Equipe de rédacteurs : Thomas Taochy, Ines Eugène, Anna Balawender (coordinatrice)
14/11/2022 : Les dirigeants chinois et étatsunien se rencontrent à l’occasion du G20 -Thomas Taochy-
Le président américain Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping se sont rencontrés à l’occasion de sommet de la coopération économique Asie-Pacifique le 14 novembre. Selon le média SCMP, au cours de cet échange qui aura duré 3 heures, a été décidé que le secrétaire d’état américain Anthony Blinken effectuera une visite officielle en Chine ultérieurement.
Joe Biden s’est réjoui de cette visite qui permettra de «donner suite à nos discussions et de continuer à maintenir les lignes de communication ouvertes entre nos deux pays». D’autres thèmes phares furent abordés, notamment le cas de Taiwan, Xi Jinping déclarant que cette dernière était «la toute première ligne rouge». Le site du ministère des Affaires étrangères chinois complète : «Nous espérons voir la paix et la stabilité de part et d’autre du détroit de Taiwan […] mais la paix et la stabilité de part et d’autre du détroit et ‘l’indépendance de Taiwan’ sont aussi irréconciliables que l’eau et le feu. Nous espérons que les États-Unis joindront le geste à la parole et respecteront la politique d’une seule Chine […]».
On ne peut cependant pas parler de nouvelle amitié sino-américaine. D’abord, il ne peut y avoir «qu’un seul ordre mondial unique», pour citer le président français Emmanuel Macron, qui a exprimé son désir de voir plus de stabilité dans la région Asie-Pacifique. Le site Foreign Policy décrit l’intention américaine de ne pas renoncer à ses positions sur Taiwan, ce qui créera alors des frictions avec la Chine.
15/11/2022 : Rencontre entre Anthony Albanese et Xi Jinping dans le cadre du G20 -Anna Balawender-
Le 15 novembre, les dirigeants chinois et australiens se sont rencontrés dans le cadre du sommet G20 à Bali. Lors de l’entretien d’une demi-heure, selon le South China Morning Post, Xi Jinping a déclaré au Premier ministre australien qu’il n’y a pas de «conflit d’intérêt fondamental» entre les deux pays, et que les relations sino-australiennes «méritent d’être chéries».
Cet entretien est le premier échange formel entre les deux chefs d’Etat depuis six ans : les contacts sont froids depuis que Canberra a interdit les dons chinois aux partis politiques australiens en 2017, Pékin répondait par l’arrêt brusque de ses importations de plusieurs produits australiens dont l’orge, le vin, le bœuf, mais aussi le minerai de fer et le charbon, dont l’économie chinoise est pourtant très friande.
Interrogé plusieurs fois à propos d’une potentielle levée des restrictions commerciales imposées par Pékin, le Premier ministre Albanese a répondu qu’il avait « clairement » évoqué ce sujet de tension, mais que la discussion ne portait pas sur les questions commerciales. Il a toutefois ajouté que cette rencontre représente «un pas important vers la stabilisation des relations sino-australiennes».
Les efforts de normalisation des relations entre Pékin et Canberra ont commencé en mai 2022, lorsque le gouvernement chinois a félicité M. Albanese pour son élection à la tête du Parlement australien. Selon The Guardian, le ministre du commerce australien Don Farrell a annoncé le 14 novembre que l’Australie cherche à entamer un dialogue direct avec la Chine, afin de résoudre le contentieux commercial sans recourir à l’arbitrage de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais surtout, The Diplomat note que cette amorce de dégel coïncide avec la décision d’Ottawa de bloquer les investissements chinois dans les entreprises exploitant du lithium sur son sol, coupant l’accès au lithium canadien. Si le Canada n’est pas un gros producteur de lithium, cette décision a une forte portée symbolique, et Pékin pourrait craindre que les gouvernements proches de Washington prennent des décisions similaires. Pour rappel, le lithium est un composant crucial dans le domaine des hautes technologies, et notamment pour produire les batteries de voitures électriques, produit au cœur de la stratégie d’avenir chinoise.
16/11/2022 : Tête de proue de la diplomatie européenne, le couple Franco-Allemand demande à la Chine une prise de position ferme contre de la guerre en Ukraine -Inès Eugène-
Prévoyant une désescalade militaire hivernale en Ukraine, Macron souhaite anticiper un retour des combats terrestres de grandes envergures en février qui pourrait mettre à mal les récentes victoires de l’armée ukrainienne. C’est dans cette perspective que le président français a publiquement déclaré au G20 ce mercredi 16 novembre son souhait de voir la Chine «jouer un rôle de médiation plus important» dans le conflit Russo-Ukrainien. Une aspiration réitérée lors d’un échange avec son homologue Xi Jinping sur une éventuelle visite en Chine, qui serait la première depuis le début de la pandémie de Covid-19. Bien que critiquée par les occidentaux pour sa complaisance envers la Russie, la Chine s’était prononcée à la tribune de l’ONU pour une «résolution pacifique de la crise ukrainienne» et avait appelé au calme après l’incident du missile tombé sur le territoire polonais ce mardi.
Olaf Scholz, dans la même aspiration, avait obtenu de Xi Jinping début novembre de condamner l’utilisation de la menace nucléaire par Vladimir Poutine et déclarait par la même occasion qu’un «grand pays» membre du Conseil de sécurité des Nations unies comme la Chine, devrait exercer son influence sur la Russie pour aboutir à une issue pacifique de la crise. Ce à quoi Xi Jinping répondit : «La Chine soutient les efforts de l’Allemagne et de l’Europe pour jouer un rôle important dans la promotion des pourparlers de paix», une déclaration de circonstance, qui ne donne néanmoins pas de preuve d’une volonté chinoise de s’impliquer dans la résolution du conflit, ni de revoir sa position ambiguë à l’égard de la Russie. Sans bousculer l’échiquier politique, l’Union Européenne tend tout de même à développer une diplomatie commune vis-à-vis de la Chine et du rôle qu’elle pourrait jouer dans la résolution de ce conflit.
17/11/2022 : Xi Jinping laisse paraître sa frustration à l’égard des révélations canadiennes sur l’espionnage présumé -Anna Balawender-
Juste avant de quitter Bali où s’était clôturé la veille le sommet du G20, Xi Jinping et Justin Trudeau ont eu un dernier échange, au cours duquel le président chinois a ouvertement reproché à son interlocuteur d’avoir révélé le contenu d’une discussion privée du 15 novembre. Dans l’extrait filmé par les journalistes présents sur place, Xi Jinping déclare : «Ce dont nous avons discuté a été révélé à la presse, et cela n’est pas approprié.» A la réponse du premier ministre canadien, affirmant «[qu’au] Canada nous croyons au dialogue libre, ouvert et franc», le président chinois a répliqué qu’il fallait d’abord «créer les conditions préalables [à un tel dialogue]».
Selon Reuters, une source issue de l’entourage diplomatique canadien a indiqué à la presse que le Premier ministre avait évoqué des «préoccupations sérieuses» lors de son entretien avec Xi Jinping le 15 novembre. Il a notamment mentionné le souci d’une «ingérence», faisant probablement référence au rapport des services de renseignement canadiens publié le 7 novembre dernier. Ce rapport dénonce une présumée ingérence chinoise dans les élections canadiennes de 2019 et de 2021, par le biais de pots-de-vin, cooptation, et placement ou recrutement d’agents au Canada.
Outre ce sujet contentieux, selon The Globe and mail, les deux dirigeants ont également discuté l’invasion russe en Ukraine, de la Corée du Nord et de l’importance du sommet pour le climat se tenant à Montréal en décembre. Cet entretien est le premier entre les deux dirigeants depuis 3 ans : les relations sino-canadiennes connaissant une période de gel depuis la détention de Meng Wanzhou, vice-présidente du conseil d’administration de Huawei, en 2018.
17/11/2022 : Le président Xi Jinping rencontre le Premier ministre japonais Fumio Kishida. -Thomas Taochy-
C’est en marge du sommet de la coopération économique Asie-Pacifique à Bangkok que Xi Jinping et Fumio Kishida se sont rencontrés le 17 novembre. Les deux dirigeants ont juré d’entretenir une meilleure relation entre leurs pays alors que Fumio Kishida rencontrait pour la première fois Xi Jinping.
Au cours de cet entretien qui d’une durée 36 minutes, il a été décidé selon le média SCMP que le ministre des affaires étrangères japonais Yoshimasa Hayashi se rendrait en Chine pour une visite officielle. Outre ce voyage, les deux pays ont réaffirmé leurs positions conjointes sur la non-utilisation du nucléaire dans le cadre de la guerre en Ukraine.
Cette rencontre fut également l’occasion d’évoquer les contentieux qui entachent la relation entre les deux pays, et notamment le sujet des missiles chinois ayant atterri dans la zone économique exclusive (ZEE) du Japon suite à la visite de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, à Taïwan en août dernier.
Un autre sujet de tension évoqué fut le statut des îles Diaoyu, aussi appelées Senkaku. À ce sujet, le site du ministère des Affaires étrangères chinois a déclaré : «sur les questions relatives aux différends maritimes et territoriaux, il est essentiel de respecter les principes et les accords communs qui ont été conclus, et de faire preuve de sagesse politique et de responsabilité pour gérer correctement les différences».