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Iran–BRICS : la Chine, partenaire durable pour l’Iran ?

Publié le 10/06/2025
4 min de lecture
Par Raphaël SILBERT
Asie de l'ouest et Monde arabe

Le lundi 9 juin, le ministre des Affaires Etrangères iranien Abbas Araqchi a reçu à Téhéran l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République populaire de Chine auprès de la République islamique Cong Peiwu. Ils ont ensemble discuté de l’application de l’accord de coopération de 25 ans signé entre les deux États en mars 2021. Tandis qu’Araqchi a mis en avant la volonté de l’Iran d’approfondir les liens déjà existants avec Pékin, Cong s’est félicité des « liens forts » qu’entretiennent les deux pays actuellement. Dans quelles dynamiques cette rencontre s’inscrit-elle pour l’Iran, et comment sa relation avec la Chine constitue actuellement une variable cruciale pour les intérêts iraniens ?

L’accord signé

en 2021 abordait un large spectre de thématiques, puisqu’il impliquait une augmentation de l’investissement chinois dans les secteurs des télécommunications, de l’énergie, des infrastructures, mais également un rapprochement des institutions de sécurité et des industries de défense. L’Iran s’engageait de son côté à garantir un approvisionnement énergétique à long terme pour la Chine.  Cependant, de nombreux obstacles ont limité les effets attendus de l’accord, notamment du fait de la persistance des sanctions internationales visant Téhéran. D’après le média Iran International, les investissements chinois n’ont pas atteint les objectifs initialement annoncés, et de nombreux projets rencontrent des difficultés pour se concrétiser. C’est le cas du gisement offshore de gaz naturel South Pars (ou North Dome) partagé entre l’Iran et le Qatar, qui a vu plusieurs investissements chinois disparaître en 2019. L’exploitation de ce champ gazier est de première importance pour l’Iran, puisqu’il représente environ 70% de la production gazière nationale. Téhéran a par ailleurs lancé un plan de 17 milliards de dollars en mars 2025 afin d’optimiser l’extraction du champs gazier, et compenser la baisse naturelle de pression des réservoirs. La Chine a également désinvesti plusieurs autres projets d’infrastructures sur le territoire iranien depuis cette date. Au global, la prévision initiale d’un investissement d’environ 400 milliards de dollars chinois en Iran à partir de 2021 a été largement surévaluée. Dans le contexte toujours incertain lié aux négociations sur le nucléaire avec les Etats-Unis, l’intérêt prioritaire pour l’Iran pourrait donc être d’obtenir le maximum de garanties commerciales avec la Chine et s’assurer le soutien sécuritaire diplomatique de Pékin par la même occasion. Alors que les investissements chinois dans le secteur de l’énergie constituent une garantie économique considérable pour l’Iran, la multiplication des rencontres bilatérales avec la Chine illustre l’importance que Téhéran porte à son partenaire oriental.

Aussi, le gouvernement iranien a récemment  prôné un rapprochement plus étroit avec son partenaire chinois, et les rencontres bilatérales sur différents volets de l’accord qui lie les deux Etats. Tandis que l’inauguration du corridor ferroviaire sino-iranien fin mai a marqué une accélération de l’intégration de l’Iran aux routes commerciales de la Chine en Asie Centrale, d’autres rencontres officielles ont consacré d’autres axes de coopération. C’est le cas de la rencontre ayant eu lieu le 30 mai à Moscou entre le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale (SNSC) Ali-Akbar Ahmadian, et le Secrétaire de la Commission centrale des affaires politiques et juridiques du Politburo du Parti communiste chinois, Chen Wenqing. Les deux hommes ont fait valoir l’importance de la coopération sécuritaire et économique entre les deux pays, en affirmant qu’elle est une garantie de prospérité dans la région. Wenqing a par ailleurs déclaré que la relation bilatérale était entrée dans une « nouvelle phase ».

 

À propos de l'auteur

Raphaël SILBERT

Raphaël SILBERT

Etudiant de Relations Internationales en Master 1 à l'ILERI, et aspirant à spécialiser prochainement en Défense, Gestion des risques et Cybersécurité, Raphaël possède un intérêt particulier pour la zone Moyen-Orient, renforcé par l'apprentissage de l'arabe et de l'hébreu en parallèle de sa formation.

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