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L’UE renforce son contrôle sur l’État de droit des Balkans occidentaux en vue de l’adhésion

Publié le 26/09/2025
5 min de lecture
Par Maxime Coulet
Europe

Le Conseil des affaires générales de l’Union européenne s’est réuni le 16 septembre 2025 et a ouvert son traditionnel dialogue annuel sur l’État de droit. Pour la deuxième année consécutive, quatre pays candidats issus des Balkans occidentaux, l’Albanie, la Macédoine du Nord, le Monténégro et la Serbie, ont été inclus dans ce processus d’évaluation. Une normalisation qui témoigne d’un tournant dans la manière dont Bruxelles encadre la trajectoire réformatrice de ses partenaires en voie d’adhésion.

Un cadre d’inclusion et d’évaluation désormais systématique

Le débat s’est appuyé sur le rapport 2025 de la Commission européenne, publié en juillet dernier, et structuré autour de quatre axes : l’indépendance des systèmes judiciaires, la lutte contre la corruption, le pluralisme et la liberté des médias, et le fonctionnement institutionnel. Si le Conseil des affaires générales a salué des avancées concrètes dans plusieurs pays candidats, le ton des déclarations publiques a mis en lumière la persistance de certaines inquiétudes. La Commissaire à l’élargissement Marta Kos avait déjà rappelé lors d’un discours sur la situation en Serbie qu’aucun compromis n’était possible sur les valeurs fondamentales attendues pour rejoindre l’UE. Les pressions sur les magistrats, les interférences dans les procédures judiciaires ou encore la politisation des autorités de régulation des médias restent des lignes rouges. Des propos qui traduisent une volonté claire de placer l’État de droit au cœur du processus d’adhésion.

Cette fermeté affichée par Bruxelles contraste avec la dynamique observée dans le cas du Monténégro. La ministre Maida Gorčević a obtenu un soutien explicite des 27 États membres pour viser une finalisation des critères d’ici 2026, renforçant le statut de Podgorica comme pays moteur du processus.

Ce signal souligne aussi l’existence d’une hiérarchie implicite entre candidats : certains sont perçus comme crédibles et proches de l’adhésion (Monténégro, Albanie), quand d’autres sont rappelés à l’ordre pour des manquements jugés préoccupants, qu’il s’agisse de la liberté de réunion, de l’indépendance des médias ou de la lutte contre les discours de haine (Serbie, Macédoine du Nord.) Concernant la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo, les difficultés rencontrées par les institutions politiques sont tels que l’avenir européen semble au point mort. Marta Kos s’est tout de même rendue en Bosnie cette semaine pour apporter son soutien à la candidature de Sarajevo.

Une dimension géopolitique accrue

Le discours sur l’état de droit traduit l’approche actuelle de l’UE : avancer avec les pays jugés prêts, tout en mettant la pression sur ceux dont l’évolution est jugée problématique. Cette stratégie renforce la crédibilité de Bruxelles mais risque d’amplifier le sentiment de fatigue à l’égard de l’UE. En prime, elle peut alimenter un sentiment de traitement inégal dans les Balkans occidentaux, accentuant une fragmentation régionale déjà courante et surtout en offrant des marges de manœuvre aux puissances extérieures désireuses d’exploiter ces vulnérabilités.

La conjoncture internationale accentue en effet ce positionnement. Alors que la guerre en Ukraine, la crise à Gaza et les enjeux sécuritaires européens dominent l’agenda, l’élargissement (re)prend une dimension géopolitique accrue. Stabiliser les Balkans occidentaux apparaît comme une priorité stratégique, comme l’a rappelé la ministre des affaires étrangères danoises, Marie Bjerre : « Dans la situation géopolitique actuelle, l’élargissement de l’UE est une priorité absolue. […] La discussion menée avec l’Albanie, le Monténégro, la Macédoine du Nord et la Serbie lors de la session du Conseil tenue ce jour souligne l’importance qu’il y a à inclure les pays candidats dans notre dialogue. »

Pour Bruxelles, il s’agit de maintenir la crédibilité de ses exigences d’élargissement en renforçant sa position de partenaire idéal et de meilleure alternative pour les Balkans. Dans les Balkans, le soutien à la candidature est disparate : très fort en Albanie (91%), relativement important au Monténégro et en Macédoine du Nord (autour de 70%) et assez faible en Serbie (environ 35%). C’est du côté de Belgrade que le scepticisme est le plus fort et c’est du côté de Belgrade que l’UE se retrouve le plus embarrassé, entre ingérence russe aux et troubles en République Serbe de Bosnie.

Un autre risque persiste, celui que les impératifs de sécurité prennent le pas sur les exigences démocratiques, tandis que drones et avions de chasse sont aperçus dans le ciel de membres de l’UE et de l’OTAN. Sans compter la prise en compte de l’opinion publique européenne, alors qu’une étude Eurobaromètre datant du 5 septembre dernier dévoile que 56% des européens restent favorables à un élargissement.

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