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La Russie étend sa coopération avec le Maroc, avec la question du Sahara occidental en toile de fond

Publié le 27/10/2025
3 min de lecture
Par Enzo PADOVAN
Russie

Le 16 octobre, le Ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, s’est rendu à Moscou pour une visite diplomatique. Accueilli par son homologue russe, Sergueï Lavrov, cette délégation marocaine présente des pistes intéressantes pour la coopération entre les deux pays.

En effet, historiquement, les relations russo-marocaines ont toujours été positives, les deux pays se considérant comme des partenaires stratégiques ; le Maroc a participé aux deux sommets russo-africains (2019 puis 2023), et dépend des importations d’engrais russes pour sa propre agriculture. D’après le gouvernement russe, dans les six premiers mois de 2025, le commerce entre Moscou et Rabat a augmenté de 30% par rapport à la même période, l’année précédente. Néanmoins, la Russie entretient des rapports très amicaux avec l’Algérie, la rivale du Maroc, et avait adopté une position neutre vis-à-vis du Sahara Occidental.

Dans les précédentes semaines, en revanche, la diplomatie russe a pris parti en faveur du plan d’autonomie du Sahara Occidental ; ce plan prévoit de faire de ce territoire une région autonome du Maroc, sur lequel ce dernier exercerait une réelle souveraineté. Autrefois vu avec méfiance par la Russie, Sergueï Lavrov a pour la première fois annoncé que ce plan pourrait «représenter une solution viable», ouvrant la porte vers une reconnaissance de la souveraineté marocaine sur ce territoire.

Ce repositionnement de la Russie s’explique par une volonté accrue de s’implanter plus durablement en Afrique du Nord, à travers des relais différents que la Libye et l’Algérie, les principaux partenaires russes au Maghreb. Le protocole d’accord signé à la suite des échanges entre Nasser Bourita et Sergueï Lavrov, qui prévoit par exemple une coopération commerciale et énergétique accrue, semble indiquer que le Maroc reconnaît et apprécie le changement de posture russe.

Il y a cependant fort à faire pour convaincre Rabat d’adopter une posture pro-Kremlin. Le Maroc conserve de forts liens avec les Etats-Unis, un de ses plus vieux alliés, qui a proposé à plusieurs reprises de mener des médiations autour de la question du Sahara Occidental. Son rapprochement avec la Russie sert avant tout des intérêts économiques et stratégiques, exposées plus haut. L’éloignement et le manque de moyens russes dans la région, couplés à cette stratégie marocaine d’équilibrage pragmatique, seraient les principaux freins à une pénétration plus avancée du Kremlin au Maroc.

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