11/06/2022 : Alan Gagloev ouvre plusieurs points de passage avec la Géorgie pour la fête religieuse Lomisoba
Lors du « Conseil de sécurité de l’Ossétie du sud » du 11 juin, le nouveau président de l’entité de Tskhinvali, Alan Gagloev, a décidé de l’ouverture de plusieurs points de passage sur la ligne de démarcation administrative avec le reste de la Géorgie du 13 au 17 juin à l’occasion de la fête religieuse de Lomisoba. Il s’agit des points de passage d’Odsizi, Karzmani et Sinaguri.
Le 13 juin, il a également signé un décret concernant le changement de secrétaire de ce même « Conseil de sécurité » en nommant Anatoly Gavrilovich Pliyev en remplacement de Valery Pavlovich Valiev. Anatoly Pliyev était au centre d’un scandale alors qu’il occupait cette même fonction sous la « présidence » de Leonid Tibilov, suite à sa participation à une rencontre confidentielle avec le patriarche géorgien Ilia II, considéré en Abkhazie comme « l’idéologue du fascisme géorgien ». Un « Premier ministre » potentiel est pressenti en la personne de Konstantin Dzhussoev, chef de l’entreprise Megapolis-T. Le nouveau « ministre de l’Intérieur » est l’ancien chef du département de la sécurité, valery Gazzaev, et le « ministre de la Justice », Oleg Gagloev, ancien « chef de cabinet du gouvernement » limogé par Anatoli Bibilov en 2020. L’avocat Alan Dzhioev a été nommé « chef de l’administration présidentielle ».
13/06/2022 : Un membre de Mouvement pour l’Unité des Musulmans emprisonné débute une grève de la faim.
Hazi Humbatov, membre du Mouvement de l’Unité des Musulmans (MUM), emprisonné après une condamnation le 28 mai dernier pour « trafic de drogue à grande échelle », a décidé d’entamer une grève de la faim le 13 juin, en soutien au leader du mouvement Taleh Bagirzade qui est aussi en grève de la faim depuis le 3 juin, et dont le cheval de bataille est le blasphème et la torture dans la police.
13-17/06/2022 : Déclarations du Premier ministre arménien et du président azerbaïdjanais sur la résolution du conflit du Karabakh
Le 13 juin, Nikol Pachinian, le Premier ministre arménien, en déplacement au Qatar, a fait plusieurs déclarations lors d’une émission télévisée de la chaîne Al Jazeera et notamment : « la Commission de délimitation [ n’avait] rien à voir avec le conflit du Haut-Karabakh car […] nous avons différentes dimensions de communication avec l’Azerbaïdjan, dont la démarcation. Il est également très important de mentionner la question de la sécurité frontalière, qui relève également du mandat de cette commission, car nous devons maintenir la stabilité et la sécurité tout le long de la frontière.
La deuxième dimension est la normalisation des relations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Il y a une autre dimension qui concerne l’ouverture des communications régionales, de transport et économiques. Mais, bien sûr, la question la plus urgente entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et pour la paix régionale est la question du Haut-Karabakh ». Concernant la guerre en Ukraine, il a fait part de sa préoccupation en déclarant : « Bien sûr, nous sommes très préoccupés par la situation autour de l’Ukraine, mais je pense que tous les pays du monde sont concernés, car que voyons-nous maintenant ? Nous assistons à l’effondrement de l’ordre international, et personne ne sait à quoi ressemblera le prochain ordre international, et bien sûr, nous soutenons la solution de tous les problèmes par le dialogue et des moyens pacifiques. […] Bien sûr, la situation n’est pas agréable pour nous en termes d’économie. […] Après les événements en Ukraine, de nombreuses personnes et entreprises ont quitté la Russie pour l’Arménie parce que nous avons une zone économique neutre et que l’Arménie et la Russie sont membres de l’Union économique eurasienne. Dans cette situation, nous espérons, je pense, que nous pourrons gérer cette situation économique. Mais, bien sûr, non seulement la situation économique en Russie a directement affecté l’économie de l’Arménie, mais aussi la tension économique mondiale liée, par exemple, à l’approvisionnement alimentaire, à l’inflation et à de nombreux autres facteurs. Mais pour le moment, les indicateurs économiques de l’Arménie sont plutôt positifs ». Concernant le processus de normalisation des relations avec la Turquie, il a déclaré : « Je ne peux pas dire que nous n’avons pas encore enregistré de résultats, car après le début du dialogue, nous avons commencé des vols directs entre l’Arménie et la Turquie, mais c’est quelque chose que nous avions auparavant. J’espère que nous pourrons établir des relations diplomatiques, ouvrir la frontière entre l’Arménie et la Turquie, fermée depuis 30 ans ». Il a réaffirmé l’inacceptabilité du « corridor du Zanguezour » en ces termes : « Vous savez, le libellé, le récit du soi-disant couloir est inacceptable pour nous, c’est une ligne rouge pour nous, car dans notre région, selon la déclaration trilatérale que j’ai mentionnée au début de notre conversation , nous avons un seul corridor, c’est le corridor Lachin qui relie le Haut-Karabakh à l’Arménie. Mais nous avons une autre disposition dans notre déclaration trilatérale, qui concerne l’ouverture des communications. Je veux dire les chemins de fer, les routes, et nous sommes prêts, en fait nous discutons déjà de la question de l’ouverture des communications régionales sur la base du principe du respect mutuel de la souveraineté et de l’inviolabilité des frontières ». Quant au sujet de l’Iran, il a fait part de son souhait qu’ « en coopérant avec l’Iran [l’Arménie puisse] également étendre [ses] relations bilatérales avec le Qatar » tout en informant : « nous travaillons actuellement au développement des communications entre l’Iran et l’Arménie, et nous sommes actuellement en train de construire une autoroute très stratégique appelée Nord-Sud, qui relie notre frontière avec la Géorgie à la frontière avec l’Iran. Nous espérons qu’à la suite de ce programme, nos relations économiques avec l’Iran se développeront ».
A l’occasion du rapport annuel sur l’exécution du budget de l’État 2021, le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a prononcé un long discours à l’Assemblée nationale le 15 juin, dans lequel il a abordé les derniers développements du processus de résolution de conflit avec l’Azerbaïdjan. Après avoir souligné l’augmentation du budget de l’ « Artsakh » (174 milliards de drams dont 128 payés par la République d’Arménie) constituant un record depuis les années 90, il a dénoncé les propos de « l’opposition radicale » en rappelant : « tout au long de l’histoire du processus de négociation, Robert Kocharyan et Serge Sarkissian, ainsi leur satellite politique Dashnaktsutyun ont reconnu l’Artsakh comme faisant partie de l’Azerbaïdjan, ou n’ont pas été guidés par le principe « L’Artsakh ne fera jamais partie de l’Azerbaïdjan » […] Le 25 novembre 1998, le gouvernement arménien de l’époque, dirigé par Robert Kocharyan, accepta d’accepter comme base de négociation la proposition dite “d’État commun” présentée par les coprésidents, qui citait : “Je cite : “Ensemble avec l’Azerbaïdjan, il forme un État commun à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.. La deuxième citation du paquet “État commun” – “Les citoyens du Haut-Karabakh en tant que carte d’identité auront un passeport azerbaïdjanais avec une note spéciale sur le Haut-Karabakh” – fin de citation. […] Le paquet de négociation « État commun » a été suivi du paquet dit « d’échange territorial », dont j’ai également parlé à plusieurs reprises. Mais aujourd’hui, je tiens à souligner qu’avec ce paquet de négociations, les dirigeants arméniens de l’époque ont reconnu l’Artsakh comme faisant partie de l’Azerbaïdjan. Pourquoi? Parce que le sens du paquet mentionné était que l’Arménie a cédé la région de Meghri à l’Azerbaïdjan et a obtenu le Haut-Karabakh à la place. En d’autres termes, si l’Arménie devait céder une partie de son territoire souverain à l’Azerbaïdjan pour obtenir le Karabakh, cela signifie qu’elle reconnaît le Karabakh comme le territoire de l’Azerbaïdjan. […] En d’autres termes, en discutant des deux concepts de négociation bien connus mentionnés ci-dessus, nous voyons que le trio Robert Kocharyan-Serzh Sargsyan-Dashnaktsutyun, pendant leur règne, dans un cas a accepté que l’Artsakh puisse faire partie de l’Azerbaïdjan, et dans le second cas accepté que l’Artsakh faisait partie de l’Azerbaïdjan. Ces réalités ont été encore renforcées lors de la discussion des Principes de Madrid. Permettez-moi de vous rappeler que ces principes ont été officiellement présentés à l’Arménie et à l’Azerbaïdjan par les coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE à Madrid en 2007, et que la partie arménienne a accepté de les accepter comme base des négociations. Lorsque cela s’est produit, Robert Kocharyan dirigeait le pays, Serzh Sargsyan était le Premier ministre et l’ARF faisait partie du gouvernement et était membre et partisan de l’équipe au pouvoir. […] Je voudrais aborder le fait qu’aujourd’hui beaucoup nous critiquent pour le fait que nous ne considérons pas comme inacceptable le principe de la reconnaissance de l’intégrité territoriale mutuelle de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie. Mais nos détracteurs ont oublié que l’Arménie a reconnu l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan, comme je l’ai dit à maintes reprises, dans l’Accord de 1992 sur la création de la Communauté d’États indépendants, qui a été ratifié par le Conseil suprême d’Arménie en 1992. À cette époque, soit dit en passant, Robert Kotcharian et Serzh Sargsyan étaient députés du Conseil suprême d’Arménie ».
Il a réaffirmé : « J’ai déclaré cela lors des débats parlementaires en avril, en disant que si, dans le passé, le concept arménien du règlement du conflit du Haut-Karabakh était basé sur le statut du Karabakh, dérivant des garanties et des droits de sécurité, nous fondons maintenant les garanties et les droits de sécurité sur le statut qui en découle. En d’autres termes, nous enregistrons que le statu quo n’est pas une fin en soi, mais un moyen d’assurer la sécurité, les droits et les libertés des Arméniens du Haut-Karabakh. C’est un discours qui est compris par la communauté internationale, rend nos objectifs plus compréhensibles, l’essence du problème du Haut-Karabakh. Mais il y a aussi un bilan solide : tout statut qui garantit véritablement la sécurité, les droits et les libertés des Arméniens du Haut-Karabakh doit être considéré comme une solution pour nous C’est en fait le principal message d’aujourd’hui. […] Je le répète, personne ne peut garantir que l’agenda de la paix réussira. C’est un chemin pour nous, à l’intérieur comme à l’extérieur, avec des insultes, des accusations, des menaces, des dangers, des pertes. : Mais je peux garantir une chose avec certitude : le chemin inverse mène non seulement à la destruction du Haut-Karabakh, mais aussi à l’Arménie ».
Les manifestations anti-gouvernementales qui se poursuivent depuis plusieurs semaines en Arménie se sont repliées cette semaine, en désinstallant un camp de tentes sur la Place de France, dans le centre d’Erevan, le 15 juin. Les organisateurs des manifestations ont néanmoins prévenus que ces dernières se poursuivraient et qu’il s’agissait d’un « changement de tactique ». Les dirigeants de l’opposition ont annoncé travailler à une procédure de destitution contre le Premier ministre, qui nécessiterait pourtant le soutien de députés du parti au pouvoir « Contrat civil » qui, de son côté cherche à faire destituer 14 députés de l’opposition qui ont boycotté les sessions parlementaires, démarche qui aurait besoin de l’accord de la Cour constitutionnelle.
De son côté, Ilham Aliev, le président azerbaïdjanais, a prononcé un discours le 16 juin lors de la cérémonie d’ouverture du 9ème Forum mondial de Bakou. Il s’est dit « satisfait que le gouvernement arménien ait adopté ces cinq principes. [proposés par la partie azerbaïdjanaise] » tout en disant avoir « besoin de mesures concrètes ». Sur la question de l’ouverture d’une voie de communication entre l’Azerbaïdjan et son exclave du Nakhitchevan, il a déclaré : « Plus d’un an et demi s’est écoulé depuis la signature de l’acte de reddition par l’Arménie, mais malheureusement, la question n’a pas encore été résolue. C’est inacceptable. Premièrement, cela constitue une violation par l’Arménie des termes de la déclaration tripartite et crée un déséquilibre. Parce que, en vertu du même accord, l’Azerbaïdjan a assumé l’obligation de se retirer librement de l’Arménie dans la partie du Karabakh, où vit la population arménienne d’Azerbaïdjan. Ainsi, depuis un an et demi, ils utilisent la route de Lachin, mais les Azerbaïdjanais ne peuvent pas utiliser le couloir de Zangezur. C’est injuste et nous ne le tolérerons pas ». Il a affirmé, concernant les droits des Arméniens vivant au Karabakh : « Nous soutenons cela de tout cœur. Les droits et la sécurité de toute la population azerbaïdjanaise sont garantis par la constitution du pays. L’Azerbaïdjan est un pays multinational et les Arméniens ne sont pas la plus grande minorité ethnique. Les représentants de tous les peuples d’Azerbaïdjan sont égaux, y compris les Arméniens vivant dans le pays. Oui, les questions de droits et de sécurité seront assurées de notre côté. Malheureusement, nous entendons encore des réflexions du gouvernement arménien sur le statut du « Haut-Karabakh ». C’est inutile et dangereux pour l’Arménie. Le Haut-Karabakh n’existe pas. Il n’y a pas une telle unité administrative sur notre territoire, et par conséquent, toute mention du « statut » conduira à un nouveau clash ». Sur la question de l’intégrité territoriale, il a déclaré : « Si l’Arménie remet en question l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan, alors l’Azerbaïdjan n’aura d’autre choix que de remettre en question l’intégrité territoriale de l’Arménie. Et nous avons le droit de l’exiger du point de vue de l’histoire […] Si l’Arménie essaie d’exiger le statut des Arméniens du Karabakh, pourquoi l’Azerbaïdjan n’exigerait-il pas le statut des Azerbaïdjanais de l’ouest de Zangezour ? La population de cette région est entièrement composée d’Azerbaïdjanais. Cette approche conduira à une impasse. Je crois que le gouvernement arménien n’oubliera pas les leçons de la deuxième guerre du Karabakh et renoncera aux revendications territoriales ». Au sujet du groupe de Minsk, il a réaffirmé sa position en tenant les propos suivants : « le Groupe de Minsk de l’OSCE, doté d’un mandat pour résoudre le conflit arméno-azerbaïdjanais, n’a obtenu aucun résultat dans la mise en œuvre de cette mission en 28 ans d’activité. Et maintenant, après que l’Azerbaïdjan lui-même a restauré son intégrité territoriale, la nécessité de ses activités a disparu […] Nous avons déjà reçu des messages selon lesquels l’institution du groupe de Minsk ne fonctionnera plus ».
L’ambassadeur de Russie en Azerbaïdjan, Mikhaïl Bocharnikov, a déclaré le 13 juin que le « processus de normalisation en [était] plutôt à ses débuts ». Selon lui, « en ce qui concerne ce qu’on appelle maintenant un traité de paix, la première étape a été franchie – la volonté des deux parties d’aller de l’avant a été enregistrée. Bakou a mis sur la table les principes de base pour l’établissement des relations interétatiques entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. La partie arménienne, à son tour, a avancé ses propositions. Eh bien, la partie russe se prépare à fournir toute l’assistance possible à ce processus de négociation ». Il a néanmoins critiqué l’attitude de l’UE en ces terme : « de la part de l’UE, il y a une volonté de saisir l’initiative de la Russie et de s’attribuer le mérite des progrès dans tous ces domaines. Je voudrais également noter que les dernières déclarations de l’UE étouffent complètement l’existence des déclarations ci-dessus, sans parler du rôle de la Russie dans ce processus ». Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russe, qui a eu une conversation téléphonique avec son homologue azerbaïdjanais Djeyhoun Bayramov, le 17 juin, afin d’aborder la question de la mise en œuvre de la déclaration sur l’Interaction alliée, devrait venir en visite de travail à Bakou les 23 et 24 juin prochain.
14/06/2022 : Déplacement du « président sud-ossète » à Moscou pour des consultations concernant le référendum de réunification avec la Russie.
Alan Gagloev, a tenu le 14 juin des consultations à Moscou sur le référendum de réunification avec la Russie, à la tête d’une délégation partie la veille et comprenant le président du Parlement, Alan Tadtaev, la présidente de la Cour suprême, Olesya Kochieva, la présidente par intérim de la Commission Electorale Centrale, Emilia Gagieva, le ministre des Affaires étrangères, Dmitri Medoev et le conseiller d’État auprès du président Konstantin Kochiev. La délégation russe a compris le chef adjoint de l’administration présidentielle, Dimitry Kozak, le vice-président du Conseil de la Fédération Konstantin Kosachev, le chef de la direction de l’administration présidentielle russe pour les relations interrégionales et culturelles avec les pays étrangers Igor Maslov, le secrétaire adjoint du Conseil de sécurité Rashid Nurgaliyev , le vice-ministre des Affaires étrangères Andrey Rudenko, l’ambassadeur de Russie en Ossétie du Sud Marat Kulakhmetov et le chef adjoint de la direction de l’administration présidentielle russe pour la coopération frontalière Sergey Bovenko.
Alan Gagloev a aussi rencontré le même jour le ministre russe du Développement économique Maxim Reshetnikov qui a déclaré : «la coopération entre nos pays est déjà en cours dans divers domaines, de la médecine et de l’éducation au commerce et à la sécurité. Les objectifs restent les mêmes. Nous nous concentrons sur le traité d’alliance et d’intégration. […] Le travail sur le développement socio-économique de la République d’Ossétie du Sud se poursuit. Dans le même temps, les tâches deviennent plus difficiles. Maintenant que nous avons déjà obtenu des résultats dans le domaine social, il est nécessaire de renforcer l’agenda économique. Il est important de créer les conditions pour attirer les investissements afin que les entreprises s’ouvrent et que le nombre d’emplois augmente ». Les interlocuteurs ont pu faire le point sur leur coopération en soulignant l’augmentation des salaires des fonctionnaires, la restauration des infrastructures sociales et d’ingénierie ou l’ouverture d’une ligne électrique de secours en 2021.
Le lendemain, il a rencontré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avec lequel il a examiné « les questions clés de l’agenda bilatéral et de la coordination de la politique étrangère, y compris l’expansion des relations internationales de la République » ainsi que « la situation des Discussions Internationales de Genève ». Sergueï Lavrov a ainsi remercié le « président » sud-ossète de l’aide humanitaire envoyé dans le Donbass en précisant « leur population connaît aujourd’hui les mêmes problèmes et subit les mêmes menaces que la République d’Ossétie du Sud à l’époque. Ils protègent, tout comme vous, leur histoire, leur culture, leurs valeurs, leur identité. Je crois que la coordination des actions dans le domaine du soutien humanitaire aux deux jeunes républiques sera également l’un des axes de nos efforts conjoints ». Il a tenu à souligner « la maturité de la société sud-ossète, les succès de la construction démocratique, dont témoignent de nombreux observateurs internationaux » tout en critiquant « l’Occident [qui] tente d’inverser les tendances qui se développent dans le monde, d’asseoir son hégémonie unipolaire ».
14/06/2022 : Le parti d’opposition abkhaze des anciens combattants appelle à une « réforme politique de « grande envergure »
Lors de son 10ème Congrès organisé le 14 juin à Sokhoumi, le Parti des anciens combattants « Aruaa » dirigé par Timour Gulia, réélu le même jour, a appelé par le biais d’une résolution à une « réforme politique de grande envergure pour remplacer le système de pouvoir super-présidentiel obsolète par une forme de pouvoir parlementaire ou mixte parlementaire-présidentiel avec la redistribution des pouvoirs concernés entre les branches du gouvernement, le renforcement du système des partis et l’acquisition d’une réelle indépendance par le pouvoir judiciaire» et proposé un référendum national sur cette question. On peut aussi y lire : « nous suggérons que le Président de la République d’Abkhazie engage une réforme des Forces armées afin d’améliorer leur efficacité, leur équipement technologique et technique, ainsi que le niveau de soutien matériel au personnel militaire et des garanties sociales pour leurs familles. […] Nous appelons le chef de l’Etat avec une demande de donner une évaluation objective du travail du Premier ministre et de l’ensemble du bloc économique du gouvernement, qui ont développé divers stratagèmes de corruption et ont fait du lobbying pour les intérêts de leurs entreprises ».
15-16/06/2022 : Visite de la sous-secrétaire d’État états-unienne Karen Donfried en Azerbaïdjan
Karen Donfried, la sous-secrétaire d’État états-unienne aux affaires européennes et asiatiques, est venue à Bakou les 15 et 16 juin pour rencontrer le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, afin de s’entretenir de l’agenda des relations bilatérales « couvrant la coopération énergétique, la sécurité dans la région, la période post-conflit, et la normalisation des relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie », occasion pour le chef de l’Etat azerbaïdjanais de rappeler « l’importance des questions décrites dans les lettres du président américain Joseph Biden à l’occasion du jour de l’indépendance de l’Azerbaïdjan et de la semaine de l’énergie de Bakou ». Karen Donfried a présenté le contenu de ses rencontres comme tenant aux questions de sécurité et de coopération régionales, de la guerre en Ukraine, et du rôle et de l’importance de l’Azerbaïdjan dans ces processus. Elle a par ailleurs tenu une réunion avec des représentants de la communauté LGBTQI+ à Bakou, ainsi qu’une autre avec des représentants de la société civile dont Anar Mammadli, chef du Centre pour la surveillance des élections et l’enseignement de la démocratie, Mehriban Rahimli, conseiller du German Marshall Fund, et l’avocate Shahla Gumbatova.
16/06/2022 : Le « président d’Abkhazie » se prononce clairement en faveur d’un rapprochement avec la Russie devant le « Parlement ».
Aslan Bzhania a prononcé au Parlement un long discours le 16 juin dans lequel il a abordé notamment la situation internationale actuelle qui selon lui « dicte la nécessité d’une activation, coordonnée avec la Fédération de Russie – notre allié stratégique – de travailler dans le sens de la politique étrangère ». Il a ainsi déclaré attacher une importance fondamentale à « la poursuite du développement et du renforcement de l’alliance abkhaze-russe, à l’établissement de nouveaux contacts internationaux et à l’élargissement des contacts existants, à la conduite d’une politique étrangère coordonnée, à la création d’un espace commun de défense et de sécurité, à la formation d’un espace social et économique commun, la création de conditions pour la pleine participation de la République d’Abkhazie aux processus d’intégration dans l’espace post-soviétique, mis en œuvre à l’initiative et avec l’aide de la Fédération de Russie ». Il a affirmé que « l’Abkhazie [était] reconnue par un certain nombre d’États membres de l’ONU [et que le pays était] protégé de manière fiable contre les menaces militaires extérieures » et il a renouvelé son soutien à « l’opération militaire spéciale menée par la Fédération de Russie » en Ukraine.
Il a aussi présenté plusieurs objectifs importants comme de « d’établir de nouveaux liens et contacts dans diverses régions du monde, ainsi que de renforcer l’interaction avec les États qui ont reconnu l’indépendance de l’État abkhaze » en mentionnant la coopération avec la “République arabe syrienne”, le Nicaragua, l’Ossétie du sud, ou la « République moldave pridnestrovienne ». Il a mentionné le développement de la coopération militaire de la Géorgie avec l’OTAN pour justifier sa propre alliance avec la Russie « principal moyen de dissuasion pour un agresseur potentiel et un garant de la sécurité de la défense de l’Abkhazie » qui se manifeste par « l’entraînement au combat conjoint, la participation de militaires des Forces armées d’Abkhazie à des exercices militaires et d’autres événements menés par des collègues russes ».
le 12 juin, l’ « ambassadeur abkhaze » en Syrie, Bagrat Khutaba, a rencontré l’ambassadeur de l’État de Palestine en Syrie, Samir al-Rifai afin de discuter des perspectives d’établissement de relations diplomatiques tandis que le 14 juin, Inal Arzinba, le « ministre des Affaires étrangères » abkhaze a envoyé une lettre à ses homologues cubain, vénézuélien et argentin pour le 94ème anniversaire de la naissance de Che Guevara.
En réponse aux propos du ministre de la Défense géorgien, Juansher Burchuladze, devant le Parlement, le 9 juin, concernant des commandes d’armements supplémentaires auprès des États-Unis en ces termes : « Nous avons recherché l’approvisionnement du deuxième lot de javelots en collaboration avec notre principal partenaire stratégique, les États-Unis, ce qui a été satisfait l’année dernière. Une demande d’approvisionnement d’un tiers de javelots a également été envoyée. Outre ce système, des plans sont en cours pour acquérir des lance-grenades antichars sophistiqués, simples et multiples. Des fabricants spécifiques ont été choisis et l’achat aura lieu bientôt. Les avions de reconnaissance et de combat sans pilote, à la fois opérationnels et tactiques, sont un autre sujet hautement prioritaire », le « ministre des Affaires étrangères » abkhaze, Inal Arzinba, avait exprimé le lendemain sa « profonde préoccupation face au processus de modernisation en cours du complexe militaro-industriel de la Géorgie et à l’accroissement du potentiel militaire du pays, qui constitue une menace supplémentaire pour la sécurité nationale de la République d’Abkhazie » et à ce qui est perçu comme « une menace existentielle ». Il avait ainsi prévenu que « la République d’Abkhazie, en réponse, [continuerait] à renforcer sa coopération militaro-technique avec la Fédération de Russie dans le cadre des accords bilatéraux signés » tout en appelant les coprésident des Discussions Internationales de Genève à « accorder la plus grande attention aux actions de la Géorgie qui sapent les fondements de la sécurité dans le Caucase du Sud et créent des obstacles supplémentaires à la développement pacifique et stable de la région ».
Le 10 juin, la « vice-première ministre de l’Économie » d’Abkhazie Kristina Ozgan, était également en visite à la tête d’une délégation en Crimée afin d’inaugurer une usine de production de farine et d’huile de poisson « mise en place avec la participation d’investisseurs abkhazes », avant d’aller au 25ème Forum économique international de Saint-Pétersbourg du 15 au 18 juin auquel une délégation sud-ossète dirigée par le « Premier ministre par intérim » Gennady Bekoev était également présente. Le 13 juin, le « ministère des situations d’urgence » annonçait le départ vers la « République populaire de Louhansk » de 15 sauveteurs et de 10 tonnes de fret humanitaire, troisième convoi cette année.
17/06/2022 : La Commission européenne recommande de confirmer la perspective de la Géorgie de devenir membre de l’UE tout en livrant les conditions nécessaires avant de pouvoir prétendre au statut de candidat.
La Commission européenne a recommandé le 17 juin au Conseil de confirmer la perspective de la Géorgie, de l’Ukraine et de la Moldavie, tous trois membres du « Trio associé » de devenir membre de l’UE. Cet avis basé sur des critères politiques, économiques et sur les capacités des trois pays à assumer les obligations liées à leur adhésion a jugé que la Géorgie disposait d’une « base en place pour atteindre la stabilité des institutions garantissant la démocratie, l’État de droit, les droits de l’homme et le respect et la protection des minorités » tout en modérant « même si les développements récents ont sapé les progrès du pays ». Cet avis a ainsi souligné que « de nouvelles réformes sont nécessaires pour améliorer le fonctionnement de son économie de marché ». Il appartient désormais aux États membres de décider à l’unanimité des prochaines étapes. Ces avis devraient notamment être discutés lors du prochain Conseil européen des 23 et 24 juin.
Les recommandations principales sont les suivantes : « s’attaquer au problème de la polarisation politique […] dans l’esprit de l’accord du 19 avril […] garantir le plein fonctionnement de toutes les institutions de l’État, en renforçant leur responsabilité indépendante et efficace ainsi que leurs fonctions de contrôle démocratique […] améliorer encore le cadre électoral […] adopter et mettre en œuvre une stratégie et un plan d’action de réforme judiciaire transparents et efficaces pour l’après-2021 sur la base d’un processus de consultation large, inclusif et multipartite […] renforcer l’indépendance de son Agence de lutte contre la corruption […] mettre en œuvre l’engagement de «désoligarchisation» […] renforcer la lutte contre le crime organisé […] déployer des efforts accrus pour garantir un environnement médiatique libre, professionnel, pluraliste et indépendant […] agir rapidement pour renforcer la protection des droits de l’homme des groupes vulnérables […] consolider les efforts pour renforcer l’égalité des sexes et lutter contre la violence à l’égard des femmes […] assurer l’implication de la société civile dans les processus décisionnels à tous les niveaux […] veiller à ce qu’une personne indépendante soit privilégiée dans le processus de nomination d’un nouveau défenseur public ».
Le président du parti au pouvoir « Rêve géorgien », Irakli Kobakhidze, s’il s’est dit « heureux qu’aujourd’hui cette perspective ait été officiellement reconnue par la Commission européenne et nous ait proposé ce guide pour obtenir le statut de candidat » a imputé ce manque de performance démocratique du pays à sa géographie en espérant que la géographie «ne soit plus une raison pour laquelle la Géorgie se voit refuser le statut de candidat ou le statut de membre» tout en avouant sa déception et en déclarant « Nous comprenons que les sacrifices et les effusions de sang il y a 14 ans et même il y a 30 ans et 300 000 personnes déplacées, malheureusement, ont déjà perdu leur pertinence pour nos partenaires européens ».
Le 14 juin, la présidente géorgienne, Salomé Zourabishvili, avait appelé les Géorgiens à se rassembler le 16 juin sur la place de l’Europe pour manifester publiquement leurs aspirations européennes tout en s’en prenant à la fois au parti au pouvoir et à l’opposition lors d’un long discours faisant état d’un « travail gâché de la Géorgie à Bruxelles ». Elle a fait allusion à la dernière résolution du Parlement européen appelant à des sanctions contre l’ancien président Bidzina Ivanishvili en ces termes : « Un tel texte, avec ses inexactitudes factuelles et ses allégations non fondées, n’indique qu’une seule chose: qu’aucun travail adéquat n’a été fait avec les partis du Parlement européen qui ont participé à l’élaboration de cette résolution. […] le gouvernement n’a pas fait le travail qu’il se devait à lui-même ou au parti, choisissant parfois le silence et parfois des réponses insultantes à des questions sérieuses […] La société ne doit pas être induite en erreur, cette résolution n’est rien d’autre qu’une expression d’irritation à ce stade, elle est le résultat du travail constant d’une opposition radicale et du silence et de l’inaction du gouvernement. Il ne représente ni une décision ni une volonté de la part de l’UE de prendre de telles mesures. Il n’est pas vrai non plus que des sanctions dites « indirectes » aient déjà été imposées. Cette ambiguïté ne sert qu’à dissimuler les méfaits de ceux qui étaient responsables de ce travail et qui n’ont pas fait de leur mieux pour éviter cette injustice pour le pays et l’ancien chef de son gouvernement. La réponse à ces actes répréhensibles par des théories du complot, par des déclarations anti-européennes, n’est qu’une tentative de dissimuler sa propre négligence. Et par « propre négligence », je parle de celle du parti au pouvoir ».
Elle s’est également livré à une liste des décisions qui ont contribué au recul de la Géorgie par rapport aux deux autres prétendants alors que selon elle « le 19 juillet de l’année dernière, la Déclaration de Batoumi du Trio associé, signée à notre initiative, [avait] été une étape très importante. [et que] Il était alors clair que la Géorgie était en tête ». Elle a ainsi énuméré l’annulation du « document Charles Michel », le refus d’un prêt de 75 millions d’euros et de nouvelles règles sur l’élection du procureur général, les bandes de surveillance diffusées en septembre, la nomination des membres du Conseil supérieur de la justice, la modification des règles d’élection et de prolongation du mandat du président de la CEC, la nomination de quatre juges à la Cour suprême de manière accélérée, la suppression du Service de l’Inspection d’Etat à un rythme accéléré, l’arrestation de Nika Gvaramia ainsi que les modifications à la loi sur la surveillance. Elle a également dénoncé « une attitude tout à fait inappropriée de la Géorgie envers notre amie l’Ukraine et son gouvernement ».
La Géorgie avait présenté sa demande d’adhésion le 3 mars en même temps que la République de Moldavie. Ces deux pays avaient reçu la première partie du questionnaire sur les critères politiques et économiques le 11 avril et la partie sur l’acquis de l’UE le 19 avril. La Géorgie les avaient rendu respectivement les 2 et 10 mai.