Relations Arménie – Azerbaïdjan – Point de situation au 13/05/2024

Le 10 mai les MAE azerbaïdjanais et arménien, Djeyhoun Bayramov et Ararat Mirzoyan, se sont rencontré à Almaty au Kazakhstan, une rencontre confirmée dès le 6 mai, et qui donné lieu à un communiqué de presse similaire. A cette occasion, le MAE azerbaïdjanais a annoncé que la délimitation était presque terminée dans le secteur de Qazakh.
Alors que le 19 avril dernier, un accord frontalier était conclu entre les deux pays qui permettait le retour de 4 villages occupés par l’Arménie depuis les années 90 sous souveraineté azerbaïdjanaise, et que Nikol Pachinian publiait sur les médias sociaux une photo de la première borne sur le tronçon Tavoush – Qazax, le ministère de la Justice arménien a dû justifier cette décision controversée dans le pays en ces termes : «[…] la cession d’une partie quelconque du territoire souverain de l’Arménie à un autre État est hors de question en aucune circonstance. Concernant l’obligation de procéder à tout changement sur le territoire de l’Arménie uniquement par référendum […] Le processus en cours n’est pas lié au changement de territoire, mais à la reproduction et à l’emplacement de la frontière nationale. […] la Déclaration d’Alma-Ata de 1991 et l’Accord de Minsk sont les traités internationaux qui servent de base pour déterminer la frontière de l’Arménie. […] D’après les cartes légalement reconnues durant l’existence de l’URSS, y compris les cartes approuvées par les commissions lors du processus de délimitation, les 4 villages en question appartenaient à l’Azerbaïdjan soviétique ». En effet, plusieurs manifestations se sont multipliées à Erevan et aux alentours des villages de la région de Tavoush, notamment sous la houlette de l’archevêque Bagrat Galstanian qui est également soutenu par le siège de l’Église apostolique arménienne, ce pour quoi Nikol Pachinian a déclaré le 7 mai à l’occasion d’une conférence de presse de 4h : « Il est évident que le Catholicos de tous les Arméniens dirige aujourd’hui un mouvement politique en Arménie […] Ce scénario a déjà été présenté après les élections de 2021 : le chef du bloc « Arménie » [Robert Kocharian] a présenté un scénario sur la manière de procéder à un changement de pouvoir en Arménie à travers l’Église ».
Le 6 mai , le service de presse du gouvernement arménien et le bureau du vice-Premier ministre azerbaïdjanais Shahin Mustafayev annonçait la mise en place de 40 bornes frontalières, une démarcation au sujet de laquelle Ilham Aliev a déclaré le 1er mai à l’occasion du 6ème Forum mondial pour le dialogue interculturel à Bakou « Ceci a été réalisé par les deux pays sans aucune médiation. Cela démontre une fois de plus que nous n’avons pas besoin de médiateurs, en particulier de ceux qui poursuivent leurs propres objectifs et ne veulent pas aider mais veulent plutôt pénétrer dans notre région pour leurs intérêts personnels, politiques et économiques ».
Le 26 avril a eu lieu la cérémonie solennelle de clôture du Centre de surveillance conjoint turco-russe situé sur le territoire du district d’Agdam. Le secrétaire d’État états-unien Anthony Blinken s’est entretenu avec les présidents arménien et azerbaïdjanais le 28 avril pour dire son soutien au processus en cours et féliciter les deux chefs d’État d’avoir pris pour référence la déclaration d’Alma-Ata pour la délimitation des frontières.
À propos de l'auteur
Morgan Caillet
Morgan est socio-anthropologue de formation, diplômé de l’IEP d’Aix en Provence en Management interculturel et médiation religieuse et de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques en gestion de projets internationaux. Il mène une recherche indépendante sur la résolution des conflits et la construction de la paix dans la région sud-caucasienne.



