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Relations Iran–BRICS – Point de situation au 14/03/2025

Publié le 14/03/2025
4 min de lecture
Par Raphaël SILBERT
Asie de l'ouest et Monde arabe

Le mardi 10 mars, un exercice militaire naval a été conduit en territoire maritime iranien dans le Golfe d’Oman, à proximité des côtes de la ville de Chabahar. Cet exercice annuel trilatéral « Ceinture de Sécurité Maritime 2025 » a été mené par environ 15 navires des flottes iranienne, chinoise et russe, d’après le média SpecialEurasia. La Fédération de Russie a pour sa part envoyé les corvettes « Rezki » et « Héro de la Fédération de Russie Tsydenzhapov », ainsi que le tanker de taille moyenne « Pechenga ». L’Armée Populaire de Libération chinoise elle a déployé le destroyer « Baotou » et le navire de ravitaillement « Lac Gaoyou ». Enfin, d’après l’agence iranienne Tasnim, le Corps des Gardiens de la Révolution et les forces navales iraniennes ont également déployé une partie de leurs forces. Le média gouvernemental a justifié cet exercice conjoint en faisant valoir une tentative de renforcer « la sécurité régionale » ainsi que la « coopération multilatérale ».

Depuis l’année 2018, les trois Etats conduisent régulièrement des exercices conjoints, notamment pour favoriser leur coopération militaire. D’un point de vue stratégique, ces démonstrations militaires confortent la position de ces participants en faveur d’un modèle alternatif du système international, et constituent une démonstration de force notamment vis-à-vis des routes commerciales de la zone. En raison des négociations toujours en cours entre Kiev, Moscou et Washington sur la guerre russo-ukrainienne, qui impliquent un rapprochement russo-américain récent, l’intérêt prioritaire pour l’Iran repose sur une volonté de multiplier les démonstrations de force et de manifester sa présence dans des zones clés du commerce international.  Selon l’US Energy Information Administration, plus de 21% de la consommation mondiale de pétrole est passée par le Détroit d’Ormuz en 2022. Il est un point de passage important du commerce mondial et relie notamment le continent Asiatique au Moyen Orient puis à l’Europe. Plus de 90% du pétrole produit dans le Golfe Persique transite par ce goulet de seulement 55 kilomètres. En raison des implications régionales et notamment des exportations d’hydrocarbures vitales pour l’Iran, et qui s’élevaient à 1,8 millions de barils par jour en septembre 2024, Téhéran n’a pas décidé de lancer d’opérations militaires afin de bloquer le détroit. Cependant, le port Shahid Bahonar situé dans la ville portuaire de Bandar Abbas, et abritant à la fois les forces conventionnelles de la République Islamique ainsi que le Corps des Gardiens de la Révolution, constitue l’une des principales bases navales iraniennes, et permet à l’Iran d’exercer une pression constante sur le détroit et de sécuriser les échanges entrants et sortants du territoire iranien.

Pour Téhéran en particulier, cet évènement intervient seulement 2 jours après la déclaration du président Donald Trump à la télévision américaine, où il a notamment révélé avoir envoyé une lettre à l’Ayatollah Ali Khamenei. Il a déclaré l’avoir encouragé à reprendre les discussions sur le programme nucléaire iranien, et a précisé notamment que les deux seules options possibles pour régler cette question seraient « militairement, ou bien vous acceptez un accord ». Il a également déclaré ne pas être préoccupé par l’exercice militaire iranien prévu dans la semaine. En réponse à ces déclarations, le président de la République Islamique Masoud Pezeshkian a répondu le mercredi 12 mars : « Il est inacceptable de dire : « Nous donnons l’ordre de faire ceci (ou) de ne pas faire cela.» […] Je ne négocierai pas avec vous. Faites ce que vous voulez ! ». Le lendemain, le Leader Suprême Ali Khamenei a également commenté la lettre envoyée par la Maison Blanche : « A quoi bon négocier quand on sait qu’il ne s’y tiendra pas ? » faisant référence au retrait de la première administration Trump de l’accord JCPOA de 2015 sur le nucléaire.

Enfin, la République populaire de Chine, représentée par son Vice-Ministre des Affaires Etrangères Ma Zhaoxu, organise aujourd’hui à Pékin une discussion trilatérale avec Moscou et Téhéran, qui portera officiellement sur les options envisageables pour lever les sanctions internationales sur l’Iran et la reprise des discussions pour rétablir un accord sur le nucléaire.

 

 

 

 

 

 

 

À propos de l'auteur

Raphaël SILBERT

Raphaël SILBERT

Etudiant de Relations Internationales en Master 1 à l'ILERI, et aspirant à spécialiser prochainement en Défense, Gestion des risques et Cybersécurité, Raphaël possède un intérêt particulier pour la zone Moyen-Orient, renforcé par l'apprentissage de l'arabe et de l'hébreu en parallèle de sa formation.

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