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La modernisation des forces armées centrasiatiques : le cas ouzbek

Publié le 20/08/2025
4 min de lecture
Par Maya Néel
Asie Centrale et sud-Caucase

La modernisation des forces armées centrasiatiques : le cas ouzbek

Une augmentation du budget de la défense

En 2024, selon Global Firepower, l’Ouzbékistan avait un budget de défense d’environ 2,8 milliards USD, devant le Kazakhstan (~2 milliards USD), contre 1,8 milliards USD en 2018.

L’augmentation du budget de la défense est un phénomène commun à tous les pays d’Asie centrale et expose de nouvelles craintes. Tout d’abord, la guerre en Ukraine a révélé la dépendance historique des pays de la zone au fournisseur russe. L’intérêt sécuritaire se fait également ressentir, l’Asie centrale a connu des conflits frontaliers et doit faire face à l’instabilité afghane ou encore la menace terroriste. Enfin, cette augmentation n’est pas seulement tournée vers l’extérieur, mais aussi vers le contrôle politique et de possibles répressions.

Une diversification des partenaires régionaux

L’Ouzbékistan envisage fortement d’acheter des avions de combat chinois, signalant une nouvelle orientation militaire vers Pékin plutôt que Moscou. Le pays diversifie ses sources d’armement, s’éloignant progressivement de sa dépendance historique envers la Russie, jugée défaillante dans le cadre de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC).

Certaines sources proches du ministère de la Défense ouzbek évoquent j-35a-jets-media-reports">différents modèles : le JF-17 Block III, le J-10C, ou même le J-35A de cinquième génération — mais aucun choix n’a été officiellement confirmé.

Les forces aériennes ouzbèkes reposent actuellement sur des appareils soviétiques obsolètes, principalement des Su-27 et MiG-29, qui peinent à rivaliser avec les technologies modernes.

Des précédentes discussions avaient mentionné des alternatives comme les Su-30SM russes ou les Rafale français, mais le virage vers la Chine semble plus pragmatique en termes de coût, de disponibilité et de la réalité géopolitique.

En parallèle, l’Ouzbékistan a déjà commencé à intégrer des systèmes de défense sol-air chinois, notamment les HQ-9B, FM-90, et KS-1C, renforçant ce « pivot stratégique ».

Un plan de réforme pour plus d’indépendance

L’Ouzbékistan entend affirmer son rang de principale puissance militaire en Asie centrale. Le 21 février 2025, le président Chavkat Mirziyoyev a présenté, devant le Conseil de sécurité nationale, un vaste plan de réforme des forces armées. Celui-ci mise notamment sur l’intégration de l’intelligence artificielle, de systèmes robotiques et de drones afin de renforcer les capacités de défense.

Le programme prévoit la création d’unités spécialisées dotées de technologies avancées, ainsi que la mise en place d’un système automatisé de commandement et de contrôle (C2) destiné à améliorer la rapidité de réaction, la coordination et la prise de décision face aux menaces.

Parallèlement, le pays souhaite développer son industrie de défense en augmentant la production nationale d’équipements militaires, afin de réduire sa dépendance vis-à-vis de l’étranger, en particulier dans les domaines des drones et des véhicules blindés. Le comité national « Goskomoboronprom » a déjà permis de lancer la production de blindés légers tels que le Tarlon et le Qalqon.

Enfin, la réforme accorde une place centrale à la modernisation de la formation militaire, à travers de nouveaux programmes éducatifs et la requalification du personnel.

L’Ouzbékistan se place en leader de l’Asie centrale sur le plan militaire, devant le Kazakhstan. Le pays adopte une politique de diversification stratégique tout en maintenant des relations équilibrées avec la Russie. Selon la doctrine officielle, le pays conserve aussi une posture strictement défensive et pacifique. L’Ouzbékistan maintient également une position de neutralité en choisissant de ne pas adhérer à une organisation militaire.

À propos de l'auteur

Maya Néel

Maya Néel

Maya est diplômée d'un Master en Géopolitique-Geoint et en Géographie à Sorbonne Université. Forte de plusieurs expériences de recherche et de terrain, elle nourrit un grand intérêt pour les pays de l'ancienne aire d'influence soviétique, notamment l'Asie centrale et le Caucase.

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