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VEILLE ASIE CENTRALE – du 15 octobre au 21 octobre 2022

Équipe de veille géopolitique Asie centrale : Jérémie Patot, Aliya Yechshanova, Tristan Jarraud, Sophie Marc, Paul Dza

15/10/2022 : des ressortissants tadjiks impliqués dans une fusillade au sein d’un centre d’entraînement militaire russe – Paul Dza – 

Le 15 octobre, le ministère russe de la Défense a déclaré que “deux citoyens d’un membre de la Communauté des États indépendants” avaient ouvert le feu sur un terrain d’entraînement militaire dans la région de Belgorod, tuant 11 militaires et en blessant 15 autres. “Au cours d’une séance d’entraînement aux armes à feu avec des individus qui ont volontairement exprimé le désir de participer à (la guerre), les terroristes ont ouvert le feu sur le personnel de l’unité”, a déclaré l’agence RIA citant un communiqué du ministère russe de la Défense.

Selon RFE/RL, les autorités tadjikes ont ouvert une enquête suite à de nombreuses informations parues dans les médias et sur les réseaux sociaux selon lesquelles des ressortissants tadjiks seraient impliqués dans cet événement qualifié d'”attaque terroriste” par les autorités russes. Les proches d’un Tadjik de 24 ans ont déclaré que les autorités russes l’avaient identifié comme l’un des hommes qui avaient ouvert le feu. De son côté, le bureau de presse du ministère des Affaires étrangères du Tadjikistan a indiqué à Radio Ozodi le 17 octobre : “l’ambassade du Tadjikistan à Moscou tente de déterminer l’implication de nos citoyens dans l’incident”.

15/10/2022 — Lors du discours d’Astana, Emomali Rakhmon teste l’autorité de Vladimir Poutine – Jérémie Patot – 

« Nous voulons du respect. Rien d’autre, du respect » sont les mots retenus lors de l’intervention du président tadjik, Emomali Rakhmon lors du sommet « Asie Centrale + Russie » qui s’est tenu pour la première fois le 14 octobre à Astana.

Ce discours imprévu et inhabituel illustre la nouvelle position géopolitique et diplomatique des républiques d’Asie centrale depuis la guerre en Ukraine. 

Emomali Rakhmon s’est plaint que pendant l’ère soviétique, les petits pays d’Asie centrale n’ont pas reçu suffisamment d’attentions et ont été exploités que pour leurs matières premières (comme le coton et le lait) et que cette logique soviétique perdure ; tout en rappelant que le Tadjikistan rend toujours hommage aux intérêts de son principal partenaire stratégique, souligne Asia-Plus.

Ce discours illustre le mécontentement général des pays d’Asie centrale très dépendants économiquement de la Russie et qui subissent les conséquences d’une guerre non choisie. 

17/10/2022: Internet hors ligne: le Turkménistan bloque environ un tiers de toutes les adresses IP du monde – Aliya Yechshanova – 

Le blocage d’Internet a encore été resserré au Turkménistan. Turkmen News note qu’il y a actuellement environ 1,2 milliard d’adresses IP bloquées dans le pays. Cela représente près d’un tiers du monde (3,7 milliards). Ainsi, les autorités de la république veulent faire un Internet national autonome, qui est – isolé du monde entier.  

Lors d’une récente réunion du gouvernement, le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères Rashid Meredov a annoncé la création d’un réseau numérique national autonome. Le plan correspondant pour isoler l’Internet est contenu dans le nouveau programme secret de l’Etat pour assurer la cybersécurité du pays. Aucun autre pays que la Corée du Nord n’a un tel réseau qui ne serait pas relié à Internet mondial. Même l’espace Internet de la Chine, assez fortement censuré, ne peut toujours pas être qualifié d’autonome.  En outre, les autorités prévoient de renforcer la formation des spécialistes, de mener des conversations thématiques avec les citoyens et même des compétitions sur la sécurité Internet.

Les utilisateurs d’Internet au Turkménistan n’ont pas accès aux services VPN. Et si un nouveau service VPN apparaît, les agences de renseignement bloquent immédiatement l’accès à l’ensemble du réseau. Cependant, les utilisateurs n’ont pas accès à tous les médias d’information du monde et les messagers populaires, sauf l’ICQ obsolète. Les habitants du Turkménistan et la petite entreprise locale se tournent massivement vers l’ancien messager russe ICQ. 

Selon l’article sur trashbox.ru, le pic de popularité d’ICQ s’est produit dans les années 2000. A cette époque, il appartenait à la société américaine AOL. En 2010, le service, qui commence déjà à perdre en popularité, a acquis le fonds d’investissement russe Digital Sky Technologies. Après la réorganisation, ICQ a intégré VK. En 2020, une nouvelle version d’ICQ est sortie, mais même en Russie, WhatsApp, Viber et Telegram sont restés les messagers les plus populaires. Peu de gens savent que l’ICQ existe encore.  

Au cours des six mois de 2022, le Turkménistan a perdu 29 millions de dollars à cause d’un black-out délibéré, rapporté par Top10VPN. Ainsi, nous pouvons nous assurer que le blocage d’Internet non seulement viole la liberté d’expression, mais coûte aussi beaucoup d’argent au budget.

Rappelons que le Cable.co.uk Broadband Speed Report dans le monde en 2022 a déclaré que le Turkménistan avec une vitesse Internet de 0,77 mégabits par seconde (Mbit / s) était le plus lent de tous les 220 pays étudiés, Il a fallu un peu plus de 14 heures et 42 minutes pour télécharger un fichier de film de 5 gigaoctets. 

19/10/2022 : Le Kirghizistan et le Tadjikistan s’accusent mutuellement de déstabiliser la frontière, le président kirghiz demande la médiation de Vladimir Poutine – Sophie Marc –

Malgré un cessez-le-feu conclu le 16 septembre pour mettre fin aux affrontements ayant coûté la vie à une centaine de personnes, les tensions se poursuivent entre le Tadjikistan et le Kirghizistan, le premier accusant le second de déstabiliser la frontière en positionnant notamment des armes lourdes dans des villes frontalières. Le Kirghizistan, lui, accuse son voisin d’avoir violé plusieurs l’espace aériens tadjik à l’aide de drones, notamment auprès de la ville d’Isfara, proche de Batken.

Selon un article du Figaro, le ministre de la Défense kirghiz, le général Baktybek Bekbolotov a déclaré qu’[il]« n’y aura pas de paix tant qu’un arbitre ne se mettra pas entre nous, par exemple l’OTSC », pour s’assurer du «cessez-le-feu» et du « retrait des armes lourdes de la frontière ». Selon le général Bekbolotov, la paix entre le Kirghizistan et le Tadjikistan est pour le moment impossible «car les Kirghizes ont leur vérité et les Tadjiks la leur».

Selon un article d’Eurasianet, le président kirghize aurait fait appel à Vladimir Poutine pour aider à résoudre les problèmes à la frontière. Marat Imankoulov, secrétaire du Conseil de sécurité kirghiz, a déclaré à la radio d’État Birintchi que la Russie devrait s’impliquer car le litige autour de la frontière aurait éclaté parce que cette question n’avait pas réglée à l’époque où ces deux pays d’Asie centrale faisaient partie de l’Union soviétique. Il a également ajouté que : « La Russie est l’État successeur de l’Union soviétique, les documents d’archives et les cartes sont à Moscou ». 

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