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Les instruments de la puissance de la Russie en Asie de l’Ouest : énergie, défense et diplomatie

Publié le 01/11/2025
5 min de lecture
Par Océane Roche
Russie
Les instruments de la puissance de la Russie en Asie de l’Ouest : énergie, défense et diplomatie

Les instruments de la puissance de la Russie en Asie de l’Ouest : énergie, défense et diplomatie

Coopération dans le domaine de l’énergie et du nucléaire : un levier d’influence stratégique

Dans un contexte de compétition énergétique mondiale, la Russie renforce son influence à l’aide de partenariats stratégiques, particulièrement en Asie de l’Ouest. Ces initiatives soulignent la volonté de Moscou d’affirmer son rôle de puissance et de maintenir son influence dans la région.

Le 13 octobre, Sergueï Lavrov a affirmé qu’un nombre croissant de pays arabes manifeste un intérêt pour l’expertise russe dans le domaine de la technologie et de l’énergie nucléaire. Il a cité, en exemple, le partenariat avec l’Egypte pour la construction de leur première centrale nucléaire, El Dabaa NPP, symbole fort de la coopération russo-égyptienne. La société d’état russe Rosatom se charge de la construction, indiquant qu’elle continue d’étendre son influence malgré les sanctions occidentales. Le nucléaire civil devient ainsi un instrument d’influence majeur pour Moscou, notamment face à la concurrence américaine et chinoise dans la région.

Le 16 octobre, lors du Forum international de la Semaine russe de l’énergie, Vladimir Poutine a présenté la vision énergétique de la Russie à l’horizon 2050. Il a appelé à un ordre énergétique “durable et équitable” dans un monde multipolaire, soulignant la coopération énergétique et technologique avec l’Asie de l’Ouest comme un exemple réussi de partenariat international. À travers ce discours, Moscou cherche à construire l’image d’un partenaire central et incontournable dans le secteur énergétique, en insistant sur son rôle de stabilisateur.

Le 17 octobre, à l’ONU, la Russie a réaffirmé sa position inchangée sur la question du nucléaire iranien après l’expiration de la résolution 2231, qui encadrait l’accord sur le programme atomique de Téhéran. Moscou a maintenu son soutien à une solution politique et multilatérale, tout en rejetant toute mesure unilatérale contre Téhéran qui pourrait aggraver les tensions régionales. Cette position s’inscrit dans un contexte de coopération croissante avec l’Iran, notamment à travers un contrat portant sur la construction de huit centrales nucléaires par Rosatom, mais également dans un contexte d’opposition aux pressions occidentales.

Coopération dans le domaine de la défense et diplomatie en Syrie

Dans un contexte de recomposition régionale, la Russie tente de consolider ses liens avec la Syrie, un allié central depuis 2015 et l’intervention militaire russe à la demande de Bachar al-Assad, aujourd’hui réfugié à Moscou. Le 15 octobre, Vladimir Poutine a reçu pour la première fois à Moscou le président syrien Ahmed al-Charaa, ce qui marque une nouvelle étape dans les relations russo-syrienne.

Le changement de régime syrien a placé la présence militaire russe dans une position délicate : elle n’est plus « formellement » invitée par le nouveau gouvernement, sans pour autant être explicitement remise en cause. Elle dépend alors d’un équilibre diplomatique fragile. Ahmed al-Charaa a réaffirmé son attachement à tous les accords conclus précédemment avec la Russie. Cette déclaration confirme la volonté de Damas de préserver ses relations bilatérales, et affirme sa volonté de maintenir les bases militaires russes de Hmeimim (aérienne) et Tartous (navale) en Syrie. Ces installations assurent à la Russie une présence stratégique durable en Méditerranée.

Le 22 octobre, la délégation russe aux Nations unies a de nouveau affirmé son soutien à la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’unité de la Syrie, en insistant sur le fait que Moscou agit “dans l’intérêt du peuple syrien”.  La Russie a exprimé son souhait de développer de nouveaux projets communs entre les deux pays. Cette déclaration s’inscrit dans la continuité du discours diplomatique russe, qui vise à légitimer sa présence militaire et à se présenter comme un acteur stabilisateur, tout en critiquant le modèle d’intervention occidentale accusé d’ingérence.

Médiation et coopération économique au Yémen

Dans le cadre du conflit au Yémen, la communauté internationale cherche des solutions pour rétablir la paix et soutenir la reconstruction économique du pays. Le 21 octobre, Sergueï Lavrov a reçu à Moscou Aidarus al-Zubeidi, vice-président du Conseil présidentiel du Yémen et chef du Conseil de transition du Sud. Les discussions ont porté sur la situation sécuritaire au Yémen et sur la nécessité de relancer un dialogue national sous l’égide de l’ONU, témoignant de l’intérêt de la Russie pour un rôle de médiateur dans la région.

Le 22 octobre, Aidarous al-Zubaini a également rencontré Alexandre Novak, Vice Premier Ministre russe, qui a notamment la charge du domaine économique et énergétique. Ils ont échangé sur la stabilité économique du Yémen, victime d’une crise économique sans précèdent, et la coopération bilatérale dans les domaines de l’énergie, de l’agriculture, de la pêche et des investissements. Aidarous al-Zubaini a souligné l’importance d’attirer des investisseurs étrangers au Yémen, et Alexandre Novak a affirmé l’intérêt de la Russie à appuyer les projets de développement yéménite. Ces rencontrent illustrent la volonté de Moscou de s’imposer comme un partenaire alternatif important, et d’élargir sa présence en Asie de l’Ouest.

À propos de l'auteur

Océane Roche

Océane Roche

Étudiante en dernière année d'étude à Sciences Po Lyon, en relations internationales et à l'Université Paris 10 en études russes et post-soviétiques.

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