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Discours sur l’État de l’Union européenne : la Commission réaffirme son rôle de premier soutien de l’Ukraine

Publié le 15/09/2025
4 min de lecture
Par Vladimir KRSMANOVIC
Europe

Le 10 septembre, la Présidente de la Commission européenne a prononcé le discours sur l’État de l’Union européenne, comme chaque année depuis 2010. Trois ans et demi après le déclenchement du conflit, Ursula von der Leyen a réaffirmé le soutien de l’Europe à l’Ukraine en annonçant de nouvelles mesures pour l’année à venir. Marquant le quatrième discours depuis le début de la guerre, la Commission européenne confirme sa détermination à soutenir l’Ukraine tout en sanctionnant l’agresseur russe.

Alors que la guerre se poursuit et que les négociations de cessez-le-feu menées avec les États-Unis n’aboutissent pas, Washington a, depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, considérablement réduit son aide financière et militaire. L’Union européenne est désormais le premier soutien de l’Ukraine. Selon les données du Kiel Institute, entre janvier et juin 2025, les États-Unis ont alloué environ 480 millions d’euros à l’Ukraine, tandis que l’Union européenne et ses États membres ont fourni 39,2 milliards d’euros. Depuis 2022, l’UE est devenue le principal contributeur, toutes formes d’aides confondues, avec un total de 167,4 milliards d’euros, contre 114,6 milliards pour les États-Unis. En matière militaire, la part des achats de matériel effectués par l’UE auprès de ses propres industries au profit de Kiev est passée de 11 % en 2022 à 59 % en 2025.

Dans son discours, Ursula von der Leyen a dressé un constat préoccupant quant à l’avenir sécuritaire de l’Europe et du monde, évoquant les conflits en Ukraine et à Gaza. Elle a déclaré : « Les lignes de front d’un nouvel ordre mondial fondé sur la force se dessinent en ce moment même.

Donc, oui, l’Europe doit se battre. » En insistant sur la nécessité pour l’Union de prendre elle-même en charge sa défense et sa sécurité, la Présidente esquisse une nouvelle orientation : l’UE ne doit plus seulement être une puissance économique et énergétique, ni uniquement politique, mais désormais pleinement géopolitique, avec une priorité accordée aux enjeux sécuritaires.

L’objectif de la Commission demeure clair : mettre fin au conflit et garantir la sécurité de l’Ukraine pour dissuader toute nouvelle agression russe. Pour y parvenir, elle entend accentuer la pression sur Moscou, notamment à travers un 19e paquet de sanctions économiques, tout en renforçant l’indépendance énergétique de l’Union.

Afin de financer davantage l’aide à l’Ukraine, Ursula von der Leyen a confirmé le projet d’utiliser les revenus générés par les avoirs russes gelés en Europe. Ces fonds permettraient de financer un prêt de réparation destiné à compenser les dégâts causés par la guerre et d’augmenter les contributions militaires via la Facilité européenne pour la paix (FEP). Actuellement, seuls 5 % de ces recettes exceptionnelles sont alloués à la FEP. Pour rappel, les avoirs russes bloqués en Europe s’élèvent à 234,9 milliards d’euros, composés en grande partie d’actifs de la Banque centrale de Russie. En mai 2024, le Conseil de l’UE, en concertation avec le Parlement européen, avait déjà instauré un cadre juridique permettant l’utilisation des revenus issus de ces capitaux pour soutenir Kiev.

Par ailleurs, von der Leyen a annoncé la création du programme « Avantage militaire qualitatif », un nouveau dispositif d’investissement dans les capacités des forces armées ukrainiennes. Ce programme financera en priorité la production de drones, devenus essentiels dans le conflit pour neutraliser les blindés et l’infanterie russes. Elle a également proposé de mettre en place une « alliance des drones » avec l’Ukraine, reposant sur une production européenne, financée par un apport supplémentaire de 6 milliards d’euros via les prêts Extraordinary Revenue Acceleration (ERA), mécanisme initié par le G7.

Enfin, face à la déportation des enfants ukrainiens vers la Russie, jugée comme un crime de guerre d’après le droit international, l’UE souhaite organiser un « sommet de la coalition internationale pour le retour des enfants ukrainiens ». Cette coalition, lancée par Kiev le 2 février 2024, vise à dénoncer et contrer ces transferts forcés. Plus de 19 000 enfants ukrainiens ont été recensés parmi les victimes. Le sommet doit permettre de renforcer la coordination des efforts internationaux, de mobiliser davantage de ressources financières et d’intensifier les actions diplomatiques et de communication dans les forums internationaux.

À propos de l'auteur

Vladimir KRSMANOVIC

Vladimir KRSMANOVIC

Diplômé d’un Master 2 en Études européennes à l’Université Sorbonne Nouvelle, Vladimir Krsmanovic a acquis une expérience professionnelle variée au sein d’une collectivité territoriale, d’un cabinet d’affaires publiques et de relations presse, ainsi que dans un think tank à Bruxelles en lien avec les institutions européennes. Passionné de géopolitique, il partage ses analyses sur des thématiques telles que le soutien de l’Union européenne à l’Ukraine dans le contexte de la guerre avec la Russie, la politique étrangère du Bélarus et l’activité de l’opposition démocratique bélarusse.

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