Equipe de la veille géopolitique Europe de l’Est: Olga Chekhurska, Louis Harand, Victor Martin, Alicia Tintelin, supervisée par Clelia Frouté.
20/06/2022 : Le président ukrainien s’adresse à l’Union africaine sur la question des enjeux agricoles et espère recueillir des soutiens. – Alicia Tintelin –
Le 20 juin, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky s’est adressé à l’Union Africaine par le biais d’une vidéo-conférence demandée dès avril par l’Ukraine mais longuement retardée par les États africains. Alors que ceux-ci souhaitent garder une position majoritairement neutre dans le conflit provoqué par la Russie, Volodymyr Zelensky aspire à recueillir leur soutien. Le bilan de cette rencontre est cependant pour le moins mitigé : seulement quatre chefs d’États ont suivi eux-mêmes la conférence, ce qui questionne déjà sur la réussite de la communication du président ukrainien.
Pour autant, près de la moitié des États africains dépendent actuellement des importations de blé en provenance d’Ukraine et de Russie et le président ukrainien a alors tenté d’engager sa conférence autour des questions agricoles, qui préoccupent ses interlocuteurs, puisque le blocage des ports ukrainiens par la flotte russe en mer Noire empêche encore l’exportation de millions de tonnes de céréales et menace la sécurité alimentaire de nombreuses régions du monde, notamment en Afrique. Le président de la commission de l’Union africaine reconnaît à l’Ukraine le «besoin urgent de dialogue» pour le rétablissement de cette sécurité.
Pour Volodymyr Zelensky, qui qualifie l’Afrique d’«otage» de la guerre lors de son discours, la crise alimentaire mondiale «durera tant que cette guerre coloniale continuera». Plus tôt ce mois-ci, le président sénégalais, Macky Sall, déclarait à Vladimir Poutine que les pays africains étaient des victimes innocentes de la guerre et demandait à la Russie d’atténuer les souffrances causées.
20/06/2022 : Le Parlement ukrainien a ratifié le 20 juin la Convention d’Istanbul. – Olga Chekhurska –
Le Parlement ukrainien, la Verkhovna Rada, a ratifié le 20 juin la Convention d’Istanbul. C’est un traité des droits humains qui vise à prévenir la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. La Convention établit des normes juridiquement contraignantes pour les gouvernements. La secrétaire générale du Conseil de l’Europe, Marija Pejcinovic Buric, a déclaré qu’« il s’agit d’un énorme pas en avant dans la protection des femmes et des filles contre toutes les formes de violence, que ce soit en Ukraine ou à l’étranger».
Selon les analystes ukrainiens, la ratification était un signal important à la veille du sommet européen des 23 et 24 juin, au cours duquel a été débattue la question de l’octroi à l’Ukraine du statut de candidat à l’adhésion à l’Union européenne.
L’Ukraine a signé la Convention en 2011. Le document a été créé le 11 mai 2011 à Istanbul par les 47 États membres du Conseil de l’Europe. Il s’agit du premier accord européen visant à lutter contre les violences faites aux femmes. La convention établit des normes minimales pour la prévention des mauvais traitements, la protection des victimes et les poursuites des auteurs. Le comité des ministres du Conseil de l’Europe a adopté la Convention le 7 avril 2011. En 2019, 34 pays avaient déjà ratifié et signé la Convention, et 11 pays l’avaient signée mais pas ratifiée. En mars 2021, le président turc Recep Tayyip Erdogan a publié un décret retirant la Turquie de l’accord.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, après avoir signé une loi ratifiant la Convention d’Istanbul le 21 juin, a déclaré : «Son contenu principal est simple, mais extrêmement important. C’est une obligation de protéger les femmes contre la violence et les diverses formes de discrimination. Nous partageons les valeurs européennes. Pour nous, la vie et la santé humaine sont la valeur la plus élevée».
24/06/2022 : Le ministre des Affaires étrangères russe déclare que la Moldavie supprime tout ce qui est russe. -Victor Martin-
Le 24 juin, lors d’un entretien avec la presse biélorusse, Sergei Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russe a déclaré que «la Moldavie essaye de supprimer tout ce qui est russe, comme l’Ukraine».
Cette déclaration intervient alors que, le 19 juin dernier, la Moldavie a adopté une loi sur l’information qui bannit tous les articles de presse et autres ressources médiatiques produits dans des pays n’ayant pas ratifié la convention européenne sur la télévision transfrontière du Conseil de l’Europe. Cela est le cas de la Russie, ce qui signifie que les informations russes ne sont plus autorisées sur le territoire de la Moldavie.
La présidente de la République de Moldavie, Maia Sandu, a répondu que la Moldavie assure simplement «un espace d’information objectif».
24/06/2022: La Bulgarie donne son feu vert à la proposition de la Présidence française. -Louis Harand-
Avec 170 voix «pour», le Parlement a adopté la proposition de la «Bulgarie démocratique» de donner un mandat au Conseil des ministres pour accepter la proposition de la présidence française sur la Macédoine du Nord.
L’Assemblée nationale confirme les conditions sous lesquelles la Bulgarie peut soutenir toute étape du processus d’intégration européenne de la Macédoine du Nord, à savoir :
- La mise en œuvre effective du traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération de 2017, et des protocoles des réunions de la Commission intergouvernementale au titre de ce traité.
- Garantir les droits des Bulgares dans la République de Macédoine du Nord, notamment en les incluant sur un pied d’égalité avec les autres nationalités dans la constitution de la Macédoine du Nord.
- Des garanties européennes sur le respect des conditions visées aux points 1 et 2.
À cette fin, le gouvernement de la République de Bulgarie devrait approuver le projet de cadre de négociation et de conclusions du Conseil de l’UE proposé par la présidence française, sous réserve des conditions suivantes :
– Préciser le texte du projet de Conclusions du Conseil afin de garantir l’inclusion des Bulgares dans la Constitution de la Macédoine du Nord dans les dispositions qui mentionnent d’autres nationalités, et ce au même titre que ces nationalités ;
– Améliorer le projet proposé de Cadre de négociations et le projet proposé de Conclusion du Conseil, afin de refléter plus clairement que rien dans le processus d’adhésion de la République de Macédoine du Nord à l’UE ne peut être interprété comme une reconnaissance par la République de Bulgarie de l’existence d’une «langue macédonienne».
– Garantir que les relations de bon voisinage demeurent un critère horizontal tout au long du processus d’adhésion de la République de Macédoine du Nord à l’UE, pour la mise en œuvre duquel la Commission européenne s’engage à informer le Conseil avant chaque conférence intergouvernementale.
– Inclure dans le cadre de négociations une référence au Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération de 2017 et les protocoles des réunions de la commission intergouvernementale conjointe au titre de l’article 12 de ce traité, en relation avec l’approbation par le Conseil de l’UE des positions communes sur les conférences intergouvernementales Union européenne-République de Macédoine du Nord.
L’adoption de la décision de lever le veto sur la Macédoine du Nord a été saluée par des applaudissements en séance plénière.