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L’énergie, symbole fort de la stratégie russe en Asie centrale

Publié le 13/10/2025
4 min de lecture
Par Augustin d'Artigues
Asie Centrale et sud-Caucase

L’arrivée de Vladimir Poutine le 8 octobre à Douchanbé, a marqué le début de son voyage d’état au Tadjikistan, pour prendre part au second sommet Russie- Asie centrale ainsi qu’à la réunion du Conseil des chefs d’État de la Communauté des États indépendants (CEI). Cette visite attendue, a permis à la Russie de tenter de s’affirmer à nouveau, notamment sur la thématique de l’énergie, dans une région anciennement très proche mais concurrencée aujourd’hui par la présence de nombreux acteurs internationaux. Le Président russe a pu y rencontrer ses homologues centrasiatiques, où ils ont notamment pu échanger “sur l’expansion de la coopération entre la Russie et les pays de la région autour […] des liens énergétiques”, selon la CEI.  

L’Asie centrale, un marché économique à consolider 

Le Président Poutine a tenu à rappeler, lors de son discours, que les échanges économiques avec les Etats centrasiatiques ont représenté plus de 45 milliards de dollars l’année passée. Malgré l’appréciation de Vladimir Poutine qui y a vu “un progrès significatif”, avec une augmentation de 11,3% par rapport à l’année précédente (TCA), les chiffres donnés peuvent néanmoins être nuancés par rapport aux échanges commerciaux entre la Chine et ces mêmes Etats centrasiatiques, qui représentaient en 2024 plus de 66 milliards de dollars (TCA). Vladimir Poutine a rappelé lors de ces rencontres, les défis actuels qu’affrontaient les échanges commerciaux entre ces Etats. En effet, il s’est exprimé sur le cas de la Biélorussie, et a déclaré : “les échanges dépassent les 50 milliards de dollars” pour une population de seulement 10 millions d’habitants, contre environ 40 millions seulement pour l’Ouzbékistan. Néanmoins, la Russie y voit un marché prometteur, où les échanges commerciaux ont déjà augmenté de 4% depuis janvier 2025, et où la “Russie figure comme leader des investissements économiques” avec “plus de 20 milliards de dollars” investis.  

La Russie, actrice essentielle des projets énergétiques centrasiatiques  

Au-delà d’une coopération économique, celle énergétique est restée très présente lors des échanges qui ont eu lieu entre les chefs d’Etat. En effet, ce type de coopération a notamment été évoquée concernant à la fois l’extraction d’hydrocarbures, mais aussi la construction de centrales utilisant les technologies russes (TREND). Lors de ces échanges avec le Président tadjik, le Président Poutine a déclaré : “les entreprises russes sont […] prêtes à s’engager dans la construction de nouvelles centrales hydroélectriques, ainsi que dans des projets axés sur l’exploitation sûre des infrastructures hydrauliques et énergétiques et l’utilisation efficace des fleuves transfrontaliers”.

Par ailleurs, les récents contrats obtenus par des entreprises russes sont allés dans ce sens. En effet, Gazprom et le Kazakhstan (05/09), ont convenu un accord afin d’élargir les livraisons de gaz russes entre 2025 et 2026 au Kazakhstan. En effet, les économies centrasiatiques évoluant rapidement, leurs besoins énergétiques ont eux aussi besoin d’être ajustés en fonction. Le PDG de Gazprom, Alexey Miller, a déclaré lors du forum international de gaz de St Pétersbourg (7-10 octobre), que les approvisionnements de gaz russes en Asie centrale avaient augmenté de 15% sur la période de janvier à août 2025, et que cela continuerait pour les 5 à 6 prochaines années (TASS). Enfin, le mémorandum signé le 8 octobre entre le premier vice-premier ministre kazakh Roman Skylar et Alexey Miller, permettrait la mise en œuvre d’un projet de construction d’un nouveau gazoduc principal de la Russie vers le Kazakhstan. Ce mémorandum a scellé une plus large coopération entre ces deux états, et serait construit entre les 10 et 15 prochaines années (UPS).  

L’énergie : un enjeu central de la diplomatie russe 

L’organisation d’un forum international en Russie sur l’énergie (15-17 octobre), symbolise tous les enjeux que cette thématique soulève. Ce forum regrouperait plus de 85 pays et des milliers de participants. L’édition 2025 a été nommée “Créer ensemble l’énergie du futur”. Ce titre évocateur décrit bien le rôle que souhaite jouer la Russie dans l’élaboration de nouveaux accords stratégiques (TASS), mais aussi dans sa participation aux nombreux projets énergétiques mondiaux à venir. Malgré l’ambition russe de s’attaquer aux problèmes environnementaux liés à la production énergétique, il est important de rappeler que, selon l’IEA, sa fourniture énergétique est produite à 89% par des énergies fossiles.  

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