Coopération régionale de défense renforcée en Asie centrale

Coopération sécuritaire avec la Chine
Les intérêts sécuritaires de la Chine en Asie centrale sont dominés par la situation géographique. Lancée en 2022, la « Global Security Initiative » (GSI) vise à promouvoir une architecture de sécurité alternative à celle proposée par l’Occident, en mettant l’accent sur la souveraineté, la non-ingérence et la coopération régionale. La Chine utilise la GSI pour étendre son empreinte sécuritaire en Asie centrale. Si les pays d’Asie centrale sont sensibles à l’instabilité sociale, ils sont surtout situés près de la région autonome ouïghoure du Xinjiang. Maintenir une certaine stabilité régionale en Asie centrale est stratégique : d’une part la Chine partage 2800 km de frontières communes avec les pays de la zone et d’autre part cela assurerait le bon fonctionnement économique de son projet « Belt Road Intiative » (Projet des routes de la soie chinoise). La Chine se place également en premier pays exportateur d’armes en Asie centrale.
Tensions régionales et implications pour l’Asie centrale
serif; font-size: 12pt;">L’Inde, membre de l’OCS depuis 2017, privilégie une approche bilatérale dans ses relations sécuritaires avec l’Asie centrale. La montée en tension entre l’Inde et le Pakistan début mai 2025 pouvait faire craindre une escalade régionale pour les pays de la zone. Suite à ces évènements, New Delhi explore la possibilité d’établir une présence opérationnelle plus intensive dans la région. Elle entretient des liens militaires étroits avec le Tadjikistan, où elle dispose d’une base aérienne. La base d’Ayni représente un levier stratégique pour l’Inde, obligeant le Pakistan à reconsidérer sa posture défensive et élargissant le théâtre potentiel des opérations au-delà de la ligne de contrôle traditionnelle. L’Inde intensifie aussi sa coopération militaire avec les États d’Asie centrale, participant depuis plusieurs années à des exercices conjoints tels que Kazind (Kazakhstan), Khanjar (Kirghizstan) et Dustlik (Ouzbékistan). Cependant, son influence est limitée par des contraintes géographiques et une capacité d’investissement moindre comparée à celle de la Chine.
Le 24 avril 2025, le président du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev a rencontré le chef d’État-major des armées pakistanaise, le général Asim Muir. Les deux parties ont abordé des sujets clés en matière de coopération de défense (militaire et technique, l’entraînement au combat et des forces spéciales). Le général Munir a également rencontré le ministre de la Défense kazakh, qui a souligné l’expérience du Pakistan dans divers domaines militaires et l’intérêt du Kazakhstan pour l’échange de connaissances et d’expériences. Il s’agit d’une des premières rencontres militaires de haut niveau pour les deux pays.
La Russie consolide ses coopérations de défense en Asie centrale
Début 2025, la Russie a signé un accord de défense avec l’Ouzbékistan pour 2026-2030. Le ministre de la défense russe a souligné les principaux points abordés comme la coopération technique entre les deux armées et la situation régionale.
Du 7 au 11 avril 2025, les forces armées russes et tadjikes ont mené des manœuvres conjointes sur le site d’entraînement de Kharb-Maidon, situé dans la région montagneuse de Khatlon au sud du Tadjikistan. Ces exercices, présentés officiellement comme antiterroristes, font partie d’un vaste programme lancé en 2025 par l’OTSC pour le renforcement de la frontière tadjiko-afghane. Ces manœuvres ont également une portée symbolique, elles rappellent la présence stratégique de Moscou en Asie centrale et illustrent la forte dépendance du Tadjikistan envers son partenaire.
Le Kazakhstan continue de renforcer ses capacités de défense
En avril 2025, le Parlement kazakh a adopté en seconde lecture le projet de loi « Sur la défense territoriale », visant à protéger l’intégrité territoriale, renforcer la capacité de défense et assurer la sécurité civile en cas de mobilisation, de loi martiale ou de guerre.
Le président Kassym-Jomart Tokaïev a souligné, lors défilé militaire du 9 mai, que le renforcement des capacités de défense est une priorité nationale. Il a décrit l’armée comme un « pilier de l’indépendance du pays », affirmant que les soldats kazakhs « défendent fermement l’intégrité territoriale, l’ordre public et la vie paisible des citoyens ».
Bien que membre de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) dirigée par Moscou, le Kazakhstan a adopté une position équilibrée, soutenant l’intégrité territoriale de l’Ukraine tout en évitant de condamner ouvertement l’invasion russe. Le président Kassym-Jomart Tokaïev a souligné l’importance de la sécurité nationale face à l’escalade du conflit ukrainien.
Le Kazakhstan se positionne comme principale puissance militaire en Asie centrale. Le pays dispose de plus de 40 entreprises qui constituent son industrie de défense produisant notamment des véhicules blindés, des navires, des aéronefs, des systèmes de conduite de tir ou encore des munitions.
À propos de l'auteur
Maya Néel
Maya est diplômée d'un Master en Géopolitique-Geoint et en Géographie à Sorbonne Université. Forte de plusieurs expériences de recherche et de terrain, elle nourrit un grand intérêt pour les pays de l'ancienne aire d'influence soviétique, notamment l'Asie centrale et le Caucase.