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Vent de révolte dans les Balkans Occidentaux

Publié le 13/02/2025
5 min de lecture
Par Maxime Coulet
Europe

La Bosnie suit le modèle serbe

Quatre mois après les inondations meurtrières en Bosnie, les étudiants descendent dans la rue, à l’image de leurs homologues serbes, dont la contestation ne faiblit pas. Alors que plus de vingt morts ont été recensés dans la nuit du 3 au 4 octobre 2024, ils réclament à leur tour une totale transparence sur la gestion de la carrière qui s’est effondrée à Donja Jablanica, un petit village à l’est de Sarajevo.

Le collectif étudiant exige l’ouverture d’une enquête et l’inculpation des responsables identifiés. Il demande également la réévaluation des permis d’exploitation accordés aux carrières et à toute activité présentant un risque pour l’environnement ou la population. Par ailleurs, il exhorte les autorités à informer le public des mesures adoptées après les inondations ayant causé 29 décès à Donja Jablanica, Konjic et Fojnica, et à garantir une totale transparence quant à l’utilisation des dons destinés aux sinistrés.

Le parallèle avec la révolte des étudiants serbes, qui réclament justice après l’effondrement de l’auvent de la gare de Novi Sad, est évident. Les étudiants bosniens, d’ailleurs, ne manquent pas de saluer le courage de leurs voisins serbes, les qualifiant d’inspirants. Dans les deux pays, la contestation est soutenue par d’autres catégories de la population, notamment les retraités.

Au Monténégro, la colère ne retombe pas

Au Monténégro, un autre drame a ravivé la tension entre les étudiants et le gouvernement. La fusillade du 1ᵉʳ janvier à Cetinje, qui a fait douze morts – la deuxième en moins de trois ans dans la même ville – ainsi que la réaction des autorités ont exacerbé la colère. Comme en Serbie, l’heure du drame et le nombre de victimes sont devenus des symboles du mécontentement.

Les étudiants réclament la destitution de deux ministres du parti Les Démocrates, une demande que le Premier ministre Milojko Spajić a pour l’instant rejetée. Là encore, la jeunesse monténégrine peut compter sur le soutien d’autres catégories de la population, dont certaines personnalités publiques.

On observe ainsi une jeunesse balkanique de plus en plus encline à la révolte face à la corruption des élites. Reste à savoir si ces mobilisations contribueront à un rapprochement entre les peuples des Balkans, après des décennies de divisions issues des conflits en ex-Yougoslavie. En Serbie, la contestation a déjà eu un impact, entraînant notamment la démission du Premier ministre. En Bosnie, en revanche, elle reste cantonnée à la Fédération, tandis que les étudiants de la Republika Srpska continuent de soutenir leurs homologues serbes. Au Monténégro, la révolte est née d’un drame qui alimente également des accusations de corruption.

Pour l’instant, les gouvernements concernés restent sourds aux revendications, sans parvenir à apaiser la contestation. La région pourrait-elle s’embraser, à l’image des printemps arabes de 2011 ? Ce scénario semble encore lointain, aucune mobilisation ne visant explicitement à renverser les gouvernements en place. Néanmoins, ces soulèvements ne peuvent plus être considérés comme marginaux : ils témoignent de la volonté d’une jeunesse engagée de reprendre son avenir en main.

Élections législatives au Kosovo : pas de majorité pour Albin Kurti

Les Balkans Occidentaux : Vers l’Intégration Européenne et au-delà

Les élections législatives au Kosovo ont vu la victoire du parti du Premier ministre, mais avec une majorité relative. Albin Kurti estime pouvoir former un gouvernement malgré un score de 41 % des voix. Il devra néanmoins bâtir une coalition, une perspective immédiatement rejetée par les partis d’opposition arrivés en deuxième et troisième positions : le PDK (Parti démocratique du Kosovo, droite) et le LDK (Ligue démocratique du Kosovo, centre droit).

La question est désormais de savoir comment Albin Kurti parviendra à gouverner, d’autant que moins d’un électeur sur deux s’est rendu aux urnes. L’enjeu économique reste central dans un pays qui demeure l’un des plus pauvres d’Europe, malgré une croissance constante.

Mais le principal défi du futur gouvernement sera de tenter de relancer les négociations avec la Serbie. Depuis son arrivée au pouvoir en 2021, Albin Kurti a considérablement ralenti ce processus, aggravant au contraire les tensions avec Belgrade. Cette posture n’a pas échappé aux États-Unis et à l’Union européenne, qui ont, par l’intermédiaire de l’ONU, condamné ses méthodes.

Pour l’instant, Donald Trump, accaparé par les conflits à Gaza et en Ukraine, se tient à l’écart du dossier. Pourtant, ayant des intérêts dans les Balkans et ayant choisi Richard Grenell – ancien envoyé spécial pour le Kosovo et la Serbie – comme émissaire aux missions spéciales, il pourrait tenter de jouer un rôle de médiateur. La situation est d’autant plus complexe que l’influence russe sur la Serbie reste forte, et que le dossier kosovar stagne depuis des décennies.

Richard Grenell n’a d’ailleurs pas hésité à critiquer violemment Albin Kurti sur X (ex-Twitter) ces derniers jours. La politique de fermeté du Premier ministre kosovar vis-à-vis de la Serbie semble donc loin d’être une réussite, tant sur le plan électoral que diplomatique. D’autant plus qu’Aleksandar Vučić, bien que fragilisé en Serbie, s’est considérablement rapproché de Vladimir Poutine, ce qui pourrait encore compliquer les relations dans la région.

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Maxime Coulet

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