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VEILLE ASIE CENTRALE – du 5 novembre au 11 novembre 2022

Équipe de veille Asie Centrale: Alexandre Brière, Tristan Jarraud, Sophie Marc, Julie Eifler-Bolander

05/11/2022 : Signature par le président Tokaïev des amendements constitutionnels au Kazakhstan – Julie Eifler-Bolander –

Le 5 novembre, lors d’une cérémonie officielle à l’Akorda, le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev a signé six amendements constitutionnels, comme l’a rapporté son service de presse officiel. Ces lois, adoptées le 5 juin dernier par référendum, doivent rétablir la Cour constitutionnelle du pays, étendre le pouvoir des instances centrées sur le respect des droits de l’homme (Commissaire aux Droits de l’Homme et Procureur général) et modifier le système électoral. Elles devraient entrer en vigueur le 1er janvier 2023. En ce qui concerne la Cour constitutionnelle, le journal kazakh Astana Times nous rappelle qu’elle a pour office de vérifier la constitutionnalité de tous les actes juridiques, dont les lois, et que ses membres seront nommés en partie par le Parlement (6) et par le Président (4). Les citoyens et le Procureur général pourront la saisir directement. De plus, du fait de la transition à un système électoral mixte – avec un scrutin proportionnel plurinominal et majoritaire uninominal – le président Tokaïev a déclaré que des élections devraient être tenues dans la première moitié de l’année 2023, avec des «règles nouvelles, plus justes et transparentes». Cette réforme constitutionnelle s’inscrit dans un contexte de nombreuses réformes politiques, depuis 2019, pour améliorer la compétitivité et la transparence du processus politique, selon le Conseiller d’État Erlan Karin

Cependant, cette démarche n’est pas exempte de critiques. Ainsi, pour le média kazakh indépendant Vlast, et son rédacteur en chef Dmitriy Mazorenko, ces amendements viseraient à satisfaire dans l’urgence la population après les violentes manifestations de janvier 2022, et s’apparenteraient en fait à une transformation du «régime autoritaire» en «régime plébiscitaire». Il n’y aurait d’ailleurs pas eu de discussion entre les institutions et la société civile pour leur rédaction.

06/11/2022 : Rencontre entre le gouvernement du Kirghizistan et les autorités du régime des talibans dans la cadre des enjeux liés à la sécurité régionale – Alexandre Brière –

Le 6 novembre, à Kaboul, capitale de l’Afghanistan, une rencontre officielle a été organisée entre le représentant spécial du président du Kirghizistan, Taalatbek Masadykov, et les autorités du régime des talibans. Les discussions se sont déroulées avec le Premier vice-Premier ministre par intérim d’Afghanistan Abdul Ghani Baradar, le vice-premier ministre par intérim Abdul-Salam Hanafi et le vice-ministre des Affaires étrangères Shir Mohammad Abbas Stanikzai. D’après le service de presse du Ministère des Affaires étrangères de la République du Kirghizistan, cette rencontre s’inscrit dans le cadre des négociations en matière de sécurité régionale et de développement des relations commerciales et économiques bilatérales. Selon le média kirghize 24.kg, il a été également question des accords bilatéraux liés aux corridors de transport et de la possibilité pour le gouvernement kirghize de fournir une aide humanitaire au peuple afghan. Ces négociations interviennent dans un contexte de menaces potentielles et de risques pour la sécurité nationale du Kirghizistan depuis la reprise du pouvoir des talibans en Afghanistan, devenu Émirat islamique d’Afghanistan, survenue le 15 août 2021. À cet égard, comme relaté par le service de presse indépendant Radio Azattyk, le gouvernement kirghize a affirmé sa volonté de renforcer le dialogue politique avec le gouvernement taliban sans pour autant reconnaître sa pleine légitimité. Par ailleurs, l’ambassade du Kirghizistan est l’une des rares à être toujours en fonction sur le territoire afghan. En outre, le président kirghize a exprimé son projet d’élaboration d’une ligne de conduite commune afin d’assurer la paix et la stabilité en Afghanistan, de fournir au peuple afghan l’aide humanitaire et économique nécessaire et ainsi participer activement à la lutte contre le terrorisme international et les trafics de drogue dans la région.

07/11/2022 : État des lieux sur la situation de la liberté d’expression au Kirghizistan, dans le cadre de la Journée de l’information et de la presse – Alexandre Brière –

Le 7 novembre a été célébrée la Journée de l’information et de la presse au Kirghizistan. D’après le service de presse kirghize Kaktus Media, en marge de cette commémoration, de nombreux journalistes ont organisé une journée de nettoyage urbain dans l’allée des journalistes, un quartier hautement symbolique dans le centre-ville de la capitale, Bichkek. Les manifestants ont souligné l’irrecevabilité des mesures sévères prises par les autorités politiques envers les représentants de la presse et des médias. Ils ont rappelé avec ferveur que la liberté d’opinion fait partie intégrante de l’histoire du peuple kirghize. En effet, bien que le Kirghizistan soit considéré comme figure de proue parmi les pays d’Asie centrale en matière de liberté d’expression, la politique répressive à l’encontre des médias indépendants, des journalistes et des blogueurs s’est aggravée depuis le début de l’année en cours. À cet égard, la détention du journaliste d’investigation Bolot Temirov, pour suspicion de possession illégale de drogues, a provoqué une véritable indignation publique dans tout le pays. Pourtant, selon le service de presse officiel du gouvernement kirghize, le président de la République Sadyr Japarov a affirmé que le pays reste toujours attaché aux principes de l’État de droit, au respect des droits de l’homme et de la liberté de la presse. Par ailleurs, comme l’indique le site d’information kirghize Kloop, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a exigé l’abandon d’un projet de loi sur les organisations non gouvernementales à but non lucratif initié par l’administration présidentielle le 3 novembre. En effet, l’arrestation de plus d’une vingtaine de militants et de politiciens au cours du dernier mois, ainsi que le blocage des sites et du compte bancaire du service de presse kirghize Azattyk Media, illustrent la nature discriminatoire de ce projet de loi et sa contradiction avec la Constitution du pays.

07/11/2022 : Procès en poursuites criminelles contre Janbolat Mamai, chef du Parti Démocratique du Kazakhstan – Julie Eifler-Bolander –

Le 7 novembre devait se tenir le procès de Janbolat Mamai, journaliste indépendant, activiste politique et leader du Parti Démocratique au Kazakhstan. Il avait été arrêté par les autorités en février pour «diffusion de fausses informations» et «insulte à des représentants de l’Etat», comme rapporté par le média Azattyk, alors qu’il participait à une commémoration pour les victimes des manifestations violentes de janvier 2022. Ces dernières auraient fait 238 morts, dont 6 par torture policière, d’après le journal kazakh indépendant Vlast, qui affirme relayer des sources officielles. Le procureur général a allégé les motifs de poursuites, et le 2 novembre, après neuf mois de détention, Janbolat Mamai a été relâché et placé sous résidence surveillée en attendant son procès pour «organisation de rassemblement illégal», selon Vlast. Ce n’est pas la première fois que cet opposant politique est détenu par les autorités, puisqu’en 2017, elles l’avaient accusé de blanchiment d’argent, comme expliqué sur Eurasianet. Ce procès, dont aucun média n’a pour l’instant communiqué l’issue, intervient pourtant dans un contexte de volonté politique affirmée d’améliorer la justice et la transparence au Kazakhstan, comme la réforme constitutionnelle est censée le montrer, selon les autorités et le président Kassym-Jomart Tokaïev (service de presse officiel, et médias proches de l’État, comme Astana Times). Cela renforce donc la critique qui est adressée à la réforme par certains activistes de la société civile, par le média Vlast et l’opposition : elle ne serait pas une transformation en profondeur de la structure étatique, et ne garantirait pas une véritable transparence politique.

08/11/2022 : A la COP 27, le Kazakhstan montre sa volonté d’atteindre la neutralité carbone et de devenir le pôle régional le plus important dans les énergies vertes -Tristan Jarraud –

Le 8 novembre, lors de la COP 27, le premier ministre Alikan Smailov a fait part de la volonté des autorités kazakhstanaises de s’orienter vers les énergies vertes. La neutralité carbone a été fixée par Astana à l’horizon 2060. Selon le service de presse officiel du bureau du Premier ministre, le mix énergétique kazakh comprend aujourd’hui 3% d’énergie renouvelable. Les autorités kazakhes ont fait le choix d’augmenter cette part à 15% en 2030. Dans le même discours, le Premier ministre a affirmé sa volonté de faire du Kazakhstan l’un des pôles régionaux des énergies vertes en Asie Centrale.

C’est dans ce sens que le même jour, toujours à la COP 27, le Premier ministre a signé un accord-cadre sur la mise en œuvre de projets concernant l’hydrogène vert avec la société Fortescue Future Industries. Cet hydrogène devrait être exporté vers l’Union européenne car il entre dans le protocole d’accord signé avec cette dernière. Le chef du gouvernement a ajouté à propos de cet accord que l’«approche [du Kazakhstan] pour encourager la décarbonation sera basée sur l’utilisation maximale des mécanismes de marché et de l’investissement privé».

08/11/2022 : Discours du président de Mongolie à la COP 27 et engagement pour un développement plus durable – Julie Eifler-Bolander –

Le 8 novembre, le président mongol Ukhnaagiin Khürelsükh a fait un discours à la COP 27 en affirmant, comme le rapporte le site du Ministère des Affaires étrangères, que la Mongolie est «l’un des pays qui sont fortement touchés par le changement climatique». Il y a aussi évoqué le «plan national d’adaptation» mongol, qui fixe un objectif d’ici 2050 d’écart «zéro» entre les émissions de gaz à effet de serre et leur absorption. Centrée sur la mise en œuvre de politiques et non les débats, cette COP 27 a également été l’occasion de rencontres bilatérales avec d’autres chefs d’État et certains dirigeants d’organisations internationales. À ce titre, le président a rencontré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et a signé un mémorandum sur un partenariat entre la Mongolie et l’Union européenne. Intitulé «Partenariat sur les Forêts», il a été évoqué sur Twitter à plusieurs reprises par le service de presse officiel du Ministère des Affaires étrangères. Cet engagement devrait permettre d’atténuer les effets du changement climatique sur l’environnement, et d’améliorer la gestion durable des forêts, d’autant plus que des «milliers d’emplois peuvent être [ainsi] créés», comme avancé par le Ministère. En parallèle, le 9 novembre, le Premier ministre mongol Oyun-Erdene a reçu le Coordonnateur résident des Nations Unies Tapan Mishra, comme annoncé sur le compte Twitter des Nations Unies en Mongolie. Un plan directeur pour le développement a été remis à l’occasion au Premier ministre. Le choix de la Mongolie de s’inscrire dans une logique de développement durable est donc prégnant dans l’actualité récente, et en fait l’un des pays d’Asie centrale qui communiquent le plus sur ces thématiques.

09/11/2022 : Le président ouzbek Shavkat Mirziyoyev a assisté à la cérémonie de pose de la première pierre du village olympique à Tachkent – Sophie Marc – 

Le président uzbek Shavkat Mirziyoyev a assisté à la cérémonie de pose de la première pierre du village olympique à Tachkent, ce mercredi 9 novembre, comme l’a rapporté le Tashkent Times. En effet, en 2025, le pays devrait accueillir les Jeux asiatiques de la jeunesse ainsi que les Jeux paralympiques asiatiques de la jeunesse. De jeunes athlètes venus de 45 pays différents s’affronteront dans près de 20 disciplines. 

Le coût total du projet du village olympique s’élève à plus de 289 millions de dollars, pour une superficie de 100 hectares. Plusieurs infrastructures sont prévues : un stade d’athlétisme et de football de 10 000 places, 6 installations sportives intérieures et 7 en extérieur, un palais des sports nautiques, une piste cyclable, des complexes d’arts martiaux et de sports d’équipe. Selon le média Yicai Global, c’est la société chinoise CAMC Engineering qui est chargée de la réalisation complète du projet. 

Comme l’ont souligné plusieurs médias (Islamabad Post, Yuz), c’est la première fois de son histoire que l’Ouzbékistan organise un événement aussi important et prestigieux, et le président n’a pas manqué de souligner dans son discours la portée de cet événement pour son pays : «Nous avons notre propre voie, nos aspirations et nos projets. Nous sommes convaincus que le travail historique que nous entamons aujourd’hui donnera de grands résultats. Cette confiance nous donne de la force». 

Depuis que l’Ouzbékistan a accepté d’organiser les Jeux, le pays a beaucoup investi dans le sport : près de 4 000 milliards de soums ont été alloués pour soutenir les athlètes, 118 grandes installations ont été mises en service et 110 ont été reconstruites.

11/11/2022 : Renforcement du développement fraternel entre les pays turcophones dans le cadre du 9e sommet de l’Organisation des États turciques – Alexandre Brière –

Le 11 novembre, s’est tenu le neuvième sommet de l’Organisation des États turciques dans la ville historique de Samarcande, en Ouzbékistan. D’après le service de presse indépendant kirghize Radio Azattyk, le sommet est le premier organisé depuis la restructuration du Conseil turcique en novembre 2021, sous l’égide du président de la République d’Ouzbékistan, Shavkat Mirziyoyev. Parmi les principaux chefs d’État présents, le président turc Recep Tayyip Erdoğan, le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev et le président kazakhstanais, Kassym-Jomart Tokaïev. Le sommet se déroule autour du thème : «Nouvelle ère pour la civilisation turcique : vers le développement et la prospérité communs». D’après le magazine mensuel de relations internationales The Diplomatist, ce sommet s’inscrit dans le cadre des discussions portant sur la coopération humanitaire et des projets visant à renforcer les liens économiques, à créer des conditions favorables au commerce et à l’investissement, à simplifier davantage les procédures douanières et de transit, ainsi qu’à renforcer la coopération dans les domaines de la science et de la technologie, de l’éducation, des soins de santé, de la culture, de la jeunesse, du sport et du tourisme. Selon l’Agence de presse d’État d’Azerbaïdjan Azertac, ainsi que l’Agence de presse et d’information d’Ouzbékistan UzReport, cet évènement intervient dans un contexte d’incertitudes liées aux bouleversements géopolitiques provoqués par le conflit russo-ukrainien, mais également aux inquiétudes concernant d’autres conflits régionaux de l’espace ex-soviétique, en l’occurrence celui opposant l’Arménie et l’Azerbaïdjan et celui opposant le Kirghizistan et l’Ouzbékistan. En outre, cette situation soulève de nombreuses questions pour les pays membres du Conseil turcique en matière de coopération multilatérale, afin de mettre en place une politique stratégique commune en matière de sécurité et de paix durable dans l’espace turcique.

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