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VEILLE SUD-CAUCASE – du 14 mai au 20 mai 2022

13/05/2022 : Signature d’un décret par l’ancien président sud-ossète Anatoli Bibilov sur un référendum sur l’unification de la « République » avec la Russie et ratification par la Douma de l’accord sur la double nationalité.

L’ancien président sud-ossète, Anatoli Bibilov, défait aux élections présidentielles du 8 mai a signé le 13 mai un décret sur un référendum sur la question « Soutenez-vous l’unification de la République d’Ossétie du sud et de la Russie ? » qui devrait avoir lieu le 17 juillet prochain.

Le nouveau « président » élu Alan Gagloev qui doit prendre ses fonctions le 24 mai a déclaré le lendemain : « En tant que fils de ma patrie et président de la République d’Ossétie du Sud élu par le peuple, je soutiens pleinement l’idée de réunir le peuple ossète divisé au sein d’une Russie unie. Une autre question est de savoir si le moment historique est maintenant venu le moment où il est nécessaire de publier un décret sur la convocation d’un référendum et d’accélérer sa tenue
[…] Pour ceux qui ont oublié, permettez-moi de vous rappeler qu’en 2014, sans l’accord avec la Russie, des référendums sur la réunification ont eu lieu dans les Républiques populaires de Lougansk et de Donetsk. 8 ans ont passé et on voit qu’ils n’ont pas encore atteint leur objectif. […] Je ne comprends pas comment il a été possible de ne pas s’entendre sur la date du référendum avec le président élu d’Ossétie du Sud, sachant qu’il devrait mettre en œuvre l’ensemble des mesures pour le référendum, et, de surcroît, pendant une période de changement de personnel. […] Anatoli Bibilov a-t-il réfléchi à la qualité de la préparation du référendum et de ses résultats dans une telle situation ? Pour ma part, je tiens à assurer le peuple d’Ossétie du Sud – l’État d’Alania, que mes actions liées à l’annonce le référendum visera à respecter les normes juridiques internationales, à tenir des consultations et à mettre en œuvre des accords avec la Fédération de Russie ».

Il a ainsi tenté de modérer la précipitation de son prédécesseur en rappelant le rôle et la volonté nécessaire du partenaire russe : « en tant que partenaire stratégique fiable de la Fédération de Russie et partie adéquate aux relations contractuelles, la République d’Ossétie du Sud est tenue de respecter l’article 1 du traité d’alliance et d’intégration avec la Fédération de Russie. Il y est dit que « les parties contractantes poursuivent une politique étrangère coordonnée, qui implique un examen mutuel des intérêts des parties contractantes dans divers domaines de coopération, s’informant mutuellement des actions entreprises à cet égard ».

Le 16 mai, le patriarcat orthodoxe géorgien a déclaré que le message du patriarche russe Kirill de félicitations au nouveau « président » d’Ossétie du sud le 13 mai « [soulevait] des malentendus » et qu’ « il [était] regrettable qu’aujourd’hui, alors que toute tentative de renforcer les relations entre les Églises orthodoxes [s’avérait] cruciale, de telles mesures soient prises qui affectent négativement l’état actuel des choses et compliquent la situation ».

Le 18 mai, Dimitri Peskov, porte parole du Kremlin, a déclaré à ce sujet que cela était « le reflet de l’humeur générale et de l’attitude des habitants de la république, et de l’ancien chef de cette république » mais que « pour le moment, cependant, en ce qui concerne la Russie, aucune mesure [n’était] prise dans cette affaire ». Le 19 mai, Andreï Rudenko, vice ministre des Affaires étrangères russe, a déclaré, alors que la Douma venait de ratifiait l’accord sur la double nationalité entre l’Ossétie du sud et la Russie signé le 20 septembre dernier, que la décision d’inclure la « république » nécessitait de prendre en compte plusieurs facteurs notamment « la situation géopolitique actuelle ». Le même jour, Grigori Karasin, directeur du comité des affaires internationales du Conseil de la Fédération de Russie et interlocuteur du représentant spécial du Premier ministre géorgien pour la Russie, Zurab Abashidze, a informé s’être entretenu de cette question avec la partie géorgienne. Konstantin Zatulin, premier vice-président de la commission de la Douma chargée des affaires de la CEI, de l’intégration eurasienne et des relations avec les compatriotes a déclaré, quant à lui, « Je respecte Anatoli Ilitch [Bibilov], mais ses actions actuelles sont pas tout à fait correctes : puisque vous avez perdu les élections, le nouveau président élu devrait être celui qui appelle le référendum. Et si vous le faites par envie de faire une action de dernière minute, ce n’est pas agréable. Ce référendum n’est pas approprié pour la Russie maintenant ».

14/05/2022 : Participation de la Géorgie aux exercices militaires conjoints « Trojan Footprint » avec les États-Unis.

Pour la deuxième année consécutive, la Géorgie a participé entre le 3 et le 14 mai aux exercices militaires conjoints « Trojan Footprint » avec le commandement des opérations spéciales des États-Unis en Europe (SOCEUR) qui vise à améliorer les capacités des forces d’opération spéciales, l’augmentation de l’intégration avec les forces opérationnelles et le renforcement de l’interopérabilité avec les membres de l’OTAN. Ces exercices ont été menés en Géorgie aux côtés d’unités des États-Unis, du Royaume-Uni, de Roumanie et d’Espagne.

14/05/2022 : Arrestations de journalistes et de militants des droits humains à Bakou

Le 14 mai, une manifestation sur la Place des Fontaines à Bakou qui avait pour slogan « nous ne voulons pas d’État criminel » a fait l’objet de l’arrestation d’une trentaine de militants avant l’événement et plusieurs dizaines de personnes le jour même. Cette manifestation fait suite à l’attaque au couteau de la journaliste azerbaïdjanaise Ayten Mammadova.

16/05/2022 : Déclarations critiques du Premier ministre arménien au Sommet de l’OTSC

Le sommet de l’OTSC à Moscou a réuni le 16 mai le président de Biélorussie, Alexandre Loukachenko, le président du Kazakhstan Kassim Jomart Tokayev, le président de la République kirghize Sadyr Japarov, le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine, le président du Tadjikistan Emomali Rahmon, et le secrétaire général de l’OTSC Stanislav Zas, pour les 30 ans de la signature du Traité de sécurité collective et les 20 ans de la création de l’organisation.

A cette occasion, Vladimir Poutine a particulièrement insisté sur « la question de la garantie de la sécurité biologique » en déclarant « cela fait déjà longtemps que nous tirons la sonnette d’alarme sur l’activité militaro-biologique américaine dans l’espace post-soviétique. Comme vous le savez, le Pentagone a créé des dizaines de bio-laboratoires et centres spécialisés dans notre région commune, et ils ne sont en aucun cas engagés dans la fourniture d’une assistance médicale pratique à la population des pays où ils ont déployé leurs activités. Leur tâche principale est de collecter du matériel biologique et d’étudier à leurs propres fins les spécificités de la propagation des virus et des maladies dangereuses » et en demandant « la mise en œuvre rapide de l’initiative russe visant à lancer les travaux d’un conseil spécialisé dans le cadre de l’OTSC ». Tout en demandant aux membres de l’OTSC d’ «intensifier la coopération avec [les] partenaires « naturels » de l’Organisation de coopération de Shanghai et de la Communauté des États indépendants » , il a suggéré « d’accorder à la CEI un statut d’observateur au sein de l’OTSC ».

Le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, pour sa part, s’il a réaffirmé qu’il considérait l’organisation comme un « facteur clé pour assurer la sécurité de la République d’Arménie ainsi que la sécurité et la stabilité dans la région eurasienne » a néanmoins insisté sur « la nécessité de poursuivre les travaux pour assurer la coordination des positions » entre ses membres. En effet, il a déclaré : « comme vous le savez, l’année dernière, ces jours-ci, les troupes azerbaïdjanaises ont envahi le territoire souverain de l’Arménie pour lancer les mécanismes prévus par la disposition sur la Réponse de l’OTSC aux situations. Ce document a été approuvé par le Conseil de sécurité collective, mais, malheureusement, nous ne pouvons pas dire que l’organisation a réagi comme la République d’Arménie s’y attendait. Depuis longtemps, nous soulevons la question des ventes d’armes par les États membres de l’OTSC à des pays non amis de l’Arménie. En conséquence, ces armes ont été utilisées contre le peuple arménien d’Arménie. C’est aussi un problème, pour être honnête, la réaction des États membres de l’OTSC pendant la guerre de 44 jours en 2020, après la guerre, n’a pas dérangé la République d’Arménie et le peuple arménien. Mais je voudrais souligner le rôle particulier du président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, et de Vladimir Poutine dans la fin de la guerre du Haut-Karabakh, aux annonces trilatérales du 11 janvier 2021 et du 26 novembre 2021 ».

16/05/2022 : L’emprisonnement du directeur de la chaîne d’opposition Mtavari Arkhi TV soulève l’opposition de la société civile au gouvernement géorgien.

Le tribunal municipal de Tbilissi a condamné le 16 mai, le directeur de la chaîne d’opposition Mtavari Arkhi TV, Nika Gvaramia, à trois ans et demi de prison pour abus de pouvoir sur les décisions de gestion et pour détournement de fond. Ce directeur aurait conclu un accord avec le centre Porsche de Tbilissi pour l’obtention d’un véhicule en échange de prix réduits pour la diffusion publicitaire sur sa chaîne actuelle comme sur Rustavi 2 en 2015. Nika Gvaramia avait auparavant demandé la récusation du juge chargé de l’affaire, Lasha Ckhivadze, pour avoir été ami d’enfance d’un témoin de l’enquête et salarié d’une holding détenant des parts dans la chaïne Rustavi 2, Zaza Gvelesiani. Par ailleurs, la plainte date de l’époque où Kibar Khalvashi a pris la direction de cette chaîne et renvoyé Nika Gvaramia qui a créé alors Mtavari Arkhi TV.

Amnesty International et Human Rights Watch ont dénoncé cet emprisonnement. La directrice d’Amnesty International pour l’Europe de l’est et l’Asie centrale a notamment déclaré le lendemain : « la condamnation de Nika Gvaramia est un acte flagrant de poursuites à motivation politique en représailles à ses opinions dissidentes et à ses critiques des autorités […] les inquiétudes croissantes concernant le déclin de la liberté des médias en Géorgie et expose l’influence croissante du gouvernement sur les tribunaux dans un certain nombre d’affaires visant à museler leurs détracteurs et opposants » tout en appelant à sa libération immédiate. Giorgi Gogia, directeur associé de la division Europe et Asie centrale de HRW a quant à lui dénoncé de « fausses accusations d’abus de pouvoir » et déclaré que cet emprisonnement était « un coup dur porté à la liberté des médias et à l’État de droit en Géorgie ». L’ « association géorgienne des jeunes avocats » (GYLA) a déclaré que cette condamnation était « illégale et politiquement motivée ». 42 organisations de la société civile ont déclaré dans un communiqué conjoint le 17 mai que cette peine était « un avertissement et une menace pour les autres médias indépendants d’arrêter la couverture critique de la performance du gouvernement, de cesser les activités de surveillance et de s’abstenir de la divulgation de faits indésirables pour le gouvernement ». De même les médias en ligne indépendants Publika, Netgazeti et l’alliance géorgienne des radiodiffuseurs régionaux réunissant 45 médias régionaux ont dénoncé cette condamnation comme « un mouvement politiquement motivé ». Les chaînes de TV Mtavari Arkhi, Formula, Pirveli et Kavkazia ont quant à elle publié une déclaration affirmant : «  l‘arrestation de Nika Gvaramia est un signal direct à l’Occident que la Géorgie est un pays otage des oligarques russes et qu’elle est contrôlée par les méthodes de Poutine. L’arrestation de Gvaramia signifie le rejet par la Géorgie de l’Europe et de l’OTAN. Cela est particulièrement évident à la lumière de la candidature de la Géorgie à l’adhésion à l’UE. De plus, la position du régime « Rêve géorgien » concernant la guerre en cours en Ukraine indique que les autorités se sont éloignées du monde civilisé, et une autre preuve en est l’arrestation de Nika Gvaramia ».

Une déclaration critique de plusieurs députés européens a qualifiée ce jugement de « sans fondement », ce qui a fait l’objet des critiques du député Nikoloz Salkharadze en ces termes : « je doute que les documents soient entièrement traduits en anglais et que ces messieurs et dames aient eu suffisamment de temps pour le lire. Par conséquent, tout cela est basé sur des perceptions ». Ned Price, le porte parole du département d’État américain, s’est exprimé sur le sujet en réponse à des questions des journalistes et en déclarant : « Nous avons été assez clairs, assez francs avec nos partenaires géorgiens sur la nécessité continue de renforcer les piliers de la démocratie que nous voulons voir renforcés en Géorgie ».  

Le 19 mai, plusieurs centaines de manifestants se sont réunis à Tbilissi pour protester contre cette décision et exigeant la libération immédiate de Nika Gvaramia le considérant comme un prisonnier politique. De la Place de la République au Parlement puis au siège de la chaîne de télévision les manifestants ont défilé avec des banderoles avec des slogans tels que « le choix européen de la Géorgie est en danger », « le gouvernement combat les médias » ou « solidarité avec Mtavari ».

16-18/05/2022 : Rencontre des dirigeants géorgiens avec les responsables de l’Union européenne et de l’OTAN.

Le Premier ministre géorgien, Irakli Garibashvili, a rencontré le 17 mai à Bruxelles, en compagnie du ministre des Affaires étrangères, Ilia Darchiashvili, le président du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, dans le cadre de la demande d’adhésion de la Géorgie à l’UE. Charles Michel a ainsi déclaré que « l‘UE [s’était] engagée à renforcer davantage le partenariat avec la Géorgie » mais que « des réformes sur le processus de démocratisation et l’État de droit [étaient] plus que jamais nécessaires ». Robertsa Metsola a également pointé « les réformes du système judiciaire, de l’État de droit, de la liberté des médias, des LGBTIQ+ et des droits de l’homme » qui « restent cruciaux pour la voie européenne du pays » tout en réaffirmant que « la Géorgie [appartenait] à la famille européenne ». Le lendemain, il a également rencontré Jens Soltenberg, secrétaire général de l’OTAN qui a réitéré son soutien plein à « la souveraineté, l’intégrité territoriale et le droit de chaque nation de choisir sa propre voie » ainsi que le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell qui a souligné « l’importance de la coopération entre les partis et de l’unité entre les forces politiques nationales, qui sont essentielles pour réaliser des progrès concrets et rapides sur les priorités de réforme cruciales dans le renforcement de la démocratie en Géorgie » tout en disant l’UE prête à aider la Géorgie « à lutter contre la polarisation politique intérieure ; mettre sur les rails un programme de réforme judiciaire inclusif et crédible ; et mettre en œuvre les réformes constitutionnelles convenues à cet égard » et le commissaire européen chargé du voisinage et de l’élargissement, Olivér Várhelyi, qui a déclaré que « l’UE [continuait] d’apporter son soutien pour aider la Géorgie à faire face à l’impact de la guerre de la Russie contre l’Ukraine » .

Parallèlement, Ilia Darchiashvili a également rencontré ses homologues français et bulgare à Bruxelles, Jean-Yves le Drian et Teodora Genchovska, le 18 mai, pour aborder avec le premier les prochaines étapes de l’adhésion du pays à l’UE et avec la seconde le renforcement des liens économiques et des routes de transit à travers la mer Noire.

Le 18 mai, c’est le chef des forces de défense géorgiennes, Giorgi Matiashvili, qui a rencontré l’amiral Rob Bauer, président du comité militaire de l’OTAN à Bruxelles, afin de lui faire part des  transformations en cours au sein des forces de défense géorgiennes ainsi que des initiatives menées dans le cadre du paquet substantiel OTAN-Géorgie (SNPG). Il a également assisté à la réunion du comité militaire de l’UE qui a également rencontré des délégations de Macédoine du nord, du Monténégro, de Serbie, de Bosnie-Herzégovine et de Moldavie. Les chefs d’état major de l’UE ont ainsi discuté  implications de la guerre en Ukraine, de la boussole stratégique et des missions et opérations militaires de la Politique de Sécurité et de Défense Commune (PSDC).

17/05/2022 : Organisation de la « Journée de la Sainteté de la Famille » par l’Église orthodoxe géorgienne en réaction à la « Journée internationale contre l’homophobie ».

Le 17 mai, l’Église orthodoxe géorgienne a organisé sa « Journée de la Sainteté de la Famille » réunissant plusieurs milliers de personnes au centre ville de Tbilissi dont certains ont assisté au service religieux de l’église de Kashveti avant de se rendre en procession à la cathédrale de Sion avec des icônes à la main. L’axe principal de circulation de la capitale, l’avenue Rustaveli, a été fermé pour l’occasion. Ce jour a été choisi depuis 2014 en réaction à la « Journée internationale contre l’homophobie » qui a notamment donné lieu à une table ronde organisée par « Tbilissi Pride » et ouverte par la Défenseure publique Nino Lomjaria qui a évoqué les répressions contre les journalistes couvrant la Marche des fiertés LGBTQ du 5 juillet dernier et critiqué le gouvernement pour son bilan concernant le droit de réunion des homosexuels dans le pays. Elle a ainsi déclaré : « Pendant plusieurs années, le Défenseur public a appelé les hauts fonctionnaires à faire des déclarations en faveur de certains groupes. Maintenant, nous vivons dans une réalité où nous devons demander aux hauts fonctionnaires de s’abstenir de faire des déclarations qui incitent à la violation des droits de la communauté ».

17/05/2022 : 3ème conférence générale de l’Assemblée parlementaire de l’OCE à Bakou.

La 3ème conférence générale de l’Assemblée parlementaire de l’Organisation de Coopération Économique (OCE) a réuni le 17 mai à Bakou plusieurs délégations parlementaires conduites par Mustafa Sentop, président de l’Assemblée nationale de Turquie, Raja Pervez Ashraf, président de l’Assemblée nationale pakistanaise, Ali Nikzad, vice-président de l’Assemblée consultative islamique de la République islamique d’Iran, Balaim Kessebaïeva, vice-présidente du Majlis de la République du Kazakhstan, Nourdinjon Ismoilov, président de la Chambre législative de l’Oliy Majlis de l’Ouzbékistan, Ulan Primov, vice-président du Jogorku Kenesh de la République kirghize, et les membres de la Chambre des représentants du Tadjikistan. Cette conférence a été présidée par la présidente du Parlement azerbaïdjanais, Sahiba Gafarova, et a donné lieu à la signature de la Déclaration de Bakou saluée par le secrétaire général de l’Assemblée parlementaire de l’OCE, Tahir Hussain.

18-19/05/2022 : Visite du président lituanien à Bakou et Erevan et déclarations sur le processus de résolution du conflit avec l’Arménie.

Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a rencontré le 18 mai le président lituanien, Gitanas Nausèda, afin de discuter des perspectives d’élargissement de la coopération bilatérale, notamment dans le domaine de l’énergie. Le président lituanien a ainsi déclaré « Nous considérons l’Azerbaïdjan comme un partenaire fiable dans le secteur de l’énergie […] La Lituanie pourrait proposer des solutions à l’Azerbaïdjan dans le domaine des énergies renouvelables, en particulier de l’énergie solaire ». Le président azerbaïdjanais a abordé la question de la résolution du conflit avec l’Arménie en affirmant vouloir « voir le Caucase du Sud comme une région de paix, de coopération et d’interaction » et en déclarant « Je pense qu’après la deuxième guerre du Karabakh, il y a une opportunité de créer ce format de coopération. Nous avons également échangé des vues à ce sujet avec nos collègues géorgiens qui considèrent également cette option de manière très positive, mais malheureusement, l’Arménie n’est pas disposée jusqu’à présent à donner un début, un premier début à un format trilatéral d’interaction dans le Caucase du Sud […] Lors d’une réunion initiée par le président du Conseil européen, M. Charles Michel, à Bruxelles le 6 avril, il a été convenu que les deux parties établiraient un groupe de travail d’ici la fin avril […] Cependant, le dernier jour, le 29 avril, l’Arménie a annulé la réunion convenue. C’est très décevant. […] En d’autres termes, même si nous avons un certain optimisme, de telles manœuvres et démarches assez étranges du gouvernement arménien sapent en fait une certaine confiance ».

Maria Zakharova, porte parole du ministère des Affaires étrangères russe, a déclaré le même jourque les parties arménienne et azerbaïdjanaise avaient « informés qu’ils [étaient] sur le point d’achever le processus de formation des délégations nationales », que «  La Russie [avait] déjà formé son équipe d’experts » et qu’elle espérait « qu’il [serait] possible de lancer des travaux pratiques sur la délimitation de la frontière arméno-azerbaïdjanaise dans un proche avenir ».

De son côté, le ministère des Affaires étrangères arménien a répondu aux déclarations azerbaïdjanaises le 19 mai en affirmant que « la partie arménienne [restait] attachée à la mise en œuvre des accords » et que « la partie arménienne [n’avait] annulé ou rejeté aucune réunion » suite à ses propos de la veille : « Vous avez raison, la [première] réunion [sur les questions frontalières] n’a pas eu lieu [les 16 et 17 mai] mais je peux vous assurer que nous poursuivrons nos discussions sur l’organisation de cette réunion. Il y a quelques détails techniques à convenir entre les parties. Et j’espère que dans les jours et les semaines à venir, nous aurons enfin cette réunion ». Le 19 mai, le secrétaire du conseil de sécurité arménien, Armen Grigorian, a également déclaré que la première réunion de la commission sur la délimitation des frontières « ne pouvait encore avoir lieu à cause de problèmes techniques non résolus ».

Le 19 mai, Mevlut Cavusoglu, le ministre des Affaires étrangères turc a affirmé : « Nous déclarons toujours que l’Arménie doit maintenant répondre à ces approches bien intentionnées et nous les encourageons. Nous voyons que l’administration arménienne est sous la pression des radicaux à l’intérieur du pays ainsi que de la diaspora à l’extérieur ». En effet, dans la semaine, 131 manifestants d’opposition au gouvernement de Nikol Pachinian auraient été arrêtés dans les rues d’Erevan ce qui porterait à 286 le nombre total de personnes détenues depuis le début des soulèvements populaires.

Gitanas Nausèda, le président lituanien s’est rendu en Arménie le 19 mai après son séjour bakinois, où il a rencontré le président arménien, Vahagn Khatchatourian, et le Premier ministre Nikol Pachinian auprès desquels il a salué « l’engagement du gouvernement arménien envers les réformes démocratiques et les efforts pour la paix régionale ». Nikol Pachinian a présenté à cette occasion la position arménienne sur la délimitation des frontières et les deux parties auraient souligné « la nécessité d’assurer un règlement global du conflit du Haut-Karabakh sous les auspices des coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE » tout en abordant « les questions liées à la préservation du patrimoine religieux et culturel arménien ».

De nombreuses accusations azerbaïdjanaises de violations arméniennes du cessez-le-feu systématiquement démenties et qualifiées de « désinformation » se sont succédées toute la semaine dès le 14 mai pour des tirs en direction de Zaylik dans le district de Kelbajar et de Yukhari Shorzha dans le district de Bazarkechar, les 15 et 16 mai pour des tirs en direction de  Yellija and Barmagbina dans le district de Kelbajar et de Zarkand and Ashaghi Shorzha dans le district de Bazarkechar, puis le 19 mai sur des positions similaires.

Une réunion devrait avoir lieu à Bruxelles le 22 mai entre Charles Michel, président du Conseil européen, Nikol Pachinian, Premier ministre arménien et Ilham Aliev, président azerbaïdjanais.

18-19/05/2022 : Visite du vice-Premier ministre azerbaïdjanais en Iran : des projets routiers et ferroviaires en cours.

Les 18 et 19 mai, Shahin Mustafayev, le vice-Premier ministre azerbaïdjanais s’est rendu à Téhéran pour y rencontrer le président, Ebrahim Raisi, le ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, le ministre des Routes et du Développement urbain Rostam Qasemi, et le chef d’état-major des forces armées de la République islamique d’Iran Mohammad Bagheri. Les discussions ont principalement concernées les voies de communication régionales, notamment les connexions du pont de la rivière Astara, du chemin de fer d’Astara et de la route du Nakhitchevan, et du chemin de fer Parsabad-Imishli. Un accord aurait été conclu concernant la construction et la mise en service de «nouveaux ponts routiers entre la région économique du Zanguezour oriental de la République d’Azerbaïdjan et la République autonome du Nakhitchevan à travers l’Iran dans un délai d’un an ».

19-20/05/2022 : 132ème session du Comité des ministres du Conseil de l’Europe en présence des ministres des Affaires étrangères arménien et azerbaïdjanais.

A l’occasion de la 132ème session du Comité des ministres du Conseil de l’Europe, réunie à Turin et présidée par le MAE italien Luigi di Maio, « dans le contexte de l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine », le MAE arménien, Ararat Mirzoyan, a prononcé un discours déclarant : « nous assistons aujourd’hui à la disparition prochaine de l’architecture de sécurité qui n’a certainement pas commencé récemment au cours des deux derniers mois. Nous avons ressenti l’éclatement du multilatéralisme, la fissuration des institutions internationales et le non-respect des règles fondamentales il y a moins de deux ans lorsque l’Azerbaïdjan, violant le principe de non-recours à la force, a déclenché une guerre contre le Haut-Karabakh et son peuple […] pourquoi luttons-nous pour faire comprendre à l’Azerbaïdjan que le Haut-Karabakh n’est pas seulement un territoire, c’est un peuple, dont la dignité doit être respectée ? Le gouvernement arménien est attaché aux efforts visant à apporter la paix et la prospérité dans la région et a réitéré à de nombreuses reprises sa volonté d’entamer immédiatement des négociations véritables et constructives sur la normalisation des relations avec l’Azerbaïdjan. Et à cet égard, la coprésidence du Groupe de Minsk de l’OSCE a un rôle clé à jouer pour faire avancer le processus de paix. Mais nous sommes fermement convaincus que le Conseil de l’Europe, dans le cadre de son mandat, devrait également soutenir activement ce processus ».

Le MAE azerbaïdjanais, Djeyhoun Bayramov, a également prononcé un discours à ce sujet en soulignant « le respect par l’Azerbaïdjan des normes et principes du droit international, y compris la souveraineté et l’intégrité territoriale à l’intérieur des frontières internationalement reconnues des États », en notant que « ces principes sont à la base de la paix, de la sécurité internationales et la stabilité » et en informant « des mesures prises pour normaliser les relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie » facilitées par la réunion du 6 avril à Bruxelles avec le président du Conseil européen Charles Michel. Selon la partie azerbaïdjanaise « à la suite de la réunion, les ministres des affaires étrangères des deux pays [auraient] été chargés de commencer à rédiger un accord de paix entre les deux pays et [auraient] convenu d’établir une commission conjointe des frontières sur la délimitation et la démarcation de la frontière entre les deux pays ». La MAE azerbaïdjanais aurait noté « que le Conseil de l’Europe pourrait jouer un rôle particulier en contribuant à la mise en œuvre de mesures de confiance ».

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