L’Union Européenne tente de peser sur la politique internationale de Donald Trump

L’instabilité des décisions de Donald Trump concernant les droits de douane
Régulièrement menacés de droits de douane par le président américain, l’Union Européenne essaye de se défendre, en appelant à la négociation. Le 25 mai, Donald Trump souhaitait imposer des droits de douanes de 50 % sur les produits venant de l’Union Européenne. Il a ensuite décalé au 9 juillet suite à un appel avec la Présidente de la Commission Européenne, comme il a précisé : « Elle vient de m’appeler et elle a demandé une prolongation de la date du 1er juin, et elle a dit qu’elle voulait entamer des négociations sérieuses« .
Ursula von der Leyen rajouta que : « L’UE et les États-Unis partagent la relation commerciale la plus importante et la plus étroite au monde (…) Pour parvenir à un bon accord, il nous faudrait du temps jusqu’au 9 juillet ». 0000ff;">Emmanuel Macron se dit « confiant » quant à la finalité des pourparlers. Il a également précisé, en marge du sommet de l’OTAN, que « se faire la guerre commerciale » au sein de l’Otan est une « aberration ». Enfin, Friedrich Merz critique l’approche « beaucoup trop compliquée » de l’UE.
Le Commissaire européen à l’Industrie, aux PME et au Marché unique, Stéphane Séjourné, a exposé sa vision des modèles américains et européens : « Nous devons aussi reconnaître que nous ne sommes pas dans un rapport de force équilibré avec les États-Unis : Donald Trump est à la recherche de solutions « win-win ». (…) L’intérêt des Européens est clairement dans cette seconde voie qui peut préserver la valeur économique pour nos entreprises. (…) L’Europe ne peut pas se construire uniquement en réaction à la relation transatlantique. ».
Guerre en Ukraine : pression des européens envers l’administration Trump
Friedrich Merz a annoncé sur la chaîne de télévision allemande, WDR, qu’« il n’y a plus de limites à la portée des armes fournies à l’Ukraine – ni par les Britanniques, ni par les Français, ni par nous. Et aucune de la part des Américains non plus« .
Suite à des bombardements massifs russes en Ukraine, fin mai, après que Donald Trump traite Vladimir Poutine de « complètement fou », Berlin dénonce « un affront, y compris envers le président américain Donald Trump, qui a tant fait pour amener Poutine à la table des négociations ». Quant à Emmanuel Macron, il évoque un « test de crédibilité » au sujet de possibles sanctions américaines contre la Russie. « La question est de savoir si le président Trump est prêt à mettre en avant des sanctions beaucoup plus fortes à l’égard de la Russie si elle refuse de répondre à la proposition » d’un cessez-le-feu, précise le Président français.
L’Union européenne et le Royaume-Uni souhaitent abaisser le plafond des prix du pétrole à 45 dollars le baril contre 60 dollars actuellement, afin de faire pression sur les revenus pétroliers de la Russie. Ce que les États-Unis refusent.
Le sommet de l’OTAN, qui a eu lieu les 24 et 25 juin à La Haye (Pays-Bas), a permis une assurance de la continuité de l’alliance, et surtout du maintien américain. Grâce à une promesse commune, chaque pays de l’OTAN doit contribuer à hauteur de 5 % de leur PIB aux questions de défense et de sécurité, d’ici 2035. Le président français a estimé que l’effort de défense promis par les alliés des États-Unis supposait « de l’unité, du respect et de l’anticipation« , tout en prévenant Washington d’ »anticiper les évolutions de déploiement des forces » américaines « sur le sol européen » et à « ne pas oublier » la guerre en Ukraine.
Friedrich Merz à la Maison-Blanche
Il a rencontré Donald Trump à Washington, le 5 juin dernier. En amont, le chrétien-démocrate était enthousiaste : « Je me réjouis de ma première rencontre personnelle avec Donald Trump demain à Washington. Notre alliance avec l’Amérique a été, est et restera d’une importance capitale pour la sécurité, la liberté et la prospérité de l’Europe. Les États-Unis sont un ami et un partenaire indispensable de l’Allemagne. » délivre-t-il sur X.
Durant la visite, F. Merz a tenté d’appuyer sur les liens entre les deux pays : « Les États-Unis et l’Allemagne partagent le même ADN (…) De nombreux citoyens américains ont des ancêtres originaires d’Allemagne. Je viens de donner à Donald Trump une copie de l’acte de naissance de son grand-père. Il est né à Kallstadt, en Allemagne, en 1869».
En évoquant le Débarquement en Normandie du 6 juin 1944, le chancelier allemand s’est fait interrompre par le Président Américain : « Ce n’était pas une journée agréable pour votre pays ». F. Merz répliqua calmement : « en fin de compte, [cet évènement] permis de libérer [son] pays de la dictature nazie ». Sur les sujets actuels, D.Trump a eu quelques mots positifs : « Je sais qu’à présent, vous dépensez davantage d’argent pour la défense, beaucoup plus d’argent, et c’est une bonne chose » et a déclaré, vaguement, que l’Europe et les États-Unis « aboutiraient, espérons-le, à un accord commercial ».
Suite à cette rencontre, le chancelier a précisé sur X : « Le président Trump est essentiel pour mettre fin à la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine. Je le lui ai dit aujourd’hui lors de nos entretiens à l’extérieur et dans le Bureau ovale : il peut faire pression sur la Russie ».
Un G7 écourté par le départ précipité de Donald Trump
Cette année, le G7 (États-Unis, Japon, Canada, France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni) s’est déroulé au Canada, du 15 au 17 juin.
Présente lors cet évènement, Ursula von der Leyen avait confiance aux actions amenées par le G7 : « Le sommet du G7 est l’occasion de discussions constructives et approfondies entre partenaires. J’ai discuté avec le président Trump de questions cruciales, de l’Ukraine au commerce. En ce qui concerne le commerce, nous avons demandé aux équipes d’accélérer leurs travaux pour parvenir à un accord juste et équitable ».
En amont de cet évènement, elle a rencontré le Sénateur américain Lindsey Graham, proche de Donald Trump : « Bonne discussion avec Lindsey Graham. L’UE prépare son 18e paquet de sanctions sévères [contre la Russie], comprenant notamment une baisse du prix plafond du pétrole brut. Ces mesures, combinées aux mesures américaines, augmenteraient considérablement l’impact conjoint de nos sanctions. » déclare-t-elle sur X. Le Sénat américain prépare et propose des sanctions contre la Russie, en attente d’un accord de l’administration Trump.
D’autres dirigeants européens ont également communiqué sur leurs rencontres bilatérales avec Donald Trump. Les discussions ont tourné sur les relations commerciales, la guerre en Ukraine et les inquiétantes escalades au Moyen-Orient (Emmanuel Macron sur X ; Friedrich Merz sur X ; Georgia Meloni, sur Instagram ;…).
Dossier Iranien : sujet explosif
Face à l’escalade des tensions entre l’Iran et Israël, Donald Trump a écourté sa venue au G7. Emmanuel Macron a tenté d’expliquer son départ précipité et le président américain a été sévère envers son homologue français : « En quête de publicité, Emmanuel Macron a déclaré à tort que j’avais quitté le sommet du G7 au Canada pour retourner à Washington afin de travailler à un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran. Faux ! Il ignore totalement pourquoi je suis en route pour Washington, mais cela n’a certainement rien à voir avec un cessez-le-feu. C’est bien plus grave. Que ce soit volontaire ou non, Emmanuel se trompe toujours. ». Emmanuel Macron a qualifié ce « clash verbal » de « péripétie » et précise la nécessité « des États-Unis pour faire revenir tout le monde autour de la table des négociations ».
Les désaccords et divergences se sont accentués au sujet des actions à réaliser en Iran. Alors que des pays comme la France appelaient à la désescalade, d’autres comme les États-Unis n’ont pas eu le même point de vue. Alors que Merz disait qu’« Israël fait le sale boulot pour nous tous» en Iran, Macron a appelé à ne pas faire tomber le régime iranien, pour éviter le chaos. Le cessez-le-feu annoncé par Donald Trump a été salué par Ursula von der Leyen, y voyant « une étape importante vers le rétablissement de la stabilité dans une région sous tension ».
Autre sujet, le Groenland. Menacé d’annexion par le Président américain, ce territoire autonome appartenant au Danemark a reçu le soutien du respect de sa souveraineté par Emmanuel Macron : « Le Groenland n’est pas à vendre » a-t-il déclaré sur place.
Rencontres transatlantiques
Les 2 et 3 juin, une réunion ministérielle « Justice et affaires intérieures« entre l’Union Européenne et les États-Unis a eu lieu, en Pologne. Le Conseil de l’Union Européenne synthétise les conclusions de cet évènement : « L’Union européenne et les États-Unis ont passé en revue les récentes réalisations communes et identifié des actions conjointes concrètes dans des domaines d’intérêt et de priorité communs, tels que la lutte contre la criminalité organisée transnationale et le trafic de drogue, la lutte contre le terrorisme, l’immigration illégale et les activités criminelles liées à l’informatique ». Une rencontre transatlantique sur ces sujets aura de nouveau lieu au cours du seconde semestre 2025.
En juin, la Présidente du Parlement Européen, Roberta Metsola, s’est déplacée aux États-Unis : « Bons échanges dans l’Ohio avec les membres du Congrès des États-Unis. La relation transatlantique est importante. Nous devons continuer à construire et à renforcer notre alliance. Créer la prospérité et renforcer la sécurité » et déclare également sur X : « Excellent échange avec des dirigeants d’entreprises européens et américains chez EACCNY à New York. Alors que l’Europe s’engage dans un programme de simplification, il est important que cette connexion commerciale continue de croître et que notre économie transatlantique continue de se renforcer ».
À propos de l'auteur
Thibaut Eudier
Je suis diplômé de plusieurs Masters (administration publique, communication, relations internationales) et j'ai plusieurs expériences professionnelles (en relations presse, chez Keolis et France Médias Monde). J'ai également effectué de nombreux travaux universitaires : ingérences étrangères, stratégies de communication en Occident, relations diplomatiques entre l'Union Européenne et les Etats-Unis sous l'ère de G.W.Bush,...