Equipe de la veille géopolitique hebdomadaire Europe de l’Est: Matisse Grenier, Séverine Ly, Olivier Husson
06/12/2022 : Un sommet UE-Balkans occidentaux se tient à Tirana, en Albanie. Une déclaration commune est adoptée. -Matisse Grenier-
Le 6 décembre, l’Albanie a accueilli un sommet entre les représentants des 27 États membres de l’Union européenne et les dirigeants des 6 pays des Balkans occidentaux non-membres de l’UE. Selon Balkan Insight, le président serbe Aleksandar Vucic a finalement renoncé à son idée première de ne pas se rendre au sommet pour protester contre ce qu’il considère comme un soutien international au Kosovo. Le sommet visait à évoquer et réitérer les perspectives d’élargissement de l’Union aux Balkans occidentaux, mais aussi à renforcer la coopération dans un certain nombre de domaines, notamment la sécurité.
La Déclaration de Tirana, commune aux différents acteurs en présence et publiée sur le site officiel du Conseil de l’UE, confirme «l’attachement total [de l’UE] à la perspective de l’adhésion des Balkans occidentaux à l’Union européenne et appelle à accélérer le processus d’adhésion» face au nouveau contexte géopolitique. La Déclaration relève les nombreux efforts effectués par les partenaires des Balkans occidentaux et incite à leur accentuation, notamment dans les domaines de l’État de droit, de la politique étrangère, de la protection des minorités, de la stabilité régionale, de la corruption et de la lutte contre le crime organisé.
Dans un second temps, la Déclaration de Tirana passe en revue les différentes mesures de financement et de coopération, déjà actives ou prévues pour répondre aux défis nouveaux, entre l’Union européenne et les partenaires des Balkans occidentaux. Ces mesures permettront une intégration progressive de la région aux structures européennes. Plus détonnant, la Déclaration prévoit que les États candidats à l’entrée dans l’UE engageront des campagnes internes de promotion des valeurs et bénéfices apportés par l’UE, afin de convaincre des populations parfois sceptiques.
Enfin, le président du Conseil européen Charles Michel a prononcé un discours à l’issue du sommet de Tirana. Il a souligné le caractère «historique» de cette rencontre qui a lieu pour la première fois dans la région des Balkans occidentaux. Charles Michel évoque des «engagements concrets et des pas supplémentaires sur le chemin de l’intégration» énoncés dans la Déclaration.
7/12/2022 : Des analystes s’interrogent sur une possible participation du Bélarus aux côtés des Russes -Olivier Husson-
Le Conseil de sécurité du Bélarus, allié de la Russie, a annoncé le 7 décembre, selon l’agence de presse nationale BelTA, un déplacement des troupes et du matériel militaire pour contrer ce qu’il appelle une menace terroriste. De plus le 3 décembre le ministre russe de la défense, Sergei Shoigu, s’est rendu dans la capitale Minsk. Il a signé avec le ministre biélorusse de la Défense, Viktor Khrenin des amendements à l’accord de 1997 sur la sécurité commune selon l’agence BelTa.
Selon l’analyste militaire biélorusse Aleksandr Alesin, cela pourrait impliquer la reprise de la production et leur transfert en Russie du MLRS Polonez biélorusse-chinois, dont les caractéristiques sont similaires aux HIMARS américain. La Russie en a cruellement besoin et cela permet à la Chine de contourner les sanctions.
En septembre, un important exercice de mobilisation a commencé. L’exercice est un test pour une potentielle mobilisation et d’ici la fin de l’année tous les Biélorusses aptes au service militaire (1,5 million) se seront présentés dans les bureaux d’enrôlement militaire pour mettre à jour leurs dossiers.
Quant à la participation directe du Bélarus à la guerre, le think tank Institute for the Study of War a déclaré que c’est une « opération de communication pour forcer les Ukrainiens à engager des forces à la frontière avec le Bélarus ». Mais Konrad Muzyka, un expert du Rochan Consulting, a déclaré à Reuters que « le Bélarus se prépare en fait depuis quelques mois à rejoindre la guerre du côté russe. Toutes les capacités dont ils auraient besoin pour entrer en guerre ont été testées ».
07/12/2022 : Appel au boycott de la culture russe par le ministre ukrainien de la culture – Séverine Ly-
Dans une tribune pour le média The Guardian, publiée le 7 décembre, le ministre ukrainien de la culture, Oleksandr Tkatchenko a appelé à «boycotter la culture russe» jusqu’à la fin de l’invasion. Concrètement, il demande à tous les pays de «suspendre les représentations» de compositeurs russes comme Tchaikovsky, de refuser de «coopérer avec des artistes russes soutenant la guerre» et d’y préférer la culture ukrainienne.
Toujours selon Oleksandr Tkatchenko, dans les territoires conquis par Moscou, «les librairies ont été liquidées, le mot Ukraine supprimé et les musées ukrainiens détruits». Au total, Kiev a enregistré plus de 800 cas de destructions de monuments historiques, culturels, artistiques. Ces destructions sont justifiées par l’idée que les Ukrainiens ne forment pas vraiment une Nation mais qu’ils appartiennent au Monde Russe. C’est pourquoi le gouvernement russe veut absolument faire disparaître toute la culture ukrainienne.
Ainsi, au-delà d’une guerre militaire, la culture est un enjeu important. Le 5 septembre, Vladimir Poutine a signé un décret au sujet de la «Paix russe» faisant de la culture «une arme dans les mains du gouvernement» selon Oleksandr Tkatchenko. La protection des artistes russes et de ses porte-parole à l’international est une priorité du Kremlin.
Toutefois, la guerre en Ukraine a permis de mettre en avant sa littérature, ses compositeurs, ses chanteurs, son histoire au détriment de ceux russes. Ainsi les chanteurs de l’opéra national de Kiev ont été invités à Londres, New York et Milan et ont interprété des œuvres ukrainiennes.