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Le sommet à Paris de la “coalition des volontaires” : vers un engagement militaire européen en Ukraine ?

Publié le 31/03/2025
4 min de lecture
Par Vladimir KRSMANOVIC
Europe

Alors que les négociations se poursuivent pour un cessez-le-feu entre la Russie et l’Ukraine, les Etats-Unis multiplient les prises de positions défavorables à Kiev. L’administration Trump a menacé de réduire son soutien militaire à l’Ukraine si celle-ci ne se pliait pas à ses conditions, jugées défavorables à Kiev. Washington ne promet aucune garantie de sécurité pour l’Ukraine ni son adhésion à l’OTAN, laissant ainsi le pays affaibli et vulnérable à une nouvelle menace militaire russe d’envergure dans le futur.

En satisfaisant les intérêts néo-impérialistes du Kremlin, le virage stratégique opéré par les Etats-Unis inquiète profondément les Européens. Des réunions sont organisées en urgence par les chefs d’État européens afin de trouver des solutions pour assurer la sécurité de l’Ukraine et, par extension, celle de l’ensemble du continent.

Lors des premières négociations à Riyad entre Washington et Moscou, un sommet de soutien à l’Ukraine a eu lieu à Paris le 17 février dernier (voir veille précédente), suivi d’un second à Londres le 2 mars. Depuis, le Royaume-Uni et la France ont lancé un appel commun en faveur d’un déploiement militaire européen pour protéger l’Ukraine.

Le jeudi 27 mars dernier, un sommet à huis-clos de la “coalition des volontaires

” s’est tenu à Paris pour débattre des mesures à mettre en œuvre une fois le cessez-le-feu appliqué. Ce second sommet a rassemblé 31 chefs d’Etat et de gouvernement, avec également le secrétaire général de l’OTAN et des représentants des institutions européennes.

Les discussions ont porté sur plusieurs enjeux cruciaux à court terme : le renforcement immédiat de l’assistance à l’Ukraine ; la mise en oeuvre et l’extension du cessez-le-feu ; le soutien à long terme de l’Ukraine et de son armée ; les garanties de sécurité nécessaires pour l’Ukraine.

Les Européens ont également abordé les modalités d’application du cessez-le-feu sur terre, en mer et dans l’espace aérien, ainsi que les moyens de surveillance de son respect. Ils se sont accordés pour mandater leurs ministres des Affaires étrangères afin de proposer, sous trois semaines, un plan de cessez-le-feu court mais durable, accompagné d’un suivi institutionnel et pratique. Toutefois, des incertitudes subsistent quant à l’organisme chargé de surveiller l’application du cessez-le-feu en Ukraine : l’OSCE (comme entre 2014 et 2022), l’ONU, ou un système de surveillance ad hoc.

Par ailleurs, il a été proposé d’envoyer une délégation militaire franco-britannique à Kiev, organisée par les chefs d’état-major des armées des deux pays, afin de collaborer avec l’armée ukrainienne sur ses besoins spécifiques en vue d’une potentielle agression russe. Un rapport sera remis aux Européens d’ici « trois à quatre semaines« .

Cette proposition a fait l’unanimité, contrairement à celle portant sur le déploiement de « forces de réassurance« , qui a suscité des désaccords parmi les Européens. Emmanuel Macron a précisé que ces forces « n’ont pas vocation à être des forces de maintien de la paix » et qu’elles seraient positionnées « dans certains endroits stratégiques préalablement identifiés avec les Ukrainiens« .

Lors de la conférence de presse, Emmanuel Macron a insisté sur le fait que ces forces, pilotées par la France et le Royaume-Uni, n’avaient pas pour objectif de concurrencer l’OTAN en matière de sécurité en Europe. Il a également souligné que plusieurs États européens étaient volontaires pour participer à ce projet, bien que l’unanimité soit encore loin d’être atteinte. Or, en l’absence de consensus, ce soutien partiel à l’Ukraine risque de ne pas peser suffisamment face aux conditions imposées par la Russie.

Néanmoins, plusieurs questions demeurent sur la « coalition des volontaires » : quels sont les États ayant donné leur feu vert à cette initiative ? Quelles sont les « zones critiques » où pourraient être déployées les « forces de réassurance » ? Quelle coordination militaire attendre des Européens sur les plans terrestre, aérien et maritime en Ukraine ? Le déploiement de militaires européens risque-t-il de compromettre la mise en place d’un cessez-le-feu ?

À propos de l'auteur

Vladimir KRSMANOVIC

Vladimir KRSMANOVIC

Diplômé d’un Master 2 en Études européennes à l’Université Sorbonne Nouvelle, Vladimir Krsmanovic a acquis une expérience professionnelle variée au sein d’une collectivité territoriale, d’un cabinet d’affaires publiques et de relations presse, ainsi que dans un think tank à Bruxelles en lien avec les institutions européennes. Passionné de géopolitique, il partage ses analyses sur des thématiques telles que le soutien de l’Union européenne à l’Ukraine dans le contexte de la guerre avec la Russie, la politique étrangère du Bélarus et l’activité de l’opposition démocratique bélarusse.

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