a déclaré à cette occasion : « ce doit être un jour dont tous les Géorgiens ont rêvé, car nous, Géorgiens, retournons en Terre Sainte après 300 ans d’absence ». La construction d’un centre culturel et d’un lieu de baptême est prévue sur ce site. Il a également rencontré l’archevêque orthodoxe jordanien, Christophoros Attalah, ainsi que le patriarche de Jérusalem, Théophile III.
Le Premier ministre géorgien s’est ensuite rendu en Israël à la tête d’une délégation ministérielle composée du MAE, du ministre de la Défense, Juansher, Burchuladze, du chef du service de sécurité de l’État, Grigol Liluashvili, du chef de l’administration gouvernementale, Revaz Javelidze, et de l’ambassadeur en Israël, Lasha Zhvania, alors que le 1er juin marquait les 30 ans de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Il a ainsi rencontré son homologue israélien Naftali Bennett, qui a qualifié leur rencontre d’ « amicale et productive », le ministre des Affaires étrangères et Premier ministre suppléant Yair Lapid , ainsi que le président de la Knesset Mickey Levy, afin de développer le partenariat bilatéral dans les domaines de l’éducation, des infrastructures, du commerce et de l’agriculture, ainsi que dans le domaine de la défense et de la sécurité. Cette visite a aussi donné lieu à un déplacement au monastère de la Croix et au mémorial des victimes de l’holocauste, Yad Vashem.
30/05/2022 : Suspension du référendum de réunification avec la Russie en Ossétie du sud.
Alan Gagloev, nouveau « président de la République d’Ossétie du sud » a signé le 30 mai le décret n°315 sur « les modalités d’une intégration plus poussée de la République d’Ossétie du Sud et de la Fédération de Russie ». Celui-ci stipule que « compte tenu de l’incertitude liée aux conséquences juridiques de la question soumise au référendum conformément au décret du président de la République d’Ossétie du Sud du 13 mai 2022 “Sur la convocation d’un référendum de la République d’Ossétie du Sud”, reconnaissant l’irrecevabilité d’une décision unilatérale sur un référendum sur des questions affectant les droits et intérêts légitimes de la Fédération de Russie, soutenant pleinement l’initiative des citoyens de la République d’Ossétie du Sud sur la poursuite de l’intégration de la République d’Ossétie du Sud et de la Fédération de Russie », la « République » décide de « mener sans délai des consultations avec la partie russe […] approuver la composition de la délégation de la République d’Ossétie du Sud pour les consultations […] suspendre la validité du décret du président de la République d’Ossétie du Sud du 13 mai 2022 “Sur la convocation d’un référendum de la République d’Ossétie du Sud ».
Le 29 mai, Alan Gagloev avait rencontré à Tskhinvali un groupe de députés à l’occasion du 30ème anniversaire de l’adoption de l’« Acte de déclaration de l’indépendance de la République d’Ossétie du Sud », rencontre au cours de laquelle il avait déclaré « la formulation du référendum soulève aujourd’hui des questions et il est également nécessaire de tenir des consultations appropriées avec la partie russe […] Si la question était : « Êtes-vous d’accord pour rejoindre la Fédération de Russie en tant que sujet ? », alors tout serait clair. Mais aujourd’hui, le libellé du référendum est présenté comme suit : « Êtes-vous favorable à l’unification de la République d’Ossétie du Sud et de la Russie ? ». Le conseiller du « président » Konstantin Kochiev avait aussi déclaré : « Nous n’avons pas le droit de prendre de telles mesures sans le consentement de Moscou, il est nécessaire de tenir des consultations avec la partie russe et de coordonner toutes nos actions ».
Maria Zakharova, porte parole du ministère russe des Affaires étrangères, a qualifié cette décision de « saine, [et] conforme à l’esprit d’alliance entre nos pays et au principe d’une étroite coordination bilatérale sur les questions importantes pour la Russie et l’Ossétie du Sud ».
30/05/2022 : Visite du président arménien auprès des dirigeants géorgiens.
Le président arménien, Vahagn Katchatourian, a effectué sa première visite bilatérale à l’étranger à Tbilissi le 30 mai pendant laquelle il a rencontré son homologue géorgienne, Salomé Zourabishvili, le Premier ministre Irakli Garibashvili et le président du Parlement Shalva Papuashvili. Les perspectives de développement des partenariats dans les domaines des transports, des communications et des technologies de l’information ont été discutées. La présidente géorgienne a déclaré à cette occasion : « L’agression russe en cours en Ukraine est un nouveau défi pour tout le monde, car elle viole toutes les normes et principes internationaux sur lesquels l’ordre international et l’architecture de sécurité mondiale sont construits » tandis que le Premier ministre géorgien a évoqué l’Initiative de Voisinage Pacifique portée par la Géorgie et visant à renforcer la confiance dans le sud-Caucase avec la participation des trois pays sud-caucasiens, des États-Unis et de l’UE.
31/05/2022 : Visite des coprésidents des Discussions Internationales de Genève à Sokhoumi et Tskhinvali.
Le 31 mai, le représentant de l’ONU Cihan Sultanoglu, le représentant spécial du président en exercice de l’OSCE Viorel Mosanu et le représentant spécial de l’UE Toivo Klaar se sont rendus à Sokhoumi dans le cadre de leur cycle de consultations visant à « à échanger des vues sur les développements récents liés aux questions sécuritaires et humanitaires sur le terrain et à permettre aux coprésidents d’acquérir une compréhension globale des positions des participants ». Ils ont ainsi rencontrés le « vice-ministre des Affaires étrangères » abkhaze Irakli Tuzhba, qui a annoncé le prochain cycle de discussions pour le mois de juin en cours qu’il a décrit comme « un des rares canaux de communication qui fonctionne encore » tout en plébiscitant la signature d’un « traité de paix avec la Géorgie, un document sur les garanties de sécurité internationale et la non-reprise des hostilités ».
Ces responsables se sont rendus le 2 juin à Tskhinvali où ils ont notamment rencontré le « conseiller d’État du président de la République d’Ossétie du Sud », Konstantin Kochiev, le « représentant plénipotentiaire adjoint du président d’Ossétie du Sud pour les questions de règlement post-conflit », Egor Kochiev, et le « Premier vice-ministre des Affaires étrangères d’Ossétie du Sud », Andreï Tskhovrebov. Konstantin Kocheiev a ainsi reconnu : « les discussions de Genève sont uniques, leur rôle dans la construction de la sécurité ne peut être surestimé. Les discussions de Genève n’ont pas d’alternative en tant que plate-forme de négociation permettant un dialogue direct entre Tbilissi et Tskhinvali » tout en soulignant : « Nous avons bien sûr remarqué les appels lancés par certains acteurs étrangers à la Géorgie pour qu’ils profitent du moment actuel pour atteindre leurs objectifs stratégiques par la force, ainsi que le développement actif de la coopération militaire de la Géorgie avec des partenaires étrangers, ce qui augmente également les risques de sécurité dans la région du Caucase. […] Dans le même temps, le fait que la Géorgie ait fait preuve d’une certaine retenue et prudence au cours des derniers mois incite à un certain optimisme quant aux perspectives d’adoption d’une attitude constructive des participants ».
31/05/2022 : Manifestation azerbaïdjanaise de proches de militants des droits humains emprisonnés après leur expulsion d’Allemagne.
Le 31 mai, une dizaine de proches de militants des droits humains emprisonnés en Azerbaïdjan suite à leur expulsion d’Allemagne, ont manifesté devant l’ambassade allemande avant d’être dispersée par la police. Ces derniers demandent concernant 6 de leurs proches un procès équitable et public et une plus grande attention des autorités allemandes concernant ces dossiers.
01-03/06/2022 : L’Azerbaïdjan courtisé au 27ème salon international du pétrole et du gaz de la Caspienne à Bakou.
Après le festival de l’aérospatial et des technologies Teknofest qui s’est tenu le 28 mai, et pour la première fois à Bakou, qui a réuni le président azerbaïdjanais Ilham Aliev et le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et qui a permis à Selçuk Bayraktar, dirigeant de la société Bayrak, de présenter son véhicule de combat aérien sans pilote Bayraktar Akinci High Altitude Long Endurance (HALE), a eu lieu entre le 1er et le 3 juin le 27ème salon international du pétrole et du gaz de la Caspienne dans la capitale azerbaïdjanaise.
A cette occasion, Ilham Aliev a prononcé un discours durant lequel il a souligné « l’importance du projet de Corridor Gazier Sud » (CGS), jouant « un rôle majeur dans la garantie de la sécurité énergétique de l’Europe » en annonçant l’existence de « grandes possibilités d’expansion future de ce corridor énergétique ». Il a également annoncé : « D’ici 2030, nous avons identifié devenir un pays à « croissance verte » et parvenir à un environnement propre comme l’une de nos priorités nationales pour le développement socio-économique ».
Le Forum de l’énergie de Bakou réunissant 400 participants de 20 pays avec le soutien du ministère de l’Énergie et de la SOCAR, a débuté le 2 juin abordant les perspectives énergétiques mondiales, le financement de la transition vers l’énergie verte, l’approvisionnement en gaz, les opportunités d’exploration et de production dans la région caspienne.
A cette occasion, le vice-président exécutif de BP Petroleum pour la production et les opérations, Gordon Birrell, a déclaré : « Cette année, nous célébrons le 30e anniversaire de la coopération et de l’investissement dans l’économie azerbaïdjanaise. Une si longue période témoigne de la stabilité de l’économie du pays. Je tiens à souligner que nous avons investi dans des projets tels que l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC), le champ pétrolifère de Shah Deniz et un certain nombre d’autres » en soulignant que la stabilité des investissements dans l’économie azerbaïdjanaise était due au développement de l’infrastructure énergétique du pays. Il a également annoncé : « Nous prévoyons de réduire les investissements dans le secteur de l’énergie jusqu’à 50% et de les augmenter dans le domaine de l’énergie verte d’ici 2030 ». La coopération entre BP et l’Azerbaïdjan a fait l’objet le 1er juin d’une rencontre entre Gordon Birell accompagné du président régional pour l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie, Gary Jones, avec le Premier ministre azerbaïdjanais Ali Assadov. Régis Agut, directeur général de TotalEnergies EP Absheron, a, quant à lui, déclaré : « Ce forum devient de plus en plus important pour unir nos forces en faveur d’un approvisionnement énergétique durable. Nous restons attachés à la région caspienne ».
Le président états-unien Joe Biden a envoyé une lettre au président azerbaïdjanaise à cette occasion déclarant « Au cours des 30 années de relations diplomatiques, nous avons apprécié entre les États-Unis et la République d’Azerbaïdjan, nous sommes devenus des partenaires solides dans la lutte contre les menaces transnationales, la promotion de la sécurité énergétique et la promotion du commerce et des investissements bilatéraux […] je tiens à vous assurer que l’Azerbaïdjan continue d’avoir un partenaire engagé aux États-Unis. Partout dans le monde, nous nous trouvons à un tournant important pour assurer notre sécurité énergétique, tout en réalisant les investissements et les changements nécessaires pour respecter nos engagements à plus long terme envers la transition vers une énergie propre. […] L’Azerbaïdjan est également essentiel pour réaliser l’immense potentiel de la coopération transcaspienne pour aider à stabiliser les marchés dans la région et dans le monde. Et l’Azerbaïdjan joue un rôle essentiel en aidant à stabiliser la sécurité énergétique européenne, notamment par le biais du corridor gazier sud et en fournissant des approvisionnements essentiels en carburant à l’Ukraine ». Le 31 mai, le président azerbaïdjanais a rencontré la sous-secrétaire adjointe américaine du Bureau des ressources énergétiques, Laura Lochman afin d’aborder l’activité du Corridor Gazier Sud (CGS) et la diversification de l’approvisionnement en gaz de l’Europe.
Le président Ilham Aliev a également rencontré la vice-Première ministre serbe et ministre des Mines et de l’Énergie, Zorana Mihajlovic, qui a exprimé les besoins de diversification de l’approvisionnement énergétique de son pays. Le vice-Premier ministre et ministre de l’Infrastructure et du Développement régional de la République de Moldavie, Andrei Spinu, a également rencontré le ministre azerbaïdjanais de l’Économie Mikayil Jabbarov, afin de discuter de l‘expansion des relations bilatérales dans le domaine des exportations, de la promotion des investissements, ainsi que de l’organisation de forums d’affaires.
Il est à noter que ces rencontres interviennent alors que l’Azerbaïdjan a exprimé le 23 mai dernier par la voix de son ministre de l’Économie au dernier Forum économique mondial de Davos son besoin d’un plus grand investissement international dans le secteur énergétique afin d’accélérer la production et les exportations. Il avait ainsi déclaré : « Au cours des dernières années, le secteur [du gaz] a été gravement sous-investi ». Par ailleurs, la Géorgie et l’Azerbaïdjan font l’objet actuellement d’une demande croissante de transit de fret en provenance de Chine et à destination de l’Europe afin d’éviter la Russie et ce, malgré un sous développement de ses infrastructures.
01-02/06/2022 : Visite du ministre des Affaires étrangères géorgien à Bruxelles : l’attente tendue du statut de candidat à l’UE.
Dans le cadre de son déplacement à Bruxelles les 1er et 2 juin, relatif à la candidature du pays à l’adhésion à l’UE déposée le 3 mars, le ministre des Affaires étrangères géorgien, Ilia Darchiashvili, a rencontré les commissaires européens Adina Valean (Transport), Virginijus Sinkevicius (Environnement), Janez Lenarcic (Gestion de crise), Johannes Hahn (Budget et Administration), et Janusz Wojciechowski (Agriculture), ainsi que les députés européens Marina Kaljurand et Sven Mikser. Les priorités de coopération et l’agenda d’association 2021-2027 ont été abordés. Le 3 juin, des questions relatives aux réformes en cours ont été discutées entre le Premier ministre, Irakli Garibashvili, et le vice-président de la Commission de l’Union européenne Maros Sefcovic.
L’ambassadeur de l’UE, Karl Hartzell, a émis des réserves quant à la candidature de la Géorgie en déclarant le 30 mai que la Géorgie « aurait pu être mieux préparée » pour cette candidature qui « survient à un moment où l’UE est de plus en plus préoccupée par la trajectoire actuelle du pays ». Il a ainsi affirmé : « Après un ralentissement effectif du rythme des réformes ces dernières années – en partie dû à des crises politiques consécutives dont toutes les parties portent leur part de responsabilité – au cours de ces derniers mois, des questions ont été soulevées sur la direction que prend la Géorgie. […] Nous voulons que la Géorgie trouve la place qui lui revient en Europe et dans le monde. […] Alors aidez-nous simplement à vous aider ! ». Le porte parole du département d’État états-unien, Ned Price, a pour sa part déclaré le 31 mai : « les États-Unis, en tant que partenaire stratégique, soutiennent fortement les aspirations européennes, les ambitions européennes de ces trois pays [Géorgie, Ukraine et Moldavie]. Nous les avons soutenus alors qu’ils empruntaient le chemin de l’indépendance à l’endroit où ils se trouvent maintenant; et nous continuerons à les soutenir alors qu’ils continuent sur cette voie [européenne] ».
Le président du parti au pouvoir « Rêve géorgien » a quant à lui déclaré qu’il serait « illogique » pour l’UE de refuser la candidature de la Géorgie en avançant comme argument qu’ « en accordant le statut de candidat, l’UE n’aura pas à dépenser un seul euro de plus pour la Géorgie » et qu’ « en outre, l’UE n’a aucune obligation de faire d’un pays candidat un membre dans un délai spécifique après l’octroi du statut » .
Cette semaine a été marquée en Géorgie par des échanges virulents au Parlement au sujet de l’Ukraine, l’opposition critiquant le parti au pouvoir « Rêve géorgien » pour ses positions sur les sanctions contre la Russie auxquelles il refuse de s’associer ou l’absence de soutien militaire à l’Ukraine, et le premier ministre répondant : « Sans notre gouvernement, il y aurait un deuxième Marioupol en Géorgie [et] tous ces gens [les députés de l’opposition] en seraient responsables. […] Vous êtes en faillite…vous n’avez rien en réalité » tout en affirmant que Mikheïl Saakashvili était revenu en Géorgie pour « organiser une révolution et déstabiliser [le] pays » et en accusant les députés de l’opposition d’être de « faux patriotes ».
De même, le président du parti « Rêve géorgien » s’en est pris à la présidente de la République, Salomé Zurabishvili, concernant les propos qu’elle avait tenu le 27 mai, affirmant que celle ci avait « pratiquement mentionné l’Abkhazie et la région de Tskhinvali comme des voisins et parlé de leur souveraineté », qu’elle avait « rejoint la campagne totalement infondée contre le pouvoir judiciaire » et tenté de « nuire à la réputation » du système judiciaire, ce qu’il a jugé être « une déviation du rôle du président en tant que garant des institutions ». Dans son discours, la présidente avait déclaré : « Il est clair pour tout le monde aujourd’hui quel pays menace la souveraineté, l’identité et la vie de ses voisins. Ce n’est pas la Géorgie. […] Je vous lance un appel et vous propose que, comme dans le passé nous avons créé ensemble l’État géorgien, maintenant ensemble nous devons créer un avenir égal ». Le parti au pouvoir lui reproche notamment ses deux voyages non autorisés du 28 février au 1er mars, à Paris et à Bruxelles.
L’initiative des Organisations de la Société Civile géorgienne « Faîtes un pas vers l’Europe! » ont demandé le 31 mai à Ursula von der Leyen de soutenir la candidature de la Géorgie en déclarant dans une lettre conjointe : « l’octroi du statut de candidat serait une reconnaissance des aspirations européennes du peuple géorgien et un moyen d’accélérer les progrès du pays dans les domaines politiques d’importance cruciale. […] Toutes les générations vivantes de Géorgiens, y compris nous, représentants de la société civile, sont remplies d’espoir que le résultat du processus fera franchir une étape à la Géorgie. plus proche de l’Union européenne. […] Le soutien populaire à l’intégration européenne de la Géorgie reste bien au-dessus des taux d’approbation de tout parti, dirigeant, institution ou programme politique, puisque la majorité absolue des Géorgiens partagent la conviction unificatrice d’être européens au cœur de leur identité et de voir le destin de leur pays à rejoindre la famille européenne des nations ». De même, Nika Melia, président du principal parti d’opposition, « Mouvement National Uni » a exhorté l’UE à « ouvrir la porte à la Géorgie » lors du Congrès du parti populaire européen à Rotterdam en déclarant « Nous avons besoin que l’Europe se tienne à nos côtés pour vaincre la capture de l’État, nous voulons l’Europe parce que nous rêvons de liberté, de prospérité partagée, d’un avenir pacifique » et en critiquant le « régime oligarchique actuel ».
03/06/2022 : Réunion prévue des vice-Premier ministres d’Azerbaïdjan, d’Arménie et de Russie à Moscou.
Les vice-Premiers ministres d’Azerbaïdjan, d’Arménie et de Russie ont prévu de se rencontrer à Moscou le 3 mai afin de discuter du déblocage des communications régionales. Cette réunion a fait suite à celle tenue à Bruxelles le 22 mai entre le président du Conseil européen Charles Michel et les présidents arménien et azerbaïdjanais et pour laquelle une déclaration du porte parole de Charles Michel avait tenu à clarifier ses propos en déclarant le 31 mai : « La déclaration du Président Michel sur les résultats de la réunion des dirigeants du 22 mai ne doit pas être interprétée comme favorisant un résultat prédéterminé des discussions dans un sens comme dans l’autre. Ce qui importe le plus en fin de compte, c’est que tous les problèmes soient traités de manière exhaustive ; cela inclut les droits et la sécurité de toutes les populations. La connectivité a été spécifiquement discutée à Bruxelles le 22 mai pour faire avancer les opportunités de déblocage de la région. Dans ce contexte, les deux parties ont confirmé qu’il n’y avait pas de revendications extraterritoriales concernant les futures infrastructures de transport. Les spéculations contraires sont regrettables ». Il a ainsi été affirmé qu’« il [était] important de régler toutes les questions en suspens, notamment de faire avancer les discussions sur le futur traité de paix et de s’attaquer aux causes profondes du conflit ».
Le 3 mai également, le secrétaire du Conseil de sécurité arménien, Armen Grigorian, et le ministre des Affaires étrangères Ararat Mirzoyan ont reçu le représentant de l’UE pour le sud-Caucase, Toivo Klaar afin d’aborder la normalisation des relations avec l’Azerbaïdjan. Le même jour, Artak Beglarian, « ministre d’État de l’Artsakh » a déclaré : « compte tenu de la pertinence du format des coprésidents du groupe de Minsk et du rôle de la mission russe de maintien de la paix, nous pensons que la question du règlement du conflit du Karabakh ne doit pas faire l’objet de négociations avec l’union Européenne » et que le dialogue ne devait pas « faire partie des relations actuellement compliquées entre la Russie et l’Occident » tout en considérant que la mission de maintien de la paix devrait « rester ici pour une durée illimitée, car le conflit n’est pas réglé ». Il a ainsi annoncé : « Nous continuerons à faire des efforts pour la reconnaissance internationale de la République d’Artsakh. Après la reconnaissance internationale de l’indépendance de l’Artsakh, il sera possible d’examiner la question de l’adhésion de la république à l’Arménie » tout en mettant en balance une question de « prestige, d’ambition » du côté azerbaïdjanais et une question « de vie ou de mort » du côté arménien.
La veille, le 2 mai, le secrétaire du Conseil de sécurité arménien, Armen Grigorian, avait déclaré : « Nous continuons à nous concentrer sur la sécurité de nos compatriotes vivant en Artsakh et leurs droits, dont le statut devrait découler. Nous sommes convaincus que les droits et la sécurité sont les questions qui déterminent le statut » tout en répondant aux demandes d’aménagement d’un corridor du Zanguezour en ces termes : « Parlons-nous d’un couloir ou de couloirs ? Ce sont des choses différentes. […] Une précision a été apportée depuis Bruxelles sur le fait qu’il n’y a pas eu de discussions du point de vue d’une logique de corridor. Nos collègues de Moscou ont également dit la même chose. Si je ne me trompe pas, le vice-Premier ministre Overchuk a déclaré en novembre qu’aucune question n’était discutée dans une logique de corridor. L’Azerbaïdjan fait des déclarations qui ne correspondent pas aux négociations. […] je pense que les déclarations publiques faites par la partie arménienne correspondent à ce qui a été discuté à Bruxelles et au processus lui-même. Nous essayons d’être aussi transparents que possible sur la question et d’informer la société de ce qui a été discuté, nous ne rapportons rien d’autre. Naturellement, les négociations ont lieu parce qu’il y a des désaccords. Nous espérons qu’il sera possible de surmonter ces divergences par la négociation ».
Le 1er mai, Gegham Stapanian, « médiateur de la République d’Artsakh », déclarait « dans le cadre des discussions tenues avec la médiation russe, nous voyons le terme « Haut-Karabakh », que nous ne voyons pas dans les discussions sur les plates-formes européennes. Cela soulève des questions. […] le peuple d’Artsakh n’est pas la population ethnique arménienne du Karabakh, mais ceux qui ont formé l’État de la République d’Artsakh. Le peuple, qui a créé l’État en 1991. […] Il est très regrettable que la voix de l’Artsakh ne soit pas entendue comme une partie distincte dans les discussions à divers endroits. On peut compter sur les doigts d’une main le nombre de conflits dans lesquels la personne impliquée dans le conflit n’est pas représentée aux négociations, c’est absurde, il faut en arriver au point où les représentants du peuple d’Artsakh participent aux négociations pour décider le sort de leur peuple ».
Le 31 mai, les présidents de Russie et d’Azerbaïdjan, Vladimir Poutine et Ilham Aliev, s’étaient entretenus par téléphone, « à l’initiative de la partie azerbaïdjanaise » selon le Kremlin, pour aborder la mise en œuvre des accords trilatéraux avec l’Arménie, rendre compte des échanges avec le président du Conseil européen Charles Michel à Bruxelles le 22 mai et confirmer « leur intention mutuelle d’approfondir davantage le partenariat stratégique russo-azerbaïdjanais ». Le lendemain 1er juin, c’est le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, qui s’était entretenu avec le président russe pour aborder des questions similaires, avant de s’entretenir avec le président iranien, Ibrahim Raisi le 2 juin afin de rendre compte de la dernière réunion à Bruxelles, d’échanger des vues sur les communications régionales et l’ensemble du processus de résolution du conflit avec l’Azerbaïdjan. Le président iranien a déclaré à cette occasion que « les activités du régime sioniste [devaient] être affrontées avec sensibilité et prudence afin d’empêcher son influence dans la région ».
Le 29 mai, le ministère arménien de la Défense avait dénoncé la mort d’un soldat arménien le 28 mai suite à des attaques azerbaïdjanaises et l’occupation d’une zone de 45 km² dans la région de Sotk-Khoznavar depuis le mois dernier tout en rappelant celle du village de Parukh, ce qui selon lui justifie « un retrait miroir des troupes de la frontière arméno-azerbaïdjanaise et le déploiement d’une mission d’observation dans la zone frontalière ». Ces allégations ont été démenties par le ministère de la Défense azerbaïdjanais le même jour, le service national des frontières prétextant l’ivresse des militaires arméniens et ce qui semble s’apparenter, selon leurs descriptions, à un règlement de compte interne à l’armée, et témoignant de coups de feu entre les villages de Nerkin Hand dans la province de Siounik et de Razdara dans le district de Zangilan. Ces accusations se sont succédées toute la semaine : des accusations azerbaïdjanaises de tirs arméniens en direction de la colonie de Zivel dans le district de Kelbajar ont été démenties par la partie arménienne. De même que celles concernant des tirs en direction d’Aghdam dans le district de Tovouz, et en direction de Zaylik dans le district de Kelbadjar dans la nuit du 31 mai au 1er juin. De nouvelles accusations sont venues de la partie azerbaïdjanaise le 3 juin concernant des tirs en direction de des colonies de Zaylik et Yellija dans le district de Kelbajar, encore démenties par la partie arménienne.
Parallèlement, les manifestations antigouvernementales, qui ont commencé le 1er mai, se sont poursuivies en Arménie cette semaine, menées par le mouvement « Résistance » soutenu par les anciens présidents arméniens, Robert Kotcharian et Serge Sarkissian, suscitant les critiques de la « défenseure des droits humains», Kristine Grigorian, concernant des actions policières « disproportionnées » lors de la manifestation du 30 mai au cours de laquelle les opposants ont tenté de pénétrer dans un bâtiment administratif du gouvernement et qui a donné lieu à la détention de plus d’une centaine de personnes et 4 blessés. Les manifestants qui ont aussi dénoncé le 31 mai une manipulation gouvernementale des données liées aux pertes de la dernière « guerre de 44 jours » ont réclamé une session parlementaire extraordinaire pour le 3 juin, qui n’a finalement pas eu lieu.
Le 28 mai, le ministère arménien des Affaires étrangères avait vivement critiqué les propos du président azerbaïdjanais Ilham Aliev qui, selon lui, « démontrent une fois de plus l’approche non constructive, l’interprétation arbitraire et fausse des accords, ainsi que la poursuite de politique agressive et belliciste de la partie azerbaïdjanaise » et « remettent sérieusement en question la sincérité des intentions de l’Azerbaïdjan de parvenir à la paix dans la région » tout en rappelant que « le mandat international que la coprésidence du Groupe de Minsk de l’OSCE reçu en 1995 pour soutenir le règlement global du conflit du Haut-Karabakh existe bel et bien ». Il a également déclaré : « Nous pouvons présenter un document valide signé par le président de l’Azerbaïdjan, qui déclare que le Haut-Karabakh existe. C’est la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020. En signant ce document, le président azerbaïdjanais a reconnu l’existence du Haut-Karabakh et c’est un fait irréversible. […] La coprésidence du Groupe de Minsk de l’OSCE a été soulignée dans la déclaration conjointe du Premier ministre arménien et du président russe publiée le 19 avril de cette année. Lors du sommet du Conseil ministériel de l’OSCE à Stockholm en décembre 2021, des dizaines de ministres des affaires étrangères ont souligné le rôle exclusif de la coprésidence du groupe de Minsk de l’OSCE dans le processus de règlement du conflit du Haut-Karabakh. Le Groupe de Minsk de l’OSCE n’a pas été créé par l’Azerbaïdjan, mais par la communauté internationale. Par conséquent, l’Azerbaïdjan ne peut pas le dissoudre ni considérer sa mission comme accomplie. La même communauté internationale déclare aujourd’hui que le Groupe de Minsk de l’OSCE existe et, comme je l’ai mentionné, elle déclare qu’il y a un conflit du Haut-Karabakh qui doit être résolu ».
Le président azerbaïdjanais avait, en effet, déclaré, de façon véhémente, à l’occasion de l’inauguration de la première phase du projet de « ville intelligente » de la localité d’Agali dans le district de Zangilan et de sa rencontre avec des personnes déplacées internes le 27 mai : « Un jour après la déclaration de notre indépendance étatique, la République démocratique d’Azerbaïdjan a cédé notre ancienne ville d’Erevan à l’Arménie, et ce fut un crime impardonnable […] En novembre 1920, par décision du gouvernement soviétique, notre terre historique de Zanguezour occidental a été séparée de l’Azerbaïdjan et annexée à l’Arménie sans aucun motif. […] Et tous les toponymes du Zanguezour occidental dans l’actuelle Arménie, la composition nationale de tous les villages appartenait au peuple azerbaïdjanais. […] La situation était presque la même après que l’Azerbaïdjan moderne ait retrouvé son indépendance. Car en deux ans, d’octobre 1991 à 1993, l’Arménie a commis un nouvel acte d’agression contre l’Azerbaïdjan. Quatre mois après la déclaration d’indépendance, l’État arménien a commis le génocide de Khodjali contre notre peuple. Trois mois plus tard, Choucha était occupée, Latchin était occupée et en avril 1993, Kelbajar était occupée. Ainsi, une connexion a été établie entre l’Arménie et le Karabakh. […] Aujourd’hui, le facteur de puissance est au premier plan. Je l’ai dit il y a dix ans déjà. Tous mes discours sont disponibles dans les médias. J’ai dit que le droit international ne fonctionnait pas. […] Le facteur de puissance continuera à dominer le monde. L’histoire récente le montre aussi. Par conséquent, nous devons continuer à être forts et à devenir plus forts. Aujourd’hui, nos indicateurs économiques sont très positifs. Je peux dire que l’Azerbaïdjan est l’un des pays à la croissance la plus rapide au monde. […] Quant au territoire administratif du Haut-Karabakh, ce nom n’existe pas sur le territoire de l’Azerbaïdjan. Par conséquent, le mot Haut-Karabakh n’est pas dans le lexique des organisations internationales, et la récente réunion de Bruxelles l’a encore montré. […] Le conflit du Haut-Karabakh a été résolu et le groupe de Minsk a achevé ses activités. J’ai exprimé mon point de vue sur le groupe de Minsk, il n’est pas nécessaire de le répéter, et nous sommes maintenant dans une période post-conflit. […] La première réunion des commissions frontalières s’est tenue à la frontière azerbaïdjanaise-arménienne le 24 mai. […] il met fin automatiquement aux revendications territoriales faites contre l’Azerbaïdjan par les forces revanchardes et fascistes en Arménie. […] Nous avons dit qu’un accord de paix devait être signé entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. L’Arménie essayait d’éviter cela parce qu’un accord de paix signifie une reconnaissance mutuelle de l’intégrité territoriale des pays. Mais en conséquence, nous y sommes parvenus et l’Azerbaïdjan a déjà défini son groupe de travail. Un autre problème critique est l’ouverture du corridor de Zanguezour. L’Arménie a toujours essayé d’empêcher que cela se produise. Mais encore une fois, regardez la déclaration officielle de la réunion de Bruxelles. Il a déjà été déterminé que le chemin de fer et l’autoroute passeront par Meghri et Zanguezour. […] Si l’Arménie a des exigences particulières, elle doit savoir que nous pouvons aussi avoir de nombreuses exigences. Notre ancienne terre de l’ouest de Zanguezour n’est pas loin d’ici. Avons nous une revendication territoriale contre l’Arménie ? Nous n’en avons pas. Mais s’ils ont une revendication territoriale contre nous, pourquoi pas nous aussi? […] Après la guerre russo-iranienne, les Arméniens ont été déportés en grand nombre d’Iran et d’Anatolie orientale au début du XIXe siècle et se sont installés en Azerbaïdjan et au Karabakh. Nous le savons tous parfaitement. Quant à la création de la région autonome du Haut-Karabakh en 1923, elle n’avait aucun fondement. […] Pourquoi est-ce que je dis ça ? Parce que les nazis en Arménie essaient toujours de se révolter, et ils pensent que s’ils étaient au pouvoir, l’issue de la guerre aurait été différente. Absolument pas! Ils pensent que s’ils arrivent au pouvoir, ils peuvent obtenir quelque chose. Absolument pas! Au contraire, ils doivent s’asseoir et ne pas regarder dans notre direction s’ils ne veulent pas qu’on leur écrase à nouveau la tête ».