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Russie

Diplomatie russe en Afrique et en Asie – Point de situation au 28/02/25

Publié le 01/03/2025
4 min de lecture
Par Enzo PADOVAN
Russie

Le 18 février, l’Arabie Saoudite a accueilli une rencontre entre Sergueï Lavrov et Marco Rubio, respectivement chefs de la diplomatie russe et américaine, qui ont principalement échangé sur la résolution du conflit en Ukraine. Sergueï Lavrov s’est dit satisfait de cette rencontre, qu’il a décrit comme «fructueuse». Les deux parties comptent également reprendre leur relation bilatérale (de par la nomination de nouveaux ambassadeurs), et ont exprimé une réelle gratitude envers Riyad pour avoir accueilli leurs délégations.

Alors que les négociations autour du conflit ukrainien semblent gagner de plus en plus de poids, plusieurs pays en marge de la crise (dont l’Arabie Saoudite) espèrent pouvoir jouer un rôle dans les accords de paix. Un article de CNN sur la question rappelle que le prince Mohammed ben Salmane, Premier Ministre et héritier du trône saoudien, mène une politique internationale équilibrée entre la Russie et les Etats-Unis ; le Président Donald Trump compte justement parmi ses proches. En organisant cette rencontre, la couronne saoudienne cherche à prouver qu’elle peut jouer un rôle de médiateur international, et s’imposer comme une figure de proue du monde multipolaire.

D’autres pays aimeraient également jouer ce rôle de médiateur, et en récupérer les bénéfices. Le Ministère des Affaires étrangères chinois, Wang Yi, a rencontré Sergueï Lavrov le 20 février, en marge des négociations du G20. Si les échanges ont principalement porté sur les relations russo-chinoises, notamment au sein d’organisati

ons telles que les BRICS, la Chine s’est dit prête à participer aux négociations de paix entre la Russie et l’Ukraine.

D’après le journal Reuters, Beijing a tout intérêt à prendre part à ces négociations. En effet, si le Président Donald Trump adoucit sa politique internationale à l’égard de la Russie, il reste particulièrement hostile à la Chine. Cette dernière aimerait faire valoir ses intérêts à la table des négociations, afin que l’attention des Etats-Unis ne se reportent pas sur elle à l’issue du conflit ukrainien. De plus, Beijing se considère comme la représentante des pays du Sud Global, au sein des instances onusiennes. Obtenir une place à la table des négociations entre Washington et Moscou solidifierait cette posture, tout en favorisant son prestige à l’international. En définitive, l’importance stratégique des négociations autour de l’Ukraine pousse de très nombreux pays, en marge du conflit, à tenter de prendre part aux échanges par intérêt personnel.

Enfin, le 21 février, Sergueï Lavrov a donné une conférence de presse à l’issue de la rencontre du G20. Dans ses réponses, le Ministre russe a salué l’importance grandissante des BRICS dans les relations internationales (l’Afrique du Sud accueille les échanges du G20), et du processus de multipolarisation en cours dans le monde. En accusant les européens de vouloir «ukrainiser» l’agenda du G20, tout en félicitant Donald Trump pour sa politique étrangère pragmatique, Sergueï Lavrov espère dépolitiser cette plateforme de discussion entre grandes puissances.

Mais cet argument autour de la politisation des plateformes telles que le G20 pourrait également s’appliquer à la Russie. Cette dernière cherche surtout à valoriser ses intérêts, et à la limiter le poids politique de ses adversaires au sein des instances de gouvernance mondiale. Ce phénomène s’illustre bien par la rencontre, en marge du sommet, entre la Russie et l’Algérie. Le magazine Nigeria News House rapportait, le 21 février, que Sergueï Lavrov et son homologue algérien avaient échangé ensemble. Les deux ministres se sont accordés sur l’importance du droit à la souveraineté et à la non-ingérence de chaque pays, tout en échangeant sur les questions sécuritaires au Sahel.

La Russie souhaite, avant tout, affaiblir les puissances occidentales à l’échelle mondiale, s’alliant avec des pays du Sud Global afin d’exiger un ordre mondial plus équilibré, capable de prendre en compte les particularités de chacun. Si cet argument peut se défendre, il sert néanmoins un objectif plus précis pour le Kremlin : celui de monter en puissance, de par ses alliances, sur la scène internationale, et remplacer peu à peu l’hégémonie occidentale par un ordre mondial bâti sur ses propres intérêts.

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