Diplomatie
Golfe

États-Unis–Pays du Golfe : la tournée diplomatique de Donald Trump dans le Golfe.

Publié le 04/06/2025
4 min de lecture
Par Brahim Rhoulam
Asie de l'ouest et Monde arabe

La tournée moyen-orientale de Donald Trump inaugure la première tournée officielle à l’étranger du président américain depuis le début de son second mandat. Du 13 au 16 mai, le président Donald Trump s’est rendu successivement en Arabie saoudite, au Qatar, avant de conclure sa tournée diplomatique par les Émirats arabes unis. Si les questions sécuritaires étaient nécessairement au menu des négociations de cette tournée régionale, c’est davantage le renforcement du partenariat stratégique avec les monarchies du Golfe sur lequel s’est appuyé le président américain. Fidèle à sa diplomatie transactionnelle, Donald Trump a

annoncé des contrats d’un montant record.  

Un paysage régional en pleine mutation  

Cette tournée diplomatique s’inscrit dans un contexte sécuritaire troublé au Moyen-Orient. Conflit israélo-palestinien, lutte contre les Houthis au Yémen, négociations sur le nucléaire iranien et transition politique en Syrie : si la conflictualité dans cette région n’est pas inhabituelle, le moment présent est caractérisé par une simultanéité des crises qui redéfinissent l’ordre régional. Un élément important de cette visite moyen-orientale est l’absence du traditionnel passage en Israël. En effet, cette tournée intervient dans un contexte de détérioration des relations entre l’administration Trump et le gouvernement de Benjamin Netanyahu. Les États-Unis semblent avoir relégué au second plan les intérêts de l’État hébreu dans leur politique au Proche et Moyen-Orient. Ces divergences sont apparues dans la gestion du conflit avec les Houthis, dans le cadre des négociations sur le nucléaire iranien et sur l’approche positive adoptée à l’égard des nouvelles autorités syriennes. Dans tous ces dossiers, les États-Unis ont pris à rebours les intérêts israéliens.  

Accusation de conflits d’intérêts 

Des critiques ont été émises sur les ambitions personnelles de Donald Trump concernant cette visite. En effet, le président américain a été accusé d’avoir confondu les intérêts de la politique étrangère américaine avec les intérêts de sa famille et de ses alliés. Un potentiel conflit d’intérêts entre Donald Trump et le Qatar a été dénoncé à la suite de l’annonce par le président américain de l’acquisition à titre gracieux d’un Boeing 747-8 Jumbo offert par la famille royale du Qatar, avion présidentiel, censé remplacer Air Force One, dont Donald Trump souhaiterait conserver la possession après son mandat. Des critiques ont également visé l’entourage du président, en particulier Elon Musk, présent lors de la visite et qui a annoncé des contrats records pour ses entreprises. Neuralink, firme opérant en neurotechnologie et développant des implants cérébraux, a passé des accords avec le ministère émirien de la Santé pour mener des essais cliniques à Abou Dhabi. De même, SpaceX s’est associée avec Emirates Airlines pour proposer une connexion internet satellitaire pour les vols opérés par la compagnie aérienne. Le milliardaire américain a également participé aux réunions gouvernementales entre les délégations américaines et saoudiennes.  

Le bilan de la tournée 

Cette tournée présidentielle a été imaginée par l’équipe présidentielle américaine comme marquant la fin du néoconservatisme américain, au profit d’un retour à une politique étrangère réaliste dans la région. À cette occasion, le président Donald Trump a ardemment dénoncé, lors d’un discours tenu devant MBS et sa cour, les « soi-disant “bâtisseurs de nations”, les « néocons” ou les « organisations libérales à but non lucratif”, comme ceux qui ont dépensé des milliers de milliards pour ne pas développer Kaboul, Bagdad et tant d’autres villes ». L’une des ambitions toujours recherchées par le président américain est de paraître aux yeux de la communauté internationale comme un chef d’État « faiseur de paix ». C’est dans ce contexte qu’il a accepté de rencontrer le nouvel homme fort de la Syrie, Ahmed al-Charaa. Cette rencontre s’est concrétisée par une poignée de main symbolique entre les deux hommes et Donald Trump a annoncé la levée des sanctions économiques qui pesaient sur la Syrie depuis 2011.  

En somme, l’approche transactionnelle de la diplomatie trumpienne a fait primer l’économie et le commerce sur tout autre considération. À la suite de cette tournée diplomatique, la Maison-Blanche a annoncé avoir conclu pour près de 2 000 milliards de dollars d’investissements aux États-Unis venus des monarchies du Golfe.  

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