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Relation Géorgie – UE/US/Russie/Ukraine et politique intérieure géorgienne – Point de situation au 10/11/23.

Les dossiers que nous suivons : Situation au Karabakh ; Conflit Abkhazie et Ossétie du sud / Géorgie ; Relation Géorgie – UE/US/Russie/Ukraine et politique intérieure géorgienne ; Problématiques énergétiques, commerciales et de transport sud-caucasiennes ; Droits de l’homme au sud-Caucase ; Diverses politiques extérieures Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie.

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La Commission européenne présidée par Ursula von der Leyen a recommandé l’octroi du statut de candidat à l’adhésion à l’Union européenne pour la Géorgie cette semaine, le 8 novembre, à condition qu’un certain nombre de mesures soient prises, Josep Borell déclarant de son côté via X « Le peuple géorgien a démontré à plusieurs reprises son attachement inébranlable aux valeurs européennes ». C’est le Conseil européen qui doit prendre cette décision en décembre 2023.

Occasion de faire un rappel du parcours troublé et troublant de ce pays sud-caucasien sur la voie de son intégration européenne, particulièrement depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.

La Géorgie fait partie du trio associé avec l’Ukraine et la Moldavie depuis mai 2021, organisation créée afin de renforcer la coopération, la coordination et le dialogue entre eux et avec l’UE dans la perspective de leur adhésion future. Mais le conflit russo-ukrainien a fait naître des dissensions entre l’Ukraine et son associé caucasien. Malgré un fort soutien populaire géorgien à l’Ukraine suite à l’agression russe, les rapports ambivalents du pouvoir avec la Russie notamment le refus de s’associer aux sanctions économiques contre cette dernière ont mené à des premières accusations ukrainiennes de filières de contrebande visant à aider la Russie à contourner les sanctions, et au rappel de l’ambassadeur ukrainien en 2022. Les accrochements entre les deux pays restent fréquents depuis cette période. La Géorgie accuse, elle, l’Ukraine de vouloir la faire entrer directement en guerre contre son voisin russe qu’elle cherche justement à ménager. Il est à noter que l’ancien président géorgien Bidzina Ivanishvili, l’homme d’affaire fondateur du parti « Rêve géorgien » actuellement au pouvoir, qui s’est officiellement retiré de la vie politique, continue d’influencer fortement les orientations politiques du pays, sa fortune personnelle représentant presque la moitié du PIB national. Ce dernier est évidemment dans la ligne de mire du pouvoir ukrainien qui lui reproche ses accointances et ses intérêts dans plusieurs sociétés russes.

Le personnage de Mikhaïl Saakashvili, fondateur du principal parti d’opposition « Mouvement National Uni », ex-président géorgien leader de la « révolution des roses », de 2003, défait de la guerre contre la Russie en 2008, exilé en 2013 et qui a acquis la nationalité ukrainienne en 2015 (perdue en 2017 et regagnée en 2019 grâce à Volodymyr Zelensky qui le nomme ministre de la Réforme) est au cœur de la querelle. Il rentre en Géorgie en 2021 (alors qu’il avait été condamné à 3 ans de prison par contumace en janvier 2018) dans le contexte des élections locales géorgiennes, et il est mis immédiatement en détention où il entame une grève de la faim. Il est actuellement toujours détenu et en très mauvaise santé alors que circulent des accusations d’empoisonnement à son encontre.

Par ailleurs, la vie politique interne est extrêmement « polarisée » pour reprendre les termes critiques de l’UE qui a refusé le 23 juin 2022 d’attribuer comme à ses deux autres associés le statut de candidat, prononçant 12 recommandations qui sont autant de pistes de progression sur la voie de l’intégration euro-atlantique du pays. Le recul démocratique flagrant du pays est l’objet des critiques occidentales. La présidente Salome Zourabishvili, qui occupe une fonction plutôt honorifique et de représentation dans le cadre du régime parlementaire géorgien et qui renvoie régulièrement dos à dos le gouvernement et l’opposition, a d’ailleurs fait l’objet d’une tentative de destitution par le Parlement qui a échoué le mois dernier et qui a fait suite à la mise à exécution des menaces gouvernementales la visant depuis ses visites de travail à l’étranger et dont elle avait pris l’initiative sans l’aval gouvernemental, ce qui a été jugé comme anticonstitutionnel par la Cour constitutionnelle.

Malgré cette annonce propre à satisfaire l’orientation pro-européenne de l’immense majorité des citoyens géorgiens, entre juin 2022 et novembre 2023, seules 3 des 12 recommandations de l’UE ont été mises en œuvre par leur gouvernement: mise en place d’un médiateur, progrès en matière d’égalité des sexes et de lutte contre les violences à l’égard des femmes, mise en œuvre des arrêts de la CEDH.

Il est donc difficile de dire si les recommandations de la Commission européenne seront suivies par le Conseil européen. Il est illusoire d’attendre des actes et des engagements forts de la part du « Rêve géorgien » d’ici le mois prochain, et la rivalité entre les présidents des deux organes européens, Ursula von der Leyen et Charles Michel, est bien connue, encore exacerbée dans le cadre des événements à Gaza.

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