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Turquie

Turquie–UE : Président Erdogan à Tirana.

Publié le 26/05/2025
5 min de lecture
Par Ikbal Bas
Asie de l'ouest et Monde arabe

Le Président turc Recep Tayyip Erdogan a pris part au 6e sommet de la Communauté politique européenne (CPE), qui s’est tenu à Tirana, en Albanie.

Le Président turc, dans son discours, a souligné la nécessité de renforcer la coopération sur le continent européen en s’appuyant sur des principes partagés. Il a déclaré qu’« il est nécessaire d’établir une architecture de gouvernance mondiale juste et inclusive pour surmonter la crise de confiance actuelle sur la scène internationale ». Il a estimé que cette transformation devait « commencer dans notre propre maison, en Europe, sur la base de l’indivisibilité de la sécurité et d’un partage plus équitable de la prospérité ».

Erdogan a évoqué plusieurs domaines présentant, selon lui, un potentiel de coopération élevé, notamment « l’industrie de défense, l’énergie, les corridors de transport et la connectivité, les chaînes d’approvisionnement, les marchés numériques et les minéraux critiques ». Il a salué les efforts de l’Union européenne en faveur d’une capacité de défense autonome, en précisant que « ces démarches devraient inclure les alliés non-membres de l’Union européenne sans affaiblir le rôle central de l’OTAN ». Il a estimé que les initiatives telles que ReArm ou SAFE « seraient bénéfiques à la sécurité européenne si elles sont menées dans cet esprit ».

Sur le plan économique, Erdogan a rappelé que

« la Turquie, avec son économie de 1,3 billion de dollars, sa population jeune et dynamique de plus de 85 millions d’habitants, son industrie compétitive et son accès direct aux grands marchés de consommation, représente un acteur critique ». Il a appelé à la modernisation de l’Union douanière entre l’Union européenne et la Turquie, affirmant qu’elle « contribuerait à la sécurité des chaînes d’approvisionnement » et « ouvrirait des possibilités de production et d’investissement conjoints dans des secteurs stratégiques comme l’automobile, la pharmacie et la défense ». Il a également plaidé pour une révision des politiques de visas, estimant que « les régimes tels que Schengen, qui restreignent la mobilité des personnes, doivent être réexaminés ».

Évoquant les récentes avancées dans le secteur énergétique, le Président turc a affirmé que « la Turquie est en passe de devenir un centre énergétique régional important ». Il a présenté son pays comme « l’État disposant de l’infrastructure énergétique la plus avancée de la région », soulignant que les efforts dans les énergies renouvelables « offrent des opportunités non seulement pour la Turquie, mais pour l’ensemble de la région ». Il a également affirmé que la Turquie « contribue de manière significative à la préservation de chaînes d’approvisionnement ininterrompues en Europe grâce à sa position centrale sur les routes de transport multimodales ».

Concernant la guerre en Ukraine, Erdogan a déclaré qu’une phase critique était atteinte pour parvenir à une désescalade. Il a réitéré son soutien à une solution négociée en affirmant : « Comme par le passé, nous contribuons à tous les efforts de résolution, en donnant la priorité à un cessez-le-feu complet ». Il a précisé que « des discussions sont en cours à Istanbul entre la Turquie, la Russie et l’Ukraine sous la coordination de notre ministre des Affaires étrangères ». Il a exprimé sa volonté de maintenir ouverts les canaux de dialogue, jugeant qu’« une paix juste n’aura pas de perdant ».

Le Président turc a attiré l’attention sur la situation à Gaza, qualifiée de « catastrophe humanitaire sans précédent ». Il a estimé que « des dizaines d’innocents, principalement des femmes et des enfants, sont tués chaque jour », et a exhorté les pays européens à « manifester l’intérêt nécessaire pour l’établissement d’un cessez-le-feu ». Il a critiqué l’attitude du gouvernement israélien, déclarant que « l’approche inflexible, agressive et arrogante de Netanyahu met en danger toute la région ». Il a également insisté sur la nécessité d’assurer « l’acheminement de l’aide humanitaire » et de rendre « Gaza à nouveau vivable ». Il a conclu sur ce point en réaffirmant son soutien à « une solution à deux États comme seule voie vers une paix durable ».

Abordant la situation en Syrie, Erdogan a salué « l’annonce du Président Trump concernant la levée des sanctions contre la Syrie », la qualifiant d’« étape précieuse vers un retour à la stabilité et au développement ». Il a exprimé le souhait que cette décision « serve d’exemple à d’autres pays », et a appelé l’Union européenne à « lever rapidement ses propres sanctions » et à « apporter un soutien financier à la reconstruction ». Il a estimé que ces mesures faciliteraient « le retour volontaire, digne et sécurisé des Syriens réfugiés à l’étranger ».

Enfin, le Président Erdogan a conclu son intervention en affirmant que « l’environnement actuel, marqué par l’augmentation des incertitudes, nous oblige à nous rassembler autour de solutions communes ». Il a souligné l’importance de « la solidarité, d’une utilisation efficace des ressources et d’une coopération sincère » pour faire face aux défis régionaux.

À propos de l'auteur

Ikbal Bas

Ikbal Bas

Étudiant en première année de master en affaires européennes à Sorbonne Université, Ikbal est passionné par les politiques régionales, la politique de cohésion européenne, l’élargissement de l’Union européenne ainsi que par les relations entre la Turquie et l’Union européenne. Il a commencé son parcours à Strasbourg pour ses études supérieures, avec l’objectif de mieux comprendre les enjeux européens, et poursuit aujourd’hui ses études à Paris, où il effectue son master pour découvrir de près le milieu européen dans la capitale française.

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