Rio: l’échiquier diplomatique chinois se déploie

Rio 2025, la Chine à l’offensive diplomatique
Les 28 et 29 avril, les 19 Etats membres des BRICS+ ont uni leurs voix diplomatiques à Rio de Janeiro pour tracer les contours d’un nouvel horizon stratégique. Placée sous la présidence du ministre des Affaires étrangères Mauro Vieira, cette réunion a cristallisé la volonté commune d’un multilatéralisme affranchi des puissances occidentales et à esquisser les fondements d’une force de paix et non d’un front d’opposition. A l’aune d’un contexte économique mondial vacillant, les protagonistes ont cherché, à travers une diplomatie de club, à trouver un nouvel équilibre et réaffirmer la nécessité d’un système international fondé sur des règles.
A cet effet, la stratégie des BRICS+ entend intensifier les transactions entre membres par le biais d’un renforcement du yuan, ce notamment en s’appuyant sur la Nouvelle Banque de Développement (NDB) pour contourner les sanctions de l’Occident à l’égard des «indésirables». Dans leur identification consensuelle de la brutalité de la politique étrangère de Donald Trump, ils ont de surcroît souligné l’émergence d’
La Chine face à un nouvel équilibre international : un tournant géopolitique
Le ministre des Affaires étrangères chinois, Wang Yi, a souligné un déplacement du centre de gravité des relations internationales : de l’Occident fragmenté par l’ère Trump, il glisserait vers un Sud global en quête de repères. La constellation hétérogène de pays réunis sous l’égide d’une modernisation alternative a donc concentré ses efforts pour promouvoir des organisations multilatérales souhaitées «plus justes et inclusives».
Les divergences internes des BRICS : entre idéalisme réformiste et pragmatisme économique
Les cultures politiques et stratégiques disparates des membres des BRICS sont source de désaccords notamment entre l’Inde, le Brésil, la Chine et la Russie. Si certains membres ont paru assumer une idéologie réformiste, dont l’ambition principale est d’avancer vers une désoccidentalisation globale, d’autres ont conservé une posture plus prudente, portant le souci de ne pas compromettre leurs partenariats économiques. Malgré une volonté affichée de convergence, quelques axes sensibles autour de la montée en puissance du yuan, de la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU et de la dé-dollarisation ont révélé des divergences notables entre les Etats membres.
Les récentes manœuvres de Donald Trump ont indéniablement bousculé les voies conventionnelles de la diplomatie, introduisant la question de la pérennité ou de l’éphémérité de cette instabilité : dans ce contexte, la Chine, au sein des BRICS, a adopté une posture offensive. Elle dit chercher à établir une structure économique «pragmatique et diversifiée», et œuvre à reconfigurer les flux de pouvoir. Les BRICS, devenus un véritable laboratoire de la puissance à caractère révisionniste, redéfinissent par leurs discours et leurs actions les rapports de force mondiaux.
Enfin, le ministre brésilien des Affaires étrangères, Mauro Vieira, a déclaré que «les réunions de Rio constituent une étape préparatoire essentielle en vue du 17ᵉ Sommet des dirigeants des BRICS [prévu les 6 et 7 juillet]». Selon ses termes, les chefs d’État des pays membres auront l’occasion d’entériner «des décisions majeures en matière de développement et de coopération».
À propos de l'auteur
Noah VIDON
Diplômé en Relations Internationales et Sciences-politiques, Noah nourrit une passion ardente pour l’analyse géopolitique et la prospective stratégique. Sa fascination pour l’Asie, creuset de cultures et acteur clé de l’échiquier mondial, aiguise son ambition. Fort d’un regard multiculturel, il aspire à servir une action publique innovante, au cœur des politiques étrangères de demain.