Iran–États-Unis : des négociations indirectes commencent sous médiation omanaise.

À la suite de plusieurs semaines d’échanges de messages et de lettres entre l’Iran et les États-Unis, des négociations indirectes, facilitées par Oman en tant que médiateur, ont débuté samedi 12 avril à Mascate. Steve Witkoff a été envoyé comme émissaire spécial américain pour l’Asie de l’Ouest afin de rencontrer le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi. Alors que le président Trump avait proposé des négociations directes dans une lettre transmise le 12 mars via les Émirats arabes unis, l’Iran n’a accepté que des pourparlers indirects, estimant que l’approche actuelle de Washington — fondée sur une pression maximale et des menaces militaires — était incompatible avec une diplomatie sincère. Abbas Araghchi a récemment confirmé, dans un article publié par The Washington Post le 8 avril 2025, que l’Iran avait bien proposé et accepté des négociations indirectes, mais non directes. Selon The Tehran Times, les échanges se dérouleront par écrit, le ministre omanais des Affaires étrangères jouant le rôle d’intermédiaire.
Toute escalade entre les États-Unis et l’Iran, menant à un conflit armé, aurait probablement un impact direct sur les prix mondiaux du pétrole, risquant de provoquer une crise économique et financière, en plus d’imposer un coût exponentiel aux contribuables américains — un scénario qui ne servirait pas les intérêts du président Trump dans la situation actuelle. De plus, les installations nucléaires iraniennes étant dispersées à travers le pays, en frapper une ou plusieurs ne ferait que retarder l’avancement du programme nucléaire, sans pour autant le démanteler complètement,
Araghchi a rappelé dans l’article du Washington Post que l’accord sur le nucléaire iranien de 2015 (JCPOA), dont le président Trump s’est retiré en 2018, comprenait l’engagement suivant : « L’Iran réaffirme que, en aucune circonstance, il ne cherchera, ne développera ou n’acquerra d’arme nucléaire ». Il a souligné qu’il n’existe, dix ans après la signature de l’accord, aucune preuve que l’Iran ait violé cet engagement — un constat également confirmé dans un rapport annuel des services de renseignement américains publié le 25 mars par l’Office du Directeur du Renseignement National (ODNI). Ce rapport affirme clairement : « Nous continuons à estimer que l’Iran ne construit pas d’arme nucléaire et que le Guide suprême Khamenei n’a pas réautorisé le programme nucléaire militaire qu’il avait suspendu en 2003, même si la pression à cet égard s’est probablement accrue ».
Malgré ce rapport et les affirmations constantes de l’Iran selon lesquelles son programme nucléaire poursuit exclusivement des objectifs civils, le président Trump continue de menacer l’Iran, exigeant l’arrêt total ou le démantèlement complet de ses recherches nucléaires, sous peine de représailles militaires. Cette dernière option reste cependant une ligne rouge inacceptable pour Téhéran.
Le ministre iranien des Affaires étrangères a également saisi l’occasion pour rappeler que l’économie iranienne, estimée à plusieurs milliers de milliards de dollars, reste ouverte aux entreprises et investissements américains, présentant la République islamique comme un partenaire économique sûr et fiable. Tout en réaffirmant l’ouverture de l’Iran aux négociations indirectes et en soulignant que la voie diplomatique reste possible si elle est poursuivie avec une réelle volonté, il a mis en garde contre l’inefficacité des menaces militaires américaines, précisant que l’Iran se défendra avec fermeté en cas d’attaque.
Le choix entre la paix et l’affrontement appartient désormais aux États-Unis. Selon Araghchi, il existe aujourd’hui une « opportunité pour les États-Unis d’avoir enfin un président de la paix », capable de marquer l’Histoire comme aucun président américain ne l’a fait auparavant.
À propos de l'auteur
Carole Massalsky
Après une carrière dans l’audit financier et la finance d’entreprise, Carole a récemment obtenu un Master en Relations Internationales et Diplomatie auprès de l’Institut des Nations Unies pour la Formation et la Recherche (UNITAR). Elle est actuellement doctorante en Géostratégie et Géopolitique à l’Académie de Géopolitique de Paris, où elle consacre sa recherche aux relations entre l’Iran et l’Irak. Son intérêt pour les relations internationales et la géopolitique se concentre principalement sur l’Asie de l’Ouest et le monde arabe, avec une attention particulière à la politique étrangère de l’Iran et à ses relations avec ses voisins.