Iran–BRICS : un mois chargé pour la diplomatie iranienne.

Alors que tous les regards sont tournés vers le dialogue Washington-Téhéran initié pour parvenir à un accord sur le programme nucléaire, la diplomatie iranienne s’active sur plusieurs fronts et prend part à des événements internationaux de premier plan, notamment avec ses partenaires des BRICS +, sur des thématiques cruciales pour l’économie mondiale, telles que la recherche, la science ou le tourisme. Ces engagements s’inscrivent également dans l’agenda d’organisations de coopération sécuritaire et économique comme l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), qui réunit deux partenaires stratégiques importants pour l’Iran, à savoir la Chine et la Russie. Dans un contexte de tensions régionales accrues et de pressions liées aux négociations avec Washington, l’Iran cherche à consolider les partenariats existantes afin d’assurer sa sécurité économique.
Voici un bref retour sur les derniers sommets et réunions qui ont marqué le dernier mois d’activité diplomatique de la République Islamique.
Un programme axé sur l’éducation et la science avec Pékin et Tachkent
Les 12 et 13 mai derniers a eu lieu le 9ème sommet
Ce sommet a également été l’occasion pour l’Iran d’organiser une rencontre bilatérale entre le ministre de l’Éducation chinois Huai Jinpeng et le ministre Simaei-Sarraf, afin de discuter du développement des partenariats universitaires et scientifiques entre Pékin et Téhéran. Le ministre chinois a déclaré à cette occasion « La Chine a jusqu’à présent accordé des bourses d’études à plus de 200 étudiants iraniens. Le pays souhaite attirer davantage d’étudiants iraniens et d’étudiants chinois en Iran ». Ces déclarations illustrent la volonté chinoise de favoriser les échanges avec son partenaire iranien, et de renforcer les liens déjà existants entre les deux nations. D’autres pistes de développement ont été évoquées par Simaei-Sarraf, notamment en termes de recherche scientifique en mettant en avant des progrès iraniens effectués récemment dans les domaines de la biologie ou encore de la nanotechnologie. Les coopérations évoquées s’inscriraient dans la lignée de la signature de l’accord de coopération globale signé avec la Chine en mars 2021.
Le ministre Simaei-Sarraf a également rencontré le ministre de l’Education supérieure ouzbek Kongratbay Sharipov. Il a notamment mis l’accent sur l’accord conclu entre l’Universté technologique Sharif et l’Ouzbékistan, affirmant que le pays était disposé à étendre ces collaborations.
Un sommet politique et diplomatique organisé à Téhéran
Le 18 et 25 mai 2025 aura lieu le « Téhéran Dialogue Forum » dans la capitale iranienne. Cet événement sera organisé par l’Institut d’études politiques et internationales (IPIS), lié au ministère des Affaires étrangères. Le président de l’institut Saeed Khatibzadeh a déclaré que l’évènement accueillerait plus de 200 invités internationaux, comprenant notamment des représentants des États du Golfe Persique mais également des partenaires tels que la Russie, la Chine ou encore l’Afghanistan. Il a également déclaré que les thématiques abordées durant ce sommet seraient centrées sur les enjeux régionaux et leur impact sur le désordre international. Plusieurs interprétations sont possibles en tenant compte de ces propos, mais il est probable que la finalisation des négociations avec l’administration américaine sera abordée, ainsi que l’évolution des conflits régionaux toujours en cours tels que celui au Yémen ou encore à Gaza. L’évènement représente une occasion pour l’Iran de renforcer ses contacts privilégiés avec les États de la région et de remplir ses objectifs diplomatiques prioritaires, par exemple l’allègement des sanctions économiques internationales.
Le tourisme comme objectif économique auprès des Nations Unies
Le 16 avril dernier, Téhéran a été sélectionné pour accueillir le tout premier forum urbain de l’Organisation mondiale du tourisme des Nations Unies, consacré aux attractions urbaines. Cette désignation fait suite à un accord conclu lors de la conférence régionale organisée par l’institution spécialisée de l’ONU à Jakarta le 15 et 16 avril dernier. Durant cet évènement des objectifs d’investissements avaient été formulés pour des destinations clés du tourisme indonésien tels que Lake Toba ou encore Raja Ampat. Pour l’Iran, l’accord signé par Anoushirvan Mohseni-Bandpey, vice-ministre iranien du tourisme, et Zurab Pololikashvili, secrétaire général de l’ONU pour le tourisme, constitue une opportunité de taille pour attirer de nouveaux investissements dans les infrastructures urbaines de la capitale. C’est également une opportunité de renforcer le soft power iranien par le biais de l’organisation internationale phare.
Selon les termes de l’accord, le forum inaugural sur le tourisme sera organisé à Téhéran les 24 et 25 juin. La zone culturelle et touristique d’Abbasabad, affiliée à la municipalité de Téhéran, a été sélectionnée comme lieu d’accueil pour le sommet.
À propos de l'auteur
Raphaël SILBERT
Etudiant de Relations Internationales en Master 1 à l'ILERI, et aspirant à spécialiser prochainement en Défense, Gestion des risques et Cybersécurité, Raphaël possède un intérêt particulier pour la zone Moyen-Orient, renforcé par l'apprentissage de l'arabe et de l'hébreu en parallèle de sa formation.