Description
Le 24 février 2022, la Russie a lancé son «opération militaire spéciale» en Ukraine, suite à la reconnaissance de l’indépendance des républiques autoproclamées du Donbass par le président russe, Vladimir Poutine, dans la nuit du 21 au 22 février. Dès la mi-janvier, les rencontres américano-russes sur la sécurité européenne avaient déployé des argumentaires irréconciliables en la quasi-absence des principaux concernés, c’est à dire les Européens, tandis que des mouvements de troupes importants russes et biélorusses se déroulaient sans inquiéter la plupart des analystes occidentaux, peu convaincus d’une offensive imminente. Elle a pourtant eu lieu en l’absence d’un compromis entre des principes et des valeurs de liberté et de sécurité. Au-delà de l’effet de sidération lié à la violence des événements qui ne laissent personne indifférent, un effort d’analyse et de prise de recul s’impose 6 mois après le début de cette guerre.
Ce dossier thématique et collectif dédié aux répercussions de la guerre en Ukraine dans l’ensemble de l’espace eurasiatique a pour objectif de dégager les lignes de force à l’œuvre dans ce grand ensemble géopolitique afin de fournir les outils de réflexion nécessaires concernant ce grand bouleversement international né du premier conflit armé sur le sol européen depuis le conflit en ex-Yougoslavie.
De la situation du Haut-Badakhchan et du regain d’influence de la Chine dans cette région à l’état de l’avancée de l’adhésion des pays balkaniques à l’Union européenne, des tentatives de médiation turques aux menaces vécues par les États baltes membres de l’OTAN, de la riche activité institutionnelle européenne à l’inquiétante évolution de la situation afghane, de la place des mouvements d’extrême droite dans la construction nationale ukrainienne aux rapprochements économiques et financiers des États autoritaires contre l’extra-territorialité du droit états-unien, de l’adhésion géorgienne à l’Union européenne aux nouveaux rapports russo-africains, de l’approvisionnement énergétique européen aux réformes institutionnelles kazakhes, de l’abandon progressif de la neutralité de pays de l’ouest et du nord de l’Europe aux négociations sur le nucléaire iranien, du conflit russo-japonais des Kouriles aux nouvelles routes de contournement de la Russie en passant par le nouveau partenariat gazier entre l’Europe et l’Azerbaïdjan et les relations ambivalentes des républiques auto-proclamées du Donbass, du sud-Caucase et de la Russie, et des difficultés structurelles de l’armée russe à la complexité de la situation en Moldavie et en Transnistrie, de nombreuses problématiques seront ainsi abordées.
L’équipe d’EurasiaPeace capitalise sur son activité de veille de plusieurs mois avant le déclenchement ouvert des hostilités armées et sur les capacités d’analyse de ses contributeurs pour vous livrer, avec la contribution de nombreux chercheurs reconnus dans leur domaine de spécialité, l’ensemble des enjeux liés à ce conflit qui fera date. Prospectif n’étant pas prédictif, ce dossier ne vous dévoilera pas l’issue de ce conflit dont il est encore trop tôt pour en connaître toutes les implications à long terme, ni ne fera de conjectures concernant sa longévité dépendante de facteurs multiples et entremêlés. Ce travail collectif n’est qu’un état des lieux dégageant des tendances à surveiller pour comprendre les conséquences à long terme de ce conflit qui dépasse de loin les frontières ukrainiennes dans le contexte de globalisation internationale qui est désormais le notre.
Six mois depuis le début de la guerre en Ukraine, cet état des lieux s’avère nécessaire afin de rendre compte, de toute la complexité des situations touchées par l’offensive russo-poutinienne à l’est de l’Europe. Et ce, au-delà de l’ «effet de blocs», que peut procurer la lecture des médias mainstream sous œillères servant la logique anachronique des deux chefs d’État Joe Biden et Vladimir Poutine, purs produits de la «guerre froide», recréant en ce moment même le seul environnement géopolitique dans lequel ils savent évoluer et dont «les sociétés civiles» ne veulent plus.
En vous souhaitant une bonne lecture !