Asie centrale
Ecologie

La protection des glaciers, nouvelle priorité pour l’Asie centrale ?

Publié le 03/06/2025
4 min de lecture
Par Héloïse Denis
Asie Centrale et sud-Caucase

La protection des glaciers, une nouvelle priorité pour l’Asie centrale

Ce weekend s’est tenue à Douchanbé la Conférence Internationale pour la préservation des glaciers. Du 29 mai au 1er juin la capitale du Tadjikistan a accueilli cet événement, organisé par le gouvernement tadjik, l’UNESCO et l’Organisation météorologique mondiale. Des représentants de différentes branches des nations unies, des représentants étatiques, ainsi que des représentants d’ONG et de partis civils se sont réunis pour discuter des glaciers et de leur fonte.

À l’échelle mondiale, les glaciers représentent 70% des ressources en eau douce disponibles. Au Tadjikistan, il a 14 000 glaciers. Ces derniers nourrissent l’Amou Daria, fleuve vital pour l’Asie centrale. L’apport des glaciers tadjiks au fleuve correspond à 80% de son débit. Ils sont donc nécessaires à la pérennité du fleuve.

Lors de cette conférence, le Programme des Nations unies pour l’environnement a annoncé qu’au rythme actuel du réchauffement climatique, le Tadjikistan pourrait perdre 50% de ses glaciers d’ici 2050. Une telle perte impacterait le débit de l’Amou Daria et également la situat

ion hydrique des pays de la région. Leur agriculture et économie s’en retrouveraient touchés. En effet, 90% de l’eau prélevée est destinée à l’agriculture. En conséquence, la stabilité alimentaire en Asie centrale serait impactée elle aussi.

La rareté de l’eau dans la région rend donc le sujet de la préservation des glaciers sensible et prioritaire. Le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan sont dépendants de ressources hydriques extérieures à leurs frontières. En 2018, d’après la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique, ils dépendaient, respectivement à 43, 91 et 98% de ressources en eau extraterritoriales. Les États de la zone sont donc interdépendants dans le partage et l’utilisation de l’eau.

Lors d’un panel, les ministres de la protection de l’environnement du Tadjikistan, du Turkménistan, du Kirghizistan, de l’Ouzbékistan et du Kazakhstan ont discuté de la préservation des glaciers et de la coopération régionale au sujet des ressources hydriques. Meder Asanovitch Machiev, ministre kirghize des Ressources naturelles, de l’écologie et de la supervision technologique, a souligné l’importance des glaciers pour l’approvisionnement en eau des millions d’habitants d’Asie centrale, pour l’irrigation et pour la production hydroélectrique. Tout au long du sommet, les représentants des États d’Asie centrale ont montré une volonté de renforcer leur coopération dans le domaine de la gestion de l’eau.

 Une conférence pour ouvrir la porte à la recherche et à d’autres évènements

Cette conférence s’inscrit comme préambule à deux autres sommets internationaux. Tout d’abord, elle vise à faire de la préservation des glaciers un sujet majeur, à mettre en priorité dans l’agenda climatique. Les conclusions de la conférence sur l’importance des glaciers devraient être présentées et discutées à la fin de cette année, lors de la COP 30 au Brésil. Ensuite, l’évènement à Douchanbé visait également à préparer le Sommet régional du Climat que le Kazakhstan devrait accueillir à Astana en 2026. La préservation et l’importance des glaciers pour la région devraient y être rediscutées.

De plus, le sommet réunissait de nombreux chercheurs qui ont présenté leurs travaux et études sur les glaciers. L’un des objectifs de la conférence était d’ailleurs de pouvoir faire progresser la recherche scientifique pour mieux comprendre les glaciers.

Au même moment à Astana, le 29 mai, lors du Forum international d’Astana, la rareté de l’eau dans la région a été rappelé par le directeur de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, Mohamed Manssouri. Intervenant dans un panel dédié à l’eau, il a expliqué que « Les investissements futurs doivent éviter de répéter les erreurs du passé. Ils doivent permettre de réduire la consommation globale d’eau grâce à des gains d’efficacité. Nous avons besoin d’une infrastructure de l’eau plus intelligente. Le message essentiel est que la durabilité, et pas seulement la production, doit être le critère de réussite des investissements dans le domaine de l’eau. ».

La gestion de l’eau est un défi pour l’Asie centrale qui en prend conscience et souhaite trouver des solutions durables et communes.

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