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VEILLE SUD-CAUCASE – du 19 février au 25 février 2022

21/02/2022 : Visite du représentant spécial de l’UE pour le sud-Caucase en Azerbaïdjan.

Toivo Klaar, représentant spécial de l’UE pour le sud-Caucase, s’est rendu en Azerbaïdjan le 21 février, afin d’y rencontrer son président Ilham Aliev, suite à ses visites de la semaine dernière en Arménie et en Géorgie et alors que des accusations réciproques arméno-azerbaïdjanaises de rupture du cessez-le-feu s’étaient multipliées depuis le 18 février. Ont ainsi été salués aussi bien la présence de commissaires de l’UE lors du Conseil consultatif du Corridor Gazier Sud (CGS) que l’octroi d’une ligne de crédit de 2 milliards d’euros annoncé par le commissaire européen au voisinage et à l’élargissement, Oliver Varheli. Sa rencontre avec le MAE azerbaïdjanais, Djeyhun Bayramov, a donné lieu à des discussions concernant la mise en œuvre des accords trilatéraux et la partie azerbaïdjanaise a particulièrement insisté sur ses demandes auprès de l’Arménie concernant le sort de 4000 personnes portées disparues durant la première guerre du Karabakh comme elle a salué les efforts de l’UE en matière de participation au déminage de la région et aux travaux de reconstruction.

21/02/2022 : Les autorités azerbaïdjanaises confirment les poursuites contre les anciens présidents arméniens pour incitation à la haine interethnique.

Le 21 février, les autorités azerbaïdjanaises, en la personne d’Emil Taghiev, chef du département d’enquête spéciale du du bureau du procureur militaire d’Azerbaïdjan, ont confirmé avoir lancé des mandats d’arrêts contre les anciens présidents arméniens, Robert Kocharian (1998-2008) et Serge Sarkissian (2008-2018) pour leur rôle dans le conflit du Haut-Karabakh entre 1988 et 1991 et leur incitation présumée à la haine interethnique. Le « service de sécurité nationale» du Nagorno-Karabakh a indiqué le même jour qu’il était en mesure d’assurer la sécurité des personnalités officielles de l’État comme de chaque citoyen et visiteur de la région. Le bureau du procureur général d’Arménie considère ces actions comme sans fondement et illégales et, selon son conseiller, Gor Abrahamian, utiliserait des plateformes de coopération avec Interpol et d’autres départements concernés de la CEI pour que ces demandes ne soient pas prises en compte.

21–22/02/2022 : Manifestations à Erevan contre la venue de deux parlementaires azerbaïdjanais dans le cadre de réunions de l’Assemblée parlementaire Euronest.

Le 21 et le 22 février, ont eu lieu à Erevan des manifestations de protestations contre la présence de deux parlementaires azerbaïdjanais, Tahir Mirkishili et Soltan Mammadov, dans le cadre des réunions du bureau et des commissions de l’Assemblée parlementaire Euronest. Celles-ci ont été organisées par l’Union des Jeunes de la Fédération Révolutionnaire Arménienne (Dashnaktsoutioun) au centre ville et par d’anciens participants à la guerre de 44 jours sur la route menant à l’aéroport.

22/02/2022 : Signature de la Déclaration sur « l’Interaction Alliée » entre Vladimir Poutine et Ilham Aliev à Moscou.

Le voyage du président azerbaïdjanais Ilham Aliev à Moscou du 21 au 23 février, à l’invitation du président russe Vladimir Poutine et à l’occasion du 30ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays (23 février 1992), a donné lieu à la signature conjointe des 43 paragraphes de la Déclaration de « l’Interaction Alliée » le 22 février. Au cours de la conversation qui a précédé cette signature et qui a duré plus de quatre heures, le président russe s’est justifié de la reconnaissance des républiques auto-proclamées du Donbass en prétextant un «coup d’État» et une «prise illégale de pouvoir» en Ukraine portant au pouvoir un gouvernement au sujet duquel il a déclaré «nous ne voyons pas ce niveau et cette qualité de relations avec l’Ukraine [en comparaison des autres républiques ex-soviétiques]» tout en se félicitant de l’intervention récente au Kazakhstan constituant selon lui «un deuxième très bon exemple [après celui du règlement en cours du conflit du Haut-Karabakh] du soutien de la Russie à la souveraineté de [ses] voisins», et en dénonçant le fait que «le territoire de ce pays est utilisé par des pays tiers pour créer des menaces contre la Fédération de Russie». Ilham Aliev a, quant à lui, fait l’impasse sur l’évocation de la situation ukrainienne en soulignant le niveau de coopération économique et commerciale entre les deux pays en avançant le chiffre de 3 milliards de dollars de chiffre d’affaire et une augmentation de 16 % en 2021, ainsi que le niveau d’apprentissage de la langue russe en Azerbaïdjan soulignant le chiffre de 340 écoles de langue russe et 15 000 étudiants dans des départements universitaires.

Ce document s’inscrit dans la lignée du Traité d’amitié, de coopération et de sécurité mutuelle du 3 juillet 1997, de la Déclaration d’amitié et de partenariat stratégique du 3 juillet 2008 et de l’Accord conjoint du 1er septembre 2018. Ce document réaffirme la coopération des deux pays en matière de construction de la paix tout en attachant une importance à la poursuite du «renforcement du rôle central de l’ONU et du Conseil de sécurité de l’ONU, de l’OSCE, et de la CEI». Les deux parties s’y engagent à s’ «abstenir de toute action qui porte atteinte à leur partenariat stratégique et à leurs relations alliées en mettant en place un mécanisme permanent de consultations à travers les MAE des deux pays». De même, les parties s’y engagent à approfondir «l’interaction entre les forces armées [des deux pays], notamment en organisant des activités conjointes d’entraînement opérationnel et au combat, ainsi qu’en développant d’autres domaines de coopération militaire bilatérales», à interagir «sur les questions de fourniture d’armes modernes et d’équipements militaires» et elles envisagent «la possibilité de se fournir mutuellement une assistance militaire sur la base de la Charte des Nations Unies». Les deux pays s’abstiennent également de «toute action, y compris celles menées par l’intermédiaire d’État tiers, dirigées l’une contre l’autre» ou de «mener toute activité économique qui cause un préjudice direct ou indirect aux intérêts de l’autre partie», et elles s’accordent sur le statut de la mer Caspienne du 12 août 2018. Ils s’engagent aussi à «approfondir leur coopération dans le secteur des combustibles et de l’énergie» ou «dans le domaine de l’utilisation pacifique de l’énergie atomique». En outre, ils se déclarent prêt à «promouvoir les activités des organismes de crédit et bancaires, le développement de la coopération entre les institutions financières, la création de coentreprises, y compris les groupes financiers et industriels».

Ilham Aliev a déclaré le 23 février, en réponse aux médias russes, que «ce n’est probablement un secret pour personne qu’un format de coopération de facto et trilatéral [entre l’Azerbaïdjan, la Turquie et la Russie] est déjà en train de se former. Il n’est pas encore officialisé, il n’y a pas encore eu de réunions des ministres des affaires étrangères, sans parler des présidents, mais il est en train de se constituer. Il se forme sur la base d’intérêts communs, de pragmatisme et de similitudes».

22/02/2022 : Le «président du Nagorno-Karabakh» salue la reconnaissance russe de l’indépendance des républiques auto-proclamées du Donbass.

Le président de facto du Nagorno-Karabakh, Arayik Haroutiounian, a publié le 22 février un message via facebook saluant la reconnaissance par Moscou des républiques auto-proclamées de Donetsk et de Lougansk comme État souverain et indépendant en soulignant que «le droit de chaque peuple à l’autodétermination et à la construction de son propre État est un principe fondamental du droit international». Il a ainsi déclaré que l‘établissement d’un État indépendant était une obligation face aux «dangers existentiels» et qu’il s’agissait «du moyen le plus efficace et le plus civilisé d’éviter un bain de sang et un désastre humanitaire». Il a finalement écrit «Félicitations au peuple du Donbass pour cet événement historique ! Nous espérons qu’une paix et une stabilité inébranlable sera restaurée dans cette région autrefois prospère».

22/02/2022 : Dénonciation géorgienne de la reconnaissance russe de l’indépendance des républiques auto-proclamées du Donbass.

La reconnaissance russe de l’indépendance des deux républiques auto-proclamées du Donbass par Vladimir poutine dans la nuit du 21 au 22 février, suivie des déclarations de l’ancien président russe et président adjoint du Conseil de sécurité de la la Fédération de Russie, Dimitri Medvedev, selon lesquelles sa reconnaissance des républiques indépendantistes de l’Abkhazie et de l’Ossétie du sud en 2008 avaient «donné une leçon à l’OTAN, aux États-Unis et à tous ceux qui avaient des intentions agressives à l’égard des citoyens russes» qu’ils avaient «mal apprise» et qu’ils avaient «continué à s’approcher cyniquement et ouvertement des frontières de la Russie en élargissant le cercle des membres potentiels de l’alliance», a donné lieu à une condamnation unanime des autorités géorgiennes à commencer par le ministre des Affaires étrangères, David Zalkaliani, qui l’a qualifié d’ «autre violation flagrante des principes fondamentaux du droit international» et de «répétition du scénario de l’intervention militaire russe dans la région géorgienne de Tskhinvali en 2008 et de sa subséquente reconnaissance de l’indépendance de cette région et de celle d’Abkhazie et de leur occupation», ou de la présidente Salomé Zourabishvili, la veille dénonçant également la «répétition du scénario qui a conduit à l’occupation de 20 % du territoire [géorgien]» et du premier ministre Irakli Garibashvili le même jour et dans des termes similaires.

22/02/2022 : Soutien des républiques de facto abkhaze et sud-ossète à la reconnaissance russe des républiques autoproclamées du Donbass.

Aslan Bzhania, président de facto de la république d’Abkhazie, a salué le 22 février la reconnaissance russe de l’indépendance des républiques autoproclamées du Donbass en la qualifiant de «décision juste basée sur une évaluation adéquate des réalités géopolitiques en cohérence avec les défis et les menaces modernes». Il s’est dit confiant dans cette contribution au «renforcement de l’architecture de sécurité dans la région sur le long terme». «Nous pensons que cette décision […] contribue à un ordre mondial plus juste et équilibré dans lequel les droits des petits peuples sont protégés de manière fiable et dans lequel la communauté internationale entend et respecte leur voix» a-t-il déclaré. Son ministre des Affaires étrangères s’est dit prêt à avoir des consultations avec les représentants des deux républiques en vue du développement de leurs relations.

Anatoli Bibilov, président de facto de la république d’Ossétie du sud qui a reconnu ces indépendances dès 2014, a, quant à lui, salué une «décision attendue et juste», «garantie de mettre un terme à la folie fratricide» et «espoir d’un meilleur avenir pour des dizaines de millions de personnes», tout en déclarant «le régime de Kiev a mis fin à l’intégrité territoriale de l’Ukraine en déchaînant une terreur cruelle contre la population du Donbass. La Russie a fait preuve d’une patience et d’une retenue incroyables, laissant une chance aux autorités de Kiev, espérant que la prudence l’emporterait et qu’une voie vers la réconciliation nationale basée sur les accords de Minsk serait choisie. Ces attentes ont été discréditées par les actions des dirigeants ukrainiens. Au lieu de dialoguer, le Donbass a été confronté à plusieurs nouveaux actes d’inhumanité proches du génocide».  

23/02/2022 : Réaction azerbaïdjanaise aux propos du MAE russe sur le traité de Turkmentchaï (1828).

Le ministre des affaires étrangères azerbaïdjanais, Djeyhun Bayramov, a réagi le 23 février aux déclarations de son homologue russe, Sergueï Lavrov, à l’occasion du 194ème anniversaire du traité de Turkmentchaï entre l’Iran et la Russie et fixant la frontière entre les deux empires, selon lesquelles «les khanats d’Erevan et du Nakhichevan (Arménie orientale) furent transférés à l’empire russe», en ces termes «il est surprenant et regrettable que la page officielle [facebook] du MAE de la Fédération russe publie des informations déformées sur le traité de Turkmentchaï de 1828 le jour même de la signature de la Déclaration sur l’Interaction Alliée […]. Il doit être souligné que l’expression «Arménie de l’est» n’a jamais été mentionnée d’aucune manière dans le texte». Cette mention sujette à polémique a été retirée le lendemain.

24/02/2022 : Deuxième rencontre à Vienne des représentants spéciaux de l’Arménie et de la Turquie pour la normalisation des relations entre les deux pays.

Les représentants spéciaux de l’Arménie et de la Turquie pour la normalisation des relations entre les deux pays, Ruben Runinian et Serdar Kilic, se sont rencontrés le 24 février à Vienne. Les communiqués de presse identique des deux ministères des Affaires étrangères réaffirment la volonté de «poursuivre le processus sans conditions préalables».

24/02/2022 : Le président de la République d’Ossétie du sud de facto réunit une réunion d’urgence du Conseil de Sécurité.

Suite à l’ « opération spéciale » conduite par la Russie sur le territoire ukrainien, Anatoli Bibilov, président de facto de la «République d’Ossétie du sud», a réuni le 24 février une réunion d’urgence du Conseil de Sécurité durant laquelle il a déclaré «suite à la reconnaissance des indépendances de la République Populaire de Donetsk et de la République Populaire de Lougansk par la Fédération de Russie, certaines forces sont devenues plus actives et il était impossible à la Russie de ne pas réagir […] À cet égard, Vladimir Poutine a noté qu’il y a des pays qui peuvent être entraînés dans ces processus, certaines forces extérieures. Nous devons comprendre que la Géorgie appartient également à ces forces extérieures». Il a ainsi demandé la mise en place d’un quartier général opérationnel sous sa direction et le placement des forces armées de la région en état d’alerte et en attente dans les casernes, la mobilisation d’activités de contre-espionnage par les services de sécurité de l’État, et la surveillance renforcée des frontières.

24-25/02/2022 : Participation arménienne aux réunions du Conseil intergouvernemental eurasien à Noursoultan.

Nikol Pachinian, le premier ministre arménien, s’est rendu au Kazakhstan, à Noursoultan, les 24 et 25 février afin de participer à plusieurs réunions dans le cadre du Conseil intergouvernemental eurasien, durant lesquelles il a pu aborder plusieurs questions relatives au développement des mécanismes d’intégration dans les domaines de l’industrie, des procédures douanières, des systèmes d’information, du commerce électronique ou des transports. Le 25 février, il a rencontré, en compagnie de ses homologues, le président kazakh Kassim Jomart Tokaev et il a déclaré à cette occasion que «il est évident que nous sommes dans une période sensible, traversant des processus tectoniques géopolitiques sensibles […] les sanctions auront un impact évident sur le climat économique dans la région eurasienne […] nous devons discuter du type de décisions opérationnelles que nous devrions prendre pour minimiser ces conséquences négatives et, si possible, les contourner en prenant les mesures appropriées».

25/02/2022 : La Géorgie ne souhaite pas se joindre aux sanctions contre la Russie.

Alors que des milliers de manifestants sont descendus dans la rue à partir du 24 février pour condamner l’invasion russe de l’Ukraine, le premier ministre géorgien, Irakli Garibashvili, a annoncé, le 25 février, que la Géorgie ne se joindrait pas aux sanctions économiques et financières contre la Russie. «Cela ne fera que nuire à notre pays et à notre population. En tant que responsable du peuple de notre pays et en tant que chef du gouvernement, responsable de la politique intérieure et étrangère, je ne serai guidé que par les intérêts nationaux» a-t-il déclaré. Il a ajouté que le Mouvement National Uni cherchait à «créer des provocations et répéter la calamité qu’ils n’ont pu éviter avec la guerre d’août 2008», suite aux propos tenus par Mikheïl Saakashvili la veille au tribunal : «Poutine a commencé une guerre contre l’Ukraine, cette guerre vise à abolir l’État ukrainien […] qui sera suivie par l’annexion de la Géorgie sans résistance et la restauration de l’Empire russe. […] C’est la plus grande menace» […] Au moins maintenant, la dernière personne là-bas [pensant autrement] aurait dû être convaincue que quoi que j’aurais pu faire en 2008, même si je n’avais pas bougé le petit doigt, informé le monde, tiré des balles, l’agresseur n’avait pas besoin d’excuses pour envahir». Les manifestations populaires de soutien à l’Ukraine se sont poursuivies le 25 février ralliant la colère anti-gouvernementale portée également par le refus du parti au pouvoir «Rêve géorgien» de participer à une session parlementaire extraordinaire demandée par l’opposition pour discuter de la situation ukrainienne.

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