Description
Le 8 et 9 juin 2023 le Kazakhstan, dans la ville d’Astana a accueilli un forum international réunissant divers acteurs internationaux. L’objectif de cet événement était de faciliter des discussions approfondies sur les défis mondiaux et de travailler à leur résolution. En se déroulant en Asie centrale, cette rencontre a positionné la région au cœur des enjeux internationaux, invitant les puissances moyennes à participer à cet échange dynamique.
Ce dossier thématique s’intéresse à l’Asie centrale, qui est une région géographiquement diversifiée et stratégiquement importante, située au cœur du continent eurasien. Composée de cinq pays principaux, à savoir le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et le Turkménistan, cette région suscite un intérêt croissant en raison de ses richesses naturelles, de son héritage culturel et de sa position géopolitique.
S’étendant sur une vaste superficie, l’Asie centrale est bordée par la Russie au Nord, la Chine à l’Est, l’Iran et l’Afghanistan au Sud, et la mer Caspienne à l’Ouest. Elle est caractérisée par des paysages variés, allant des vastes plaines aux montagnes imposantes, notamment les montagnes de l’Himalaya et les monts Tian Shan. Ces formations montagneuses jouent un rôle crucial en tant que source d’eau douce pour toute la région, abritant également des écosystèmes uniques et une biodiversité remarquable.
Chaque pays d’Asie centrale a sa propre identité géographique distincte. Le Kazakhstan, le plus vaste pays de la région, est connu pour ses vastes steppes, ses déserts et ses ressources minérales abondantes. L’Ouzbékistan, quant à lui, est le pays le plus peuplé et célèbre pour ses villes historiques de la route de la soie, telles que Samarkand et Boukhara, qui témoignent de son riche patrimoine culturel. Le Kirghizistan est réputé pour ses paysages montagneux à couper le souffle et ses prairies verdoyantes, tandis que le Tadjikistan abrite les plus hauts sommets de l’Himalaya et de vallées alpines. Enfin, le Turkménistan se distingue par son vaste désert du Karakoum et ses réserves de gaz naturelles considérables. Mais cette diversité de paysage est aussi la marque d’un enclavement géographique et d’un encerclement par de grandes puissances appartenant au groupe des BRICS : Russie, Inde et évidemment la Chine.
Ainsi, dans le contexte géopolitique complexe de l’Asie centrale, la notion de « politique multivectorielle » émerge comme un concept clé pour comprendre les stratégies adoptées par certains pays de la région et qui masquent difficilement une disparité évidente entre ces diverses nations eurasiatiques en ce qui concerne leur mise en œuvre.
Mais qu’entend-on réellement par « politique multivectorielle » ? Cette approche, qui vise à diversifier les partenariats et à établir des relations avec différents acteurs internationaux, permet aux pays concernés de préserver leur autonomie et de renforcer leur position dans le jeu des relations internationales.
Le Kazakhstan se distingue en tant que pays ayant largement adopté une politique multivectorielle. En effet, dans un monde de plus en plus interconnecté, le Kazakhstan a rapidement compris l’importance de diversifier ses partenariats au-delà de ses voisins régionaux.
Un des éléments déclencheur qui a accéléré cette diversification de partenaire est l’invasion de l’Ukraine, qui a remis en question la stabilité et la fiabilité des relations avec la Russie, traditionnellement un partenaire dominant pour de nombreux pays de la région. Ces politiques multi-vectorielles visent à favoriser le développement économique, à renforcer la sécurité et à promouvoir la stabilité régionale. Elles permettent aux pays d’Asie centrale de bénéficier des avantages de la coopération internationale tout en préservant leur indépendance et en évitant une dépendance excessive à l’égard d’un seul acteur.
Cependant, il convient de noter que les autres pays d’Asie centrale sont encore dans une phase de fragilité et ne peuvent pas encore prétendre pleinement à une politique multivectorielle. Les défis économiques, politiques et sécuritaires auxquels ils sont confrontés limitent leurs options et les obligent souvent à s’appuyer sur des relations bilatérales plus étroites. Ce terme de « politique multivectorielle » est très controversé et selon les chercheurs spécialisés tous les pays de la région, tous ces pays n’ont pas la capacité de se trouver dans cette dynamique.
Dans leur quête de croissance et d’émergence, les pays de l’Asie centrale ont intensifié leur participation et leur engagement à de nombreuses organisations internationales, qu’elles soient économiques ou politico-militaires. Parmi celles-ci, on retrouve des acteurs tels que l’Organisation de Coopération de Shanghai, l’Organisation du Traité de Sécurité Collective et l’Union Économique Eurasiatique. Ces engagements démontrent l’engagement des pays d’Asie centrale à renforcer leur présence et leur influence sur la scène internationale.
Ce dossier se propose ainsi d’examiner plus en détail les différentes dimensions de la politique multivectorielle en Asie centrale, d’analyser les avantages et les défis auxquels sont confrontés les pays de la région dans leur quête de partenariats diversifiés : Union Européenne, Turquie, Iran, Chine… Il s’agit ici de mettre en lumière les opportunités et les perspectives futures liées aux ressources très riches de ces pays d’Asie centrale, notamment en hydrocarbures, mais aussi du fait de leur position stratégique au croisement des nouvelles routes de la soie, et dans une moindre mesure de la Gateway ainsi que leur rôle croissant sur la scène internationale. Pour autant les limites, les dépendances et les craintes frontalières qui persistent dans cette région du monde seront présentés tout au long de ce travail pour identifier les défis à relever dans les années à venir.
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