Equipe de veille Union européenne : Audrey Moisan, Sara Brouwers, Etienne Mathieu
05/05/2022 : Vers un regain du nationalisme irlandais ? Le Sinn Fein devient majoritaire au Parlement nord-irlandais. -Audrey Moisan-
Alors que les élections législatives du parlement de Belfast se sont tenues ce 5 mai 2022, le parti nationaliste irlandais s’en est sorti avec un nombre de voix majoritaire, amassant 29,02% des voix sur l’ensemble du territoire nord-Irlandais. C’est la première fois que le parti remporte des élections depuis sa création.
D’un point de vue représentatif, ce résultat permet au parti de conserver ses 27 sièges à l’Assemblée, et ainsi passer devant le DUP, le parti unioniste, qui lui a perdu 3 sièges, passant de 28 à 25 représentants.
Le résultat global de ces élections reste cependant à nuancer. En effet, davantage qu’un regain de popularité de la part du parti du Sinn Fein, celui-ci montre la montée d’un autre parti, Alliance, qui a remporté 9 sièges supplémentaires, face aux deux forces d’oppositions traditionnelles, passant de 8 à 17 députés. Ce dernier est engagé vers la communion entre les deux communautés, faisant ainsi apparaître une certaine volonté en Irlande du Nord d’initier une paix entre soutiens de l’Union Jack, et fervent défenseur de l’Eire.
Enfin, cette élection pourrait raviver les tensions présentes sur le sol nord-irlandais, alors que le DUP a déclaré au travers de son représentant Jeffrey Donaldson qu’il refuserait de nommer un premier ministre adjoint tant que le protocole nord-irlandais sur le Brexit ne sera pas réformé par le gouvernement britannique. Cette déclaration pourrait amener à de complexes négociations et à une paralysie du gouvernement nord-irlandais.
10/05/2022 : La France commémore la traite négrière. -Etienne Mathieu-
Depuis 2006, la France commémore tous les 10 mai les mémoires de la traite négrière. Le président Emmanuel Macron préside la cérémonie dans le Jardin du Luxembourg. Cette cérémonie mobilise spécialement les chaînes de télévisions publiques.
La date correspond à celle de la loi votée le 10 mai 2001, dite « Loi Taubira », qui reconnaît l’esclavage et la traite négrière comme des crimes contre l’Humanité. Cette loi prévoit, outre les commémorations symboliques, un enseignement de cette mémoire et de l’histoire de la traite dans les programmes scolaires.
12/05/2022 : Les délégations du Qatar et de l’Union européenne se rendent à Téhéran dans le but de relancer les pourparlers et l’accord de Vienne de 2015 quant au programme nucléaire iranien. -Sara Brouwers-
Alors que les négociations sur le nucléaire civil iranien, censé relancer l’accord de Vienne de 2015 et encadrer le programme nucléaire de l’Iran, étaient au point mort depuis le 11 mars en raison des désaccords sur les Gardiens de la Révolution (Téhéran souhaitait retirer l’armée idéologique de l’Iran, de la liste noire américaine des «organisations terroristes étrangères»), le dossier a été ré ouvert. En effet, avec le soutien de Josep Borell et malgré les réticences iraniennes, le coordinateur de l’Union européenne pour les négociations sur le nucléaire iranien, Enrique Mora, s’est déplacé à Téhéran pour relancer les discussions avec la délégation du Qatar. Selon l’agence de presse officielle Irna, l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani a rencontré le président iranien Ebrahim Raïssi alors qu’Enrique Mora, a eu des entretiens avec le négociateur en chef iranien Ali Bagheri.
De fait, l’Iran s’était engagé il y a un an de ça dans des négociations directes avec l’Allemagne, la France, la Chine, la Russie, la Grande-Bretagne et indirectement avec les Etats-Unis dans le but de relancer l’accord conclu en 2015 qui avait mis fin à douze ans de crise, et dont Washington s’était retiré en 2018 après les multiples oppositions du président Donald Trump. Dans un contexte où les Iraniens refusent d’échanger directement avec les Américains, considérant que ceux-ci ont abandonné l’accord et ne peuvent, de ce fait, pas être présents pour les négociations, ils placent les Européens dans une position de médiateur. Josep Borrell, a déclaré au Financial Times qu’il cherchait une « voie médiane » pour mettre fin à l’impasse menaçant de saboter les efforts diplomatiques européens afin de sceller un accord conduisant les États-Unis à rejoindre l’accord de 2015 et la levée des sanctions contre l’Iran. De son côté, la Russie, frappée par des sanctions occidentales à la suite de son invasion en Ukraine, a ainsi demandé des garanties américaines sur le fait que ces mesures de rétorsion n’affecteraient pas sa coopération économique avec l’Iran.
12/05/2022 : La Commission européenne instaure un plan d’aide pour les exportations céréalières d’Ukraine. -Sara Brouwers-
Avant l’offensive militaire russe, 90% des exportations de céréales et oléagineux étaient chargées aux ports ukrainiens, mais depuis l’invasion, la Mer Noire par laquelle transitent les bateaux de marchandises est bloquée par la marine russe. Le conflit se déroule dans les zones agricoles les plus productives de l’Ukraine et « la Russie a déjà mis la main sur de nombreux ports », note Paolin Pascot, cofondateur d’Agriconomie. Ces deux pays font partie des plus grands exportateurs mondiaux, et le conflit prend évidemment forme sur le marché alimentaire mondial. Au total, ce sont « vingt millions de tonnes de céréales qui doivent quitter l’Ukraine en moins de trois mois en utilisant les infrastructures de transport de l’Union européenne », a témoigné la commissaire européenne aux Transports, Adina Valean.
Ce 12 mai, la Commission européenne a lancé un plan d’action visant à aider l’Ukraine à exporter ses 20 millions de tonnes de céréales en temps imparti à travers la mise en place de « corridors de solidarité » et de « guichets uniques » de la part des États membres. Pour répondre aux problèmes persistants tels que l’écartement des rails, le manque de camions et de bateaux, l’exécutif européen a souhaité optimiser la chaîne logistique avec de nouveaux itinéraires, créer « une plateforme de mise en relation » associant services de la Commission, entreprises de transport et négociants pour faire correspondre offre et demande et réserver des créneaux ferroviaires. La Commission a d’ailleurs noté que « des structures de grutage mobiles peuvent être déployées relativement rapidement » et que des wagons adaptés seraient « largement disponibles dans l’UE ».
12/05/2022 : La Finlande demande une adhésion « sans délai » à l’OTAN. -Etienne Mathieu-
Le président de la République de Finlande Sauli Niinistö et la Première ministre Sanna Marin ont publié le 12 mai un communiqué commun. Dans ce communiqué, les deux têtes de l’exécutif finlandais se déclarent favorables à une adhésion « sans délai » de leur pays à l’OTAN. Le communiqué déclare qu’une telle adhésion renforcerait la sécurité nationale de la Finlande, tout en améliorant l’ensemble du dispositif de défense de l’OTAN.
Une conférence de presse est prévue dimanche 15 mai pour officialiser la position gouvernementale finlandaise.
Cette déclaration est intervenue dans le contexte de la guerre menée en Ukraine par la Fédération de Russie. Un rapprochement, voire une adhésion, d’une Finlande traditionnellement neutre à l’OTAN est perçue au Kremlin comme une menace contre la sécurité nationale russe.
Le ministre finlandais de la Défense, Antti Kaikkonen, a appelé la Suède, « proche partenaire » de la Finlande, à emprunter la même voie et à candidater ensemble. Le royaume scandinave, lui aussi historiquement neutre, s’est engagé depuis plusieurs année dans un processus de réarmement par inquiétude envers la Russie.