Politique sécuritaire européenne – Point de situation au 01/03/2025

Au lendemain des élections mouvementées en Allemagne, Friedrich Merz, futur chancelier, plaide en faveur d’une Europe de la défense plus autonome, doutant de la protection américaine face à la menace russe, après la réélection de Donald Trump. Il se démarque ainsi nettement de l’actuel chef d’État, Olaf Scholz, notamment sur les questions de politique étrangère, dont les implications pourraient être majeures.

Contrairement à Scholz, qui s’est présenté comme le « chancelier de la paix », Merz adopte une posture plus volontariste en matière militaire.

L’Allemagne d’après-guerre, ayant fondé sa sécurité sur le parapluie américain, notamment à travers le déploiement de missiles américains et de la présence de 35 000 soldats sur son sol, s’est jusqu’ici montrée réticente à l’idée d’une autonomie stratégique de l’Europe.

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, l’Allemagne avait pourtant amorcé un tournant historique en matière de défense avec la doctrine du « Zeitenwende » (changement d’époque) annoncée par Olaf Scholz. Ce plan comprenait entre autres, l’engagement d’atteindre l’objectif de 2 % du PIB consacré à la défense, conformément aux exigences de l’OTAN.

Toutefois, malgré ces annonces, la mise en œuvre a été lente, avec des retards dans l’acquisition de matériel et une armée encore jugée sous-équipée. Friedrich Merz entend aller plus loin en adoptant une posture plus offensive et en accélérant les investissements. Il pourrait également encourager un rôle plus actif de l’Allemagne dans les opérations militaires européennes et internationales, rompant avec la prudence traditionnelle de Berlin en matière d’intervention militaire.

Merz ambitionne également de renforcer la coopération non seulement avec la France, mais aussi avec la Pologne. Cette dernière, qui partage plus de 400 kilomètres de frontières avec la Biélorussie et plus de 200 kilomètres avec l’enclave russe de Kaliningrad, constitue un point de transit majeur de l’aide occidentale vers l’Ukraine. Les ambitions sécuritaires de Paris, Berlin et Varsovie s’alignent, avec la volonté de réveiller l’Europe sur les enjeux de défense.

Par ailleurs, l’achat accru d’armes européennes, une demande récurrente de la France, figure parmi les priorités du futur chef d’État. Dans cette dynamique de coopération renforcée, Merz envisage également de solliciter le déploiement de l’arsenal nucléaire français en Allemagne, marquant ainsi une volonté d’affirmer une défense européenne plus autonome.