Yémen–sanctions américaines contre le pétrole houthi.

Les 6 et 8 juillet, deux vraquiers ont été attaqués par les forces houthis. L’ONU recense 4 morts et 15 disparus. Face à ce bilan, les États-Unis condamnent fermement l’enlèvement des membres de l’équipage et exigent leur libération immédiate. Plusieurs experts avancent que les attaques seraient une réponse aux bombardements israélo-américains en Iran, menés du 13 au 23 juin, dans le cadre du conflit israélo-iranien. Ces représailles s’inscrivent aussi dans la guerre économique entre l’Iran et les Etats-Unis, entamée en 2018.
Le 20 juin, l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) des États-Unis a imposé des sanctions à l’égard de plusieurs entreprises affiliées à Ansarallah, au total, 12 sociétés écran houthies chargées de la redistribution du pétrole iranien au Yémen ont été ciblées. L’ensemble des entreprises est chargé de la revente de l’or noir. Azzahra Establishment for Commerce and Agencies et Abbot Trading Co., Ltd blanchissent l’argent des revenus pétroliers et le financement de la logistique du réseau. « Les Ho
Les sanctions ont pour objectif principal de priver les Houthis de ressources militaires, en s’attaquant aux réseaux financiers et logistiques qui les soutiennent. Ces mesures à l’encontre du commerce pétrolier houthi font suite à la destruction du terminal pétrolier clé de Ras Isa, lors de l’opération Rough Rider. En 2025, les Etats-Unis associent frappes militaires et sanctions économiques dans une stratégie multidimensionnelle visant à affaiblir économiquement les Houthis.
Au-delà de la menace que la milice représente dans la région, Washington veut restreindre les ingérences iraniennes dans le golfe d’Oman. Le dollar, en tant que monnaie internationale, permet aux Etats-Unis d’isoler économiquement l’Iran, en restreignant son accès aux marchés mondiaux et aux circuits de paiement. Les États-Unis brandissent la menace d’étendre les sanctions aux entreprises de pays complices. L’objectif est clair : les dissuader de toute forme de coopération. En réponse à ces mesures, le régime des mollahs a mis en place un réseau hawala complexe, de la Méditerranée à la mer de Chine méridionale – en passant par le détroit d’Ormuz, la mer Rouge, le détroit de Malacca. De nombreux pays, tels que la Chine, Singapour, les Emirats arabes unis, la Malaisie, la Türkiye et le Yémen, contribuent au contournement iranien des sanctions américaines grâce à une chaine de sociétés écran, qui permet à Téhéran de vendre son pétrole sur le marché noir. Ainsi, cette nouvelle vague de sanctions des Etats-Unis cible les échanges clandestins qui maintiennent l’économie et le commerce pétrolier iranien.
Dans l’ensemble, la mobilisation de l’USDT paraît judicieuse, mais elle reste limitée par les dynamiques du marché clandestin. En effet, les circuits du trafic d’armes et des échanges pétroliers illicites, sur lesquels les Houthis s’appuient, s’appuient sur une économie parallèle difficile à démanteler, tant elle est adaptable et segmentée. L’usage de la cryptomonnaie comme monnaie de transaction la rend d’autant plus intraçable. Enfin, les Houthis ont montré l’inefficacité de la stratégie coercitive américaine, en attaquant deux navires commerciaux à la suite du communiqué. Qualitair&Sea annonce que “Le contournement du canal de Suez par le cap de Bonne-Espérance se poursuit, impactant toujours les délais et les coûts du fret maritime.”
Une chose est sûre : les Yéménites paieront le tribut des sanctions, lorsque les houthis augmenteront le prix du pétrole et forceront la population à financer sa rente. Alors que la famine se propage, notamment au Sud, les ingérences étrangères, autant iraniennes qu’américaines, risquent de précipiter le Yémen dans une crise humanitaire toujours plus désespérante.
À propos de l'auteur
Lucas Calmon Miranda
Biographie non renseignée