Donald Trump bouleverse les relations transatlantiques

Depuis le début du second mandat de Donald Trump, les relations transatlantiques sont en tension sur de nombreux dossiers : Ukraine, droits de douanes, respect du droit international, régulation du numérique.
Situation en Ukraine
De l’aide américaine contre le contrôle d’une partie des métaux rares en Ukraine ? Proposé par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en contrepartie d’une aide américaine, en février, Donald Trump semblait apprécier cette idée. Le président ukrainien tenta le maximum pour convaincre Trump à maintenir l’aide militaire. Les dirigeants européens avaient eu des mots durs face à ce possible « deal ». Non pas contre Volodymyr Zelensky mais contre le président américain. En fin de règne, le chancelier allemand Olaf Scholz déclarait : « il serait très égoïste et égocentrique d’utiliser l’argent reçu aujourd’hui pour financer le soutien à la défense ».
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Le discours d’Emmanuel Macron du 5 mars a eu un fort écho en Europe et aux États-Unis. Il déclarait que le « débat sur la protection des alliés du continent européen » par la dissuasion nucléaire française doit voir lieu, face au possible retrait du parapluie nucléaire américain.
« Le moment est crucial. Financièrement et militairement, l’Europe a contribué plus que n’importe qui d’autre. Et nous allons intensifier nos efforts. » a déclaré Ursula von der Leyen, devant des journalistes. Une série de réunion d’urgence s’est déroulée pour maintenir la défense de l’Ukraine, de l’Europe, dans le but de continuer à peser dans le conflit et de constituer une possible « défense européenne », notamment en France.
Changement de cap en Allemagne
Dans la lignée de la distance que prend les États-Unis par rapport à ses « alliés » de l’Union Européenne, la conférence de Munich sur la sécurité fut un électrochoc. Cet événement rassemblant des pays du monde entier existe depuis 1963. Cette année, elle s’est déroulée du 14 au 16 février et le but est d’évoquer la paix et les garanties de sécurité à travers le monde. Le vice-président américain JD Vance était présent et a prononcé un discours agressif contre les pays européens et l’Union Européenne : « En Grande-Bretagne et à travers l’Europe, la liberté d’expression, je le crains, est en retrait ».
« La liberté d’expression est garantie en Europe (…) Personne n’est obligé d’adopter notre modèle, mais personne ne peut nous imposer le sein », a répondu le Ministre français de l’Europe et Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.
Dans la lignée de ce discours, en Allemagne, le 23 février, les élections législatives anticipées ont porté le parti CDU en tête, de Friedrich Mertz. Le soir des élections il appelait à prendre les distances avec les États-Unis : « je n’aurais jamais cru dire cela à la télévision » et prônait une Europe « indépendante des Etats-Unis » alors que son pays est fondamentalement attaché à l’Amérique. Depuis la création de l’OTAN, la RFA puis l’Allemagne entière vit sous la protection américaine, militaire et nucléaire. Malgré tout, le nouveau chancelier allemand, déterminé, souhaite reconstruire les moyens de défense, « Quoi qu’il en coûte ».
Droits de douane
Régulièrement évoqué par le Président américain, des droits de douane contre des produits venant de l’Union Européenne sont brandis comme une menace. Par diverses déclarations, il a tenu une ligne constante et agressive contre l’Union Européenne « créée pour em****** (…) l’UE a été conçue pour entuber les Etats-Unis. C’était l’objectif et ils y sont parvenus ».
La Commission européenne voulait appliquer des droits de douane « forts mais proportionnés » sur des produits américains à partir du 1er avril face à des droits de douanes américains, que l’UE « regrette profondément » selon Von der Leyen qui persistait : « Les droits de douanes sont des taxes. Elles sont mauvaises pour les affaires et encore pire pour les consommateurs…des emplois sont en jeu. Les prix vont augmenter. En Europe et aux États-Unis. » Le mercredi 9 avril, l’UE annonçait des hausses de droits de douane, sur des produits américains, tels que les motos, la volaille, le soja ou encore les équipements électriques.
Trump a également annoncé une salve d’augmentation des droits de douanes début avril, pour de nombreux pays, dont 20 % pour ceux de l’UE. Il a rapidement mis en stand-by l’ensemble des hausses des droits de douane, sauf contre la Chine, pour 90 jours. Tout de même, 10 % restent imposés, notamment aux pays de l’Union Européenne. L’UE a décidé de suspendre, jusqu’au 14 juillet, les contre-mesures contre les droits de douane américains pour laisser place aux négociations.
Groenland
En plus du Canada et du Canal du Panama, Donald Trump souhaite intégrer le Groënland au sein des Etats-Unis d’Amérique. Territoire autonome, appartenant au Danemark, pays qui fait parti de l’Union Européenne, la réponse européenne est timorée face aux provocations de l’administration Trump. Le 24 janvier, un appel qualifié d’« horrible »par Mette Frederiksen, première ministre danoise, à l’administration Trump, ce qui a stupéfait et augmenté l’inquiétude du Danemark. L’administration Trump persistait dans cette volonté impériale et unilatérale. La France n’excluait pas une présence militaire française et européenne au Groenland pour dissuader l’Amérique. Alors que le couple Vance s’est déplacé au Groënland fin mars, la première ministre danoise évoquait une « pression exercée sur le Groenland et le Danemark dans cette situation est inacceptable. Et c’est une pression à laquelle nous allons résister ».
Tensions sur le numérique
La nouvelle administration américaine a menacé l’UE face à de possibles sanctions et régulations des plateformes du numérique américaine. Malgré cela, la Commission européenne a confirmé que « l’UE réagira de manière rapide et décisive pour défendre ses droits et son autonomie réglementaire contre des mesures injustifiées ». Des sanctions contre Apple et Meta devaient être publiées par l’UE fin mars, mais la publication est retardée. X devrait subir de lourdes sanctions, plus d’un milliard de dollars, de la part de la Commission européenne à cause de manquement sur la lutte contre les contenus illégaux et la désinformation.
À propos de l'auteur
Thibaut Eudier
Je suis diplômé de plusieurs Masters (administration publique, communication, relations internationales) et j'ai plusieurs expériences professionnelles (en relations presse, chez Keolis et France Médias Monde). J'ai également effectué de nombreux travaux universitaires : ingérences étrangères, stratégies de communication en Occident, relations diplomatiques entre l'Union Européenne et les Etats-Unis sous l'ère de G.W.Bush,...