23/01/2022 : Démission du président arménien Armen Sarkissian.
Le président de la République d’Arménie a présenté sa démission le 23 janvier par le biais d’une déclaration sur le site de la présidence expliquant que « le président n’a pas les outils nécessaires pour influencer les processus importants de politique étrangère et intérieure en des temps difficiles pour le peuple et le pays ». Élu le 2 mars 2018, juste avant la « révolution de velours » qui a porté Nikol Pachinian au pouvoir en qualité de premier ministre, son pouvoir essentiellement symbolique lui permettait néanmoins d’intervenir dans les projets de modifications constitutionnelles voulues par Nikol Pachinian, ce dont il s’est abstenu en juin 2020 permettant ainsi la dissolution de la Cour constitutionnelle et le renouvellement de ses juges. Suite à la défaite arménienne dans la guerre du Karabakh, il avait appelé à la démission de Nikol Pachinian et à la constitution d’un gouvernement d’ «accord national» tout en refusant de signer l’ordre de licenciement de son rival concernant le chef d’État major des armées alors que les officiers supérieurs demandait la démission du premier ministre lui même. Cette démission intervient alors que se précisent des accords avec l’Azerbaïdjan concernant l’aménagement de voies de transport contestées dans le pays et qu’un processus de normalisation des relations avec la Turquie est amorcé. Des rumeurs ont ainsi courues au sujet de la signature de potentiels nouveaux documents avec l’Azerbaïdjan ou au sujet de sa nationalité acquise dans le paradis fiscal de Saint-Christophe-et-Niévès, dont la procédure de renonciation initiée en 2013 n’était pas arrivée à son terme en 2017 alors que la Constitution spécifie qu’un candidat doit n’avoir détenu que la nationalité arménienne dans les 6 ans précédant sa prise de poste. La vacance de son poste devrait, selon la Constitution, donner lieu à des élections anticipées dans les 35 jours, date avant laquelle le président de l’Assemblée Nationale, Alen Simonian doit assumer ces responsabilités par intérim. Arayik Haroutiounian serait pressenti pour être le candidat du parti au pouvoir « Contrat civil » lors de ces élections.
24- 28/01/2022 : Accusations réciproques de violation du cessez-le-feu arméno-azerbaïdjanais.
Suite aux dénonciations des autorités de facto du Haut-Karabakh concernant des tirs sporadiques azerbaïdjanais sur des structures militaires et civiles près du village de Karmir Shuka, les autorités azerbaïdjanaises ont, à leur tour, dénoncé, le 28 janvier, des bombardements arméniens dans le district de Tovuz depuis la ville de Chinarli en direction du village de Kokhanebi qui auraient eu lieu la veille.
24/01/2022 : Discussion téléphonique entre les MAE géorgien et ukrainien : les deux pays se serrent les coudes sur fond de proposition américaine à la Russie et malgré les propos du vice-amiral allemand Kay-Achim Schönbach.
Les ministres des affaires étrangères géorgien et ukrainien, Davit Zalkaliani et Dmitro Kuleba, se sont entretenus par téléphone le 24 janvier avant de publier un communiqué de presse commun dans lequel la partie géorgienne a exprimé son « ferme soutien pour le pays confronté à une situation difficile». Les échanges ont donné lieu à une évaluation positive du soutien des partenaires internationaux et à un examen des développements et processus en cours à la frontière ukrainienne. Tbilissi n’a pas l’intention d’évacuer les membres des familles et des membres de leur ambassade. Ils ont également abordé les développements du « Trio associé » et des projets économiques du GUAM.
Pour rappel, des propos tenus par le vice-amiral en chef de la marine allemande, Kay-Achim Schönbach, le 21 janvier lors d’un événement organisé par le groupe de réflexion IDSA à New Dheli, selon lesquels : « l’Ukraine, bien sur, ne peut pas répondre aux exigences [d’adhésion à l’OTAN] parce qu’elle est occupée au moins dans la région du Donbass par l’armée russe ou par ce qu’ils appellent les milices » ; « Prenez d’autres pays comme la Géorgie. La Géorgie souhaite devenir membre. Répondent-ils aux exigences ? Oui. Est-il judicieux de les avoir comme membre ? Non » ; « Ce qu’il [Poutine] veut vraiment, c’est le respect » et « la péninsule de Crimée a disparu : elle ne reviendra jamais, c’est un fait » avait conduit à sa démission le lendemain suite à une crise diplomatique entre l’Ukraine et l’Allemagne.
Jeans Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN a réaffirmé le 26 janvier la politique de la « porte ouverte » de l’organisation vis à vis de l’Ukraine et de la Géorgie dans un discours annonçant l’envoi de plusieurs propositions écrites de Washington et de l’OTAN à Moscou : rétablissement des bureaux respectifs de la Russie et de l’OTAN à Bruxelles et à Moscou ; mise en place d’une ligne d’assistance téléphonique civile d’urgence; et pleine utilisation des canaux de communications pour promouvoir la transparence et réduire les risques. Il a également demandé à nouveau le retrait des forces russes d’Ukraine, de Géorgie et de Moldavie, tout en se disant prêt à renforcer les principes fondamentaux en matière de sécurité formulés et souscrits lors des accords d’Helsinki. Il a également proposé la modernisation du Document de Vienne sur la transparence militaire, la réduction des menaces spatiales et cybernétiques, la prévention des risques dans les airs et en mer, le respect des engagements sur les armes chimiques et biologiques et le contrôle des armements nucléaires et missiles terrestres à portée courte et intermédiaire.
24/01/2022 : Déclarations de Nikol Pachinian favorables à la délimitation des frontières et à la signature d’un traité de paix avec l’Azerbaïdjan.
Deux jours après la discussion téléphonique du 22 janvier entre le président russe, Vladimir Poutine, et le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, à l’initiative de ce dernier, pendant laquelle a été réaffirmée la pertinence de la continuation du travail sous l’égide des trois co-présidents du groupe de Minsk et durant laquelle les deux interlocuteurs ont abordé les questions de coopération des deux pays dans le cadre de l’OTSC ou l’avancée des négociations avec les États-Unis au sujet de la crise ukrainienne, Nikol Pachinian a donné le 24 janvier une conférence de presse sur facebook. Il y a notamment qualifié la rhétorique azerbaïdjanaise et les menaces de Ilham Aliev, le président azerbaïdjanais de « reflet en miroir des déclarations arméniennes après 1994» et il a appelé à faire la distinction « entre les aspects émotionnels et rationnels » de son discours. Il a, à cette occasion, souligné les priorités de son gouvernement : démarcation de la frontière arméno-azerbaïdjanaise, signature d’un traité de paix, normalisation des relations avec la Turquie, et résolution de la crise politique interne. Il a rappelé les déclarations récentes du ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, selon lesquelles les problèmes de délimitation et de démarcation frontalière ne sont pas relatifs au règlement du problème du Karabakh et également, concernant le rapprochement avec la Turquie, que l’Arménie n’avait aucune revendication territoriale vis à vis de son voisin turc. Il a annoncé également la possible participation de la partie arménienne au Forum diplomatique d’Antalya à laquelle elle est invitée. Mevlut Cavusoglu, le ministre des affaires étrangères turc a réitéré, le 27 janvier, son invitation du 20 janvier du premier ministre mais également du représentant spécial pour la normalisation des relations, Ruben Rubinian, et du ministre des affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, à cet événement qui aura lieu du 11 au 13 mars prochain. Nikol Pachinian a également assuré que « l’OTSC n’écrasera pas les manifestations en Arménie » et annoncé un coût minime pour la construction du chemin de fer « Yerashk – Joulfa – Meghri – Horadiz ».
24/01/2022 : La dépouille d’un soldat arménien rendue par la partie azerbaïdjanaise.
Le 24 janvier, l’Azerbaïdjan a restitué à l’Arménie la dépouille d’un soldat arménien retrouvé à Vorotan, ce qui porte le nombre total de corps retrouvés dans la zone de conflit à 1708, selon le service d’urgence du Haut-Karabakh. Le 13 janvier, un corps avait été retrouvé à Matagis par les sauveteurs du Karabakh tandis qu’un autre avait été retrouvé le 19 janvier près de Djabraïl. Selon les autorités arméniennes, 220 personnes sont encore portées disparues.
25/01/2022 : Discours critique de l’ambassadrice américaine à l’occasion du 30ème anniversaire des relations diplomatiques entre la Géorgie et les États-Unis.
Kelly Degnan a prononcé un discours le 25 janvier à l’occasion du 30ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et la Géorgie durant lequel elle a abordé la partenariat stratégique bilatéral, la coopération en matière de sécurité et les relations historiques mais aussi les institutions « sous développées » de la Géorgie. Elle a notamment relevé que les institutions politiques, juridiques et de gouvernance de la Géorgie « ne répondent pas à ses idéaux démocratiques » et sont « entravées par un environnement politique hautement partisan et polarisé ». Elle a déclaré à cette occasion que « les institutions démocratiques impartiales sont la meilleure défense contre les tendances autocratiques et ceux qui feront presque n’importe quoi pour conserver le pouvoir ». Son discours a été particulièrement agressif vis à vis des stratégies russes dans la région : « le Kremlin semble déterminé à utiliser tout son éventail de pouvoirs pour fomenter la confusion et approfondir les divisions dans le but de saper la souveraineté, l’unité et la stabilité de la Géorgie [….] C’est le seul pays qui masse des troupes à la frontière de ses voisins. C’est la Russie qui a écrasé la première république de Géorgie en 1921, qui a profané les églises géorgiennes et tenté d’étouffer sans succès la langue géorgienne».
26/01/2022 : Désaccords parlementaires géorgiens sur le projet de résolution conjointe en faveur de l’Ukraine.
Les négociations multipartites pour rédiger une résolution commune en faveur de l’Ukraine ont échoué le 26 janvier en raison du refus du parti au pouvoir de nommer spécifiquement la Russie dans le texte y relatif. Le 24 janvier, les députés de l’opposition géorgienne (les partis MNU, Lelo et Stratégie Aghmachenebeli) avaient appelé le parti au pouvoir «Rêve géorgien» à des pourparlers parlementaires en vue de la rédaction d’une résolution multipartite soutenant l’Ukraine ainsi qu’ils avaient exhorté le premier ministre Irakli Garibashvili à convoquer une session prolongée du Conseil de sécurité national avec la participation de l’opposition pour examiner les risques de la poursuite du renforcement militaire russe aux frontières de l’Ukraine. La veille, plusieurs dizaines de citoyens géorgiens s’étaient aussi réunis devant l’ambassade d’Ukraine pour manifester leur soutien à Kiev. Le parti Droa (« Il est temps ») a lancé une pétition alternative en ligne en soutien à l’Ukraine le 28 janvier.
28/01/2022 : Pétition des ONG abkhazes contre la loi sur les « agents étrangers » des ONG
Le 28 janvier, plus de 350 militants et citoyens abkhazes ont signé une pétition à l’encontre de la loi sur les agents étrangers des ONG soutenue par Moscou dans le cadre d’un accord de 2020 concernant un programme socio-économique commun, et qu’ils ont adressé au président de facto Aslan Bzhania, au premier ministre Alexander Ankvab, et au président du Parlement, Valeri Kvarchia. Ils y dénoncent « un outil répressif » ravivant les « schèmes idéologiques du passé totalitaire de l’ère soviétique » qui «conduira inévitablement à la liquidation du secteur non gouvernemental». Ils y insistent aussi sur le danger de renforcer «la fausse thèse géorgienne de l’occupation» que «les ONG abkhazes combattent en utilisant des plateformes internationales influentes».
28/01/2022 : Dénonciation géorgienne d’actes de délimitation illégale de la frontière en Ossétie du sud.
Les services de sécurité de l’État géorgien ont dénoncé le 28 janvier des actes illégaux de délimitation de la frontière par les autorités de facto sud-ossètes dans les villages de Mezhvriskhevi et de Dhzariasheni. Ces services ont dénoncé des « activités destructrices illégales » qu’ils ont communiqué à la mission d’observation de l’UE et aux co-présidents des Discussions Internationales de Genève.
28/01/2022 : Manifestations à Erevan demandant la reconnaissance du Haut-Karabakh.
Le 28 janvier, des migrants arméniens du Karabakh ont organisé une manifestations à Erevan enjoignant les autorités arméniennes de reconnaître le Haut-Karabakh comme État indépendant et de leur accorder le statut de réfugiés. Pour rappel, il y a actuellement 40 000 migrants dans cette situation dont 25 000 à Erevan suite à la guerre de 44 jours pour lesquels le gouvernement a renouvelé le 27 janvier le programme de soutien à leur attention.