Conflits territoriaux en Asie centrale – Point de situation au 28/03/2025
Accord signé entre le Tadjikistan et le Kirghizistan sur la définition de leur frontière commune
La signature de l’accord
Le 13 Mars, à l’occasion d’une visite officielle, le président du Tadjikistan Emomali Rahmon et le président du Kirghizistan Sadyr Japarov, ont signé l’accord sur la délimitation de leur frontière commune. Après de longues négociations depuis décembre 2002 et d’innombrables épisodes conflictuels depuis l’indépendance des républiques centrasiatiques, cet accord scelle la résolution du dernier grand conflit territorial dans la région. Cela permettra une meilleure coopération régionale, notamment autour de la question de l’accès à l’eau et du projet de visa unique pour les cinq républiques d’Asie centrale. Trois textes vont être soumis aux parlements nationaux des deux pays afin de ratifier l’accord. Les présidents des deux parties signeront ensuite l’accord final, prévu pour le 31 mars.
Le chef du comité d’Etat de Sécurité Nationale du Kirghizistan Kamchybek Tashiev a déclaré être« prêt à démissionner », maintenant que la question frontalière est réglée. En effet, il avait déclaré à sa prise de poste faire de la résolution de ce conflit son objectif principal.
La question des vill
De nombreux villages sont au cœur du conflit transfrontalier, et donc de sa résolution. Une grande partie d’entre eux ont été échangés durant la négociation sur la délimitation de la frontière. C’est le cas des villages de Dostuk et Tash-Tumshuk par exemple. Les villages transférés au territoire tadjik se trouvent principalement dans la région de Batken. Le Kirghizistan a accueilli un total de 141,73 hectares tandis que 141,90 hectares ont été donnés au Tadjikistan en compensation. Le lot de Mazeyit et le village de Kok-Terek ont été échangés car ils se trouvaient au milieu de zones à majorité tadjik.
Peu de population sera déplacée en raison de la petite taille de ces villages. De plus, certains étaient inhabités.
Résoudre l’accès à l’eau, question majeure du conflit frontalier
L’accès aux ressources hydrauliques est une des raisons majeures du conflit frontalier entre les deux pays. En effet de nombreux affrontements ont eu lieu auprès de centrales hydrauliques. De plus, la très forte économie agricole des deux républiques exacerbent les besoins en eau. Une coopération régionale est en place sur ce sujet. Elle était complexifiée par ces disputes territoriales. La signature d’un accord est un facteur positif de la mise en commun des ressources vitales comme l’eau.
Par exemple, le village de Dostuk a été échangé car il dépendait de l’eau située en territoire tadjik. Si le Kirghizistan avait gardé ce village, des barbelés auraient été installés à cet endroit, ce qui aurait complexifié l’accès à l’eau. Le Kirghizistan a reçu en échange 55 hectares dans la zone Lakkon.
Un texte de loi soumis aux parlements tadjik et kirghize concerne l’accès à l’eau et les infrastructures énergétiques a été ratifié le 19 Mars. Cela permet d’assurer l’accès à cette ressource. Le canal Ak-Tatyr/Machoi sera administré conjointement par les deux pays.
La quantité d’eau du Golovnoy, qui a été une source majeure du conflit, a été partagée équitablement entre le Kirghizistan et le Tadjikistan. Le Tadjikistan utilise moins de 50% de l’eau, l’Ouzbékistan environ 20% et le Kirghizistan environ 30%. Le Tadjikistan utilise plus d’eau car sa population dans la région du Sughd est plus importante que celle de ses voisins. Le Kirghizistan a reçu 500 hectares en échange du partage de l’eau de Golovnoy. Les deux pays font gérer cette ressource et sa distribution. Le Kirghizistan a proposé d’installer des compteurs électriques.
À propos de l'auteur
Clotilde Beaucousin Ankilbeau
Biographie non renseignée