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VEILLE EUROPE DE L’EST – du 15 janvier au 21 janvier 2022

Equipe de veille Europe de l’Est : Clelia Frouté, Khava Doudoucheva

15-16/01/2022 : Les services de renseignement biélorusses accusés par Serhiy Demedyuk, secrétaire adjoint du Conseil national de sécurité et de défense de l’Ukraine, d’être à l’origine d’une cyberattaque en Ukraine. (Clelia Frouté)

Ce samedi 15 janvier, Serhiy Demedyuk, secrétaire adjoint du Conseil national de sécurité et de défense de l’Ukraine, a déclaré que la cyberattaque de ce vendredi 14 janvier ayant paralysé des dizaines de sites officiels d’Ukraine serait liée aux services secrets biélorusses. En effet, le groupe de hackers « UNC 1151 », auquel la cyberattaque utilisant des malwares serait attribuée, serait lié aux services secrets biélorusses et aurait déjà été mis en cause lors d’attaques en Pologne et dans les pays Baltes. L’utilisation des malwares est une technique ayant d’ailleurs déjà été attribuée à des groupes similaires liés aux services secrets russes. Selon Serhiy Demedyuk, le blocage de sites n’est qu’une tactique de « couverture » pour permettre le piratage d’interfaces « en coulisses » aux conséquences plus graves, qui pourront être constatées dans un « avenir proche ». Ces déclarations ont fait suite à une première qui mettait en cause une probable implication russe.

19/01/2022: Petro Porochenko poursuivi par la justice ukrainienne pour haute trahison. (Khava Doudoucheva)

La justice ukrainienne a annoncé, ce mercredi 19 janvier, sa décision concernant l’affaire de l’ex-président Petro Porochenko: il sera maintenu en liberté avec une interdiction de quitter le pays. Il est accusé de haute trahison pour avoir aidé à fournir à l’Ukraine, dans les années 2014-2015, du charbon provenant des République Populaires de Donetsk et de Lougansk, qui sont des zones séparatistes pro-russes de l’Ukraine, en guerre contre Kiev.

Celui-ci s’était enfui du pays, suite à une convocation qu’il avait reçue pour répondre à l’accusation de haute trahison, en décembre 2021. Il est finalement revenu à Kiev le 17 janvier, et a assisté à l’audience de la cour de Pertcheski qui devait décider de sa peine. La décision annoncée par le juge Oleksiï Sokolov est très éloignée de la demande du procureur, qui souhaitait que Petro Porochenko soit envoyé en prison pour deux mois avec la possibilité de libération sous caution, d’un montant d’un milliard de Hryvnia (31 millions d’euros) et l’obligation de porter un bracelet électronique assortis d’une interdiction de quitter le pays.

20/01/2022: Antony Blinken s’est rendu à Berlin pour évoquer le dossier ukrainien (Khava Doudoucheva)

Après s’être rendu à Kiev, le secrétaire d’État américain s’est rendu à Berlin le 20 janvier pour s’assurer du soutien européen et discuter des efforts diplomatiques visant à désamorcer les tensions avec la Russie au sujet de la crise en Ukraine. Le déploiement de dizaines de milliers de soldats russes à la frontière ukrainienne laisse craindre une invasion. Antony Blinken déclare que l’opposition à ces actions russes est d’autant plus importante que celles-ci dérogeraient à la souveraineté territoriale de l’Ukraine, et qu’elles “nous ramènerait à une époque bien plus dangereuse et instable, lorsque ce continent était divisé en deux […] avec la menace d’une guerre totale planant au-dessus de la tête de chacun ». En cas de franchissement de la frontière ukrainienne par la Russie, Antony Blinken a prévenu que cela entraînerait une réaction «rapide et sévère». Mais il a affirmé que, pour l’instant, la seule voie possible était celle du dialogue et il espère encore trouver une porte de sortie diplomatique aux tensions. Quant à son homologue allemande, Annalena Baerbock, elle a déclaré que chaque agression de la part de la Russie envers l’Ukraine aurait «des conséquences à la fois économiques, politiques et stratégiques».

20/01/2022 : Après plus ample enquête, les États-Unis accusent des responsables biélorusses de piraterie pour avoir forcé à atterrir le Boeing 737-800, à bord duquel le dissident Roman Protasevich se trouvait. (Clélia Frouté)

Ce 20 janvier 2022, des procureurs américains ont inculpé quatre responsables biélorusses de complot en vue de commettre un piratage d’avion, faisant suite en cela aux sanctions appliquées au Bélarus depuis mai 2021 après le détournement de l’avion Ryanair Boeing 737-800, à bord duquel se trouvait le dissident politique Roman Protasevich, que les autorités du pays avaient forcé à atterrir sous prétexte d’une alerte à la bombe. Les accusés sont Leonid Mikalaevich Churo, directeur général de l’autorité de navigation aérienne de l’État du Bélarus, son adjoint, Oleg Kazyuchits, et les agents des services de sécurité Andrey Anatolievich Lnu et Fnu Lnu. Ils sont accusés d’avoir comploté en simulant une alerte à la bombe pour justifier l’atterrissage du vol Ryanair 4978 afin de procéder à l’arrestation du journaliste et dissident politique biélorusse Roman Protasevich. Selon les procureurs dans l’affaire, Leonid Mikalaevich Churo serait accusé d’avoir communiqué la fausse alerte à la bombe au personnel du centre de contrôle de trafic aérien de Minsk et ce, avant le décollage-même du vol, et Fnu Lnu aurait participé en  communiquant des mises à jour à Andrey Anatolievich Lnu. Oleg Kazyuchits, quant à lui, aurait ordonné aux autorités de la circulation aérienne de falsifier les preuves que l’alerte à la bombe était un canular, actes qualifiés d’«effort pour dissimuler l’incident ».

Ce détournement avait provoqué des réactions sans précédent en Occident, notamment en Pologne où le Premier Ministre Mateusz Morawiecki l’a qualifié d’ «acte de terrorisme d’État sans précédent». Suite à son arrestation, Roman Protasevitch et sa petite amie Sofia Sapega s’étaient livré à un mea culpa public, avouant leur culpabilité dans les manifestations d’opposition, apparemment sous la contrainte des autorités. 

20-21/01/2022: Des précisions concernant le référendum à venir en République du Bélarus, finalement prévu le 27 février 2022 (Clelia Frouté)

Ce 20 janvier 2022, le décret présidentiel biélorusse n°14 « Sur la convocation d’un référendum national » a été signé par Alexandre Lukachenko, a annoncé le service de presse du chef de l’État de Biélorussie. Ainsi, le référendum national sur les amendements et ajouts à la Constitution de la République du Bélarus se tiendra en date du 27 février 2022. La question référendaire qui se posera dans le bulletin de vote a été rédigée dans le décret : « Acceptez-vous les amendements et ajouts à la Constitution de la République du Bélarus ? ». La décision adoptée par référendum national fait loi et entrera en vigueur 10 jours après la publication officielle, conformément au code électoral biélorusse. Le référendum est organisé par la Commission électorale centrale, qui en résumera les résultats et veillera à son bon déroulement. Un des amendements concerne les mandats présidentiels, qui seraient limités à deux mandats de cinq ans, ce qui n’entrerait en vigueur qu’une fois un nouveau président élu. Cette nouvelle mesure constitutionnelle permettrait à Alexandre Lukachenko de se présenter pour deux autres mandats après l’expiration de celui actuel, prévue en 2025, ce qui l’ amènerait à rester au pouvoir jusqu’à 2035. Il y gagnerait également l’immunité de poursuites. Des amendements concernent les pouvoirs de l’Assemblée populaire du Bélarus, un organe supposé représenter une large part de la société biélorusse, mais qui, jusqu’à présent, a consisté en un rassemblement composé de partisans du gouvernement ne possédant pas de véritable statut autorisant à gouverner selon la loi en vigueur. Le projet prévoirait une loi de révision du mode d’élection des délégués à l’Assemblée, et l’Assemblée serait habilitée à mettre en œuvre des directives politiques, à rédiger des lois, à suggérer des changements constitutionnels, à élire les membres de la Commission électorale centrale et les juges des plus hauts tribunaux biélorusses, mais aussi à déployer des troupes à l’étranger sous décision présidentielle. Le Président de la République du Bélarus deviendrait automatiquement délégué de l’Assemblée et serait autorisé à la présider. Cette révision renforcerait donc les pouvoirs de l’Assemblée en étendant ses pouvoirs jusqu’aux politiques étrangère, sécuritaire et économique, tout en affaiblissant ceux du Parlement qui devrait fonctionner en parallèle de ce nouvel organe. Les amendements suppriment les clauses de « neutralité » et le statut « non-nucléaire » du Bélarus. L’approbation des amendements nécessite 50 % de soutien des voix et 50 % de participation électorale nationale.

Le référendum en question intervient dans un contexte de haute tension militaire où Alexandre Lukachenko a décidé de mettre en œuvre toutes ses forces de dissuasion de manière conjointe avec la Russie, et en réponse à la « révolution de couleur » qui a secoué le pays et a fait l’objet d’une forte répression et d’une vague d’exil de l’opposition. Le président biélorusse s’est déclaré prêt à héberger les armes nucléaires russes si l’OTAN venait à se décider à déplacer les bombes atomiques américaines d’Allemagne vers l’Europe de l’Est, ce qui ne finit pas de faire réagir l’Occident déjà en proie à l’angoisse avec l’affaire ukrainienne. Sviatlana Tsikhanouvskaia, leader de l’opposition en exil et ancienne candidate à la présidentielle face à Alexandre Lukachenko lors des dernières élections, a déclaré à l’Associated Press que tout partisan à l’opposition devrait rendre invalide son bulletin de vote par des annotations. Un des amendements la viserait directement par l’interdiction de se présenter comme candidat à une élection présidentielle biélorusse si un départ, même temporaire, du pays, venait à être constaté dans ces 20 dernières années. Quant à lui, Alexandre Lukachenko a déclaré à la presse ce 21 janvier que seule la guerre pourrait empêcher ce référendum sur les amendements constitutionnels.

 21-23/01/2022 : Début des opérations dans le cadre de l’exercice conjoint “Résolution de l’Union 2022” des Etats de l’Union de la Russie et de la Biélorussie.  (Clelia Frouté)

Le ministère de la Défense de la Fédération de Russie a annoncé ce 22 janvier 2022 le démarrage du déploiement des chasseurs russes SU-35 en République du Bélarus dans le cadre de leur participation à l’exercice conjoint “Résolution de l’Union – 2022”. Il est précisé que la manœuvre vise à vérifier les forces de réaction des États de l’Union (Union de la Russie et de la Biélorussie). Les équipages de chasseurs SU-35 ont donc quitté le District Militaire Oriental ce 23 janvier 2022 en direction du territoire biélorusse. Selon le ministère, dans le cadre de ces exercices conjoints, les chasseurs devront pratiquer des vols à distance maximale, s’entraîner à atterrir sur les aérodromes biélorusses et en décoller de manière répétée. Les tests des forces de réaction militaire des États de l’Union sont prévues en deux étapes. La première devrait durer jusqu’au 9 février et devrait résulter en un groupement de troupes sur le territoire biélorusse. Les tests visent aussi à la protection des infrastructures officielles, des bases militaires stratégiques, à la défense aérienne sur les frontières biélorusses en vérifiant les capacités des forces aériennes. La deuxième étape,  dénommée «Résolution de l’Union – 2022», devrait se dérouler du 10 au 20 février, et consisterait en l’exercice conjoint des forces des États de l’Union dans la démonstration des capacités à repousser les agressions extérieures. Les objectifs de contre-terrorisme ont également été cités. La Russie avait également envoyé le 21 janvier en République du Bélarus deux bataillons de systèmes de missiles sol-air S-400 Trimf depuis le District Militaire Oriental, destinés à tester l’état de préparation du système de défense aérienne des Etats de l’Union au travers de simulations. Ces simulations prendront place lors de la deuxième phase des entraînements conjoints ainsi dénommée “Résolution de l’Union 2022”.

 

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