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Situation au Karabakh  – Point de situation au 19/01/24

Les dossiers que nous suivons : Situation au Karabakh ; Conflit Abkhazie et Ossétie du sud / Géorgie ; Relation Géorgie – UE / US/Russie/Ukraine et politique intérieure géorgienne ; Problématiques énergétiques, commerciales et de transport sud-caucasiennes ; Droits de l’homme au sud-Caucase ; Diverses politiques extérieures Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie.

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Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a réaffirmé son accord pour l’ouverture des voies de transport entre la majeure partie du territoire azerbaïdjanais et son exclave du Nakhitchevan le 17 janvier mais en posant une condition : que celle-ci se fasse dans les mêmes conditions que pour la portion passant par le territoire iranien, c’est à dire avec la possibilité pour les autorités arméniennes d’inspection durant le transit. Il est à noter que des images ont été diffusées concernant l’avancée des travaux de construction de l’autoroute reliant la majeure partie du territoire azerbaïdjanais à son exclave du Nakhitchevan via l’Iran : un pont automobile de 374 mètres de long et 27,6 mètres de large sur la rivière Araz. soit 4 voies, 2 voies de sécurité, et des trottoirs piétonniers dans les deux directions.

Pour Ilham Aliev, comme exprimé le 10 janvier, le projet de « Carrefour de la Paix » proposé par l’Arménie contre le projet de « Corridor du Zanguezour » que l’Azerbaïdjan soutient n’est qu’une « campagne de relations publiques ». Il a tenu à rappeler encore que «  le corridor ne [remettait] en cause la souveraineté d’aucun pays » mais que « les marchandises, les citoyens et les véhicules allant d’Azerbaïdjan en Azerbaïdjan [devaient] y circuler librement sans passer par aucun contrôle » même si « tous les droits de douane [devaient] être payés ». Par ailleurs, il se prononce également pour la présence de garde-frontières russes.

Sergueï Lavrov a explicitement et sans surprise rejeté la responsabilité de cette position arménienne sur les « Occidentaux » [déniant à l’Arménie son libre arbitre en la matière] le 18 janvier en conférence de presse, en ces termes : « Nous sommes bien conscients que les « bons » conseils des amis occidentaux sont toujours présents dans le Caucase du Sud. […] Tout le monde sait également que les conseils occidentaux visent toujours à promouvoir leurs objectifs géopolitiques et non à trouver un accord entre les pays de la région basé sur un équilibre de leurs intérêts ». Il a dénoncé l’intrusion de l’Union Européenne dans plusieurs processus de paix au Caucase, en Transnistrie et en Ukraine. Par ailleurs, il a tenu à rappeler les termes de l’accord du 9 novembre 2020 et de celui de juin 2023 entre les vice-Premier ministres donnant priorité au transport ferroviaire, à savoir que «l’itinéraire traverse le territoire souverain de l’Arménie sous le contrôle du service des frontières du FSB russe ». Il a ainsi redit qu’« il [avait] été convenu [dans le cadre du groupe de travail trilatéral créé en 2021] que, lorsque toutes les connexions et toutes les routes [seraient] débloquées, les pays par lesquels passe une telle route non bloquée [conserveraient] pleinement leur souveraineté et leur juridiction sur leur territoire ».

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Le Sénat français, de son côté, a adopté le 17 janvier une nouvelle résolution (à nouveau à 336 voix pour et 1 voix contre) dont la proposition avait été déposée le 1er décembre dernier. Celle-ci condamne l’offensive militaire au Haut-Karabakh des 19 et 20 septembre dernier, considère que le droit des peuples à disposer d’eux même est « la seule voie possible vers une paix durable » réaffirme l’inviolabilité de l’intégrité territoriale de l’Arménie, accueille favorablement la décision du gouvernement français de livrer du matériel militaire, réprouve l’arrestation des responsables politiques de la « République du Haut-Karabakh », et demande un ré-examen complet des relations de l’Union européenne avec l’Azerbaïdjan dont un embargo sur les importations de gaz et de pétrole, et la suspension de l’Azerbaïdjan du comité intergouvernemental de l’Unesco pour la préservation des biens culturels en cas de conflit armé. Le nouveau ministre des Affaires étrangères français Stéphane Séjourné a lui même qualifié cette résolution d’ « enjeu vital pour l’Europe » réaffirmant l’engagement « inconditionnel, entier et constant » de la France aux côtés de l’Arménie et annonçant l’augmentation des effectifs de la mission civile d’observation de l’UE en Arménie, le lancement de discussions pour l’octroi d’un soutien au titre de la Facilité Européenne pour la Paix et l’amplification de l’action de la France dans les prochains mois.

En réponse, le Milli Madjlis azerbaïdjanais a publié dès le lendemain une déclaration hostile à la France le 18 janvier appelant son gouvernement à prendre plusieurs mesures telles que sanctions, gel des avoirs, interruption des relations économiques, expulsion des entreprises françaises dont Total, rejet des participations françaises dans les projets initiés par l’État et enfin reconnaissance de l’indépendance des peuples kanak, maohi nui et corse. Il faut également rappeler que le président Aliev avait déclaré le 10 janvier : « l’objectif de l’armement de l’Arménie vise précisément à nous maintenir sous une pression constante. Ce sont des efforts pour nous empêcher de vivre confortablement et, malheureusement, la France est toujours en première ligne. La France est le pays qui arme l’Arménie, lui apporte son soutien, forme ses soldats et les prépare à une autre guerre. Quand je dis que la politique de la France provoque des tensions dans le Caucase, c’est exactement ce que je voulais dire ».

Ces événements font suite aux accusations françaises de désinformation azerbaïdjanaise concernant l’accueil des JO, datant de fin novembre, à l’arrestation d’un ressortissant français, Martin Ryan, le 4 décembre dernier, accusé d’espionnage, et enfin à l’expulsion réciproque de diplomates fin décembre dans les deux pays.

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